La comédienne Suzy Bemba campe une danseuse faisant son entrée à l’Opéra de Paris. Un lieu réservé à l’élite française où elle est la seule jeune fille noire. Une série en huit épisodes qui rend hommage à la beauté et à la création. À voir sur Proximus Pickx et OCS.

Même dans ses rêves les plus fous, Suzy Bemba n’aurait jamais imaginé pareil dénouement. Lorsqu’à 16 ans elle se blesse au genou, trois jours avant le spectacle pour lequel elle a tant travaillé, elle sait que la danse ne fera sans doute plus jamais partie de sa vie. Au bout de huit ans de cours, dans sa petite école de danse de l’Allier, Suzy remise ses chaussons et se tourne vers son autre passion : le métier de comédienne.
Pour rassurer ses parents, elle « passe son bac d’abord » et s’engage même dans des études de médecine. Mais, lorsque l’annonce de casting et le scénario de la série L’Opéra*** tombent entre ses mains, elle sait que ce rôle de jeune danseuse noire est pour elle. Malgré le double défi – jouer et danser comme une pro -, l’actrice se lance dans la mêlée.

Premier défi : retrouver ses réflexes de danseuse

« J’étais troublée parce que je n’avais jamais vu un personnage comme celui-là à la télévision et qu’il était très proche de moi… C’est un peu une revanche de revenir sur un projet où je danse et où Astrid Boitel, ancienne de l’Opéra de Paris, coach et coordinatrice de la danse sur la série, était là pour moi et a répondu à mes besoins, en me montrant et en m’expliquant ce que je ne savais pas faire. C’était jouissif de recommencer à danser », reconnaît Suzy Bemba. Surtout lorsqu’on se met au service de l’imaginaire de deux chorégraphes de renom tels que Marc-Emmanuel Zanoli pour la partie classique – ancien de l’école de danse de l’Opéra de Paris, il travaille aujourd’hui à Bordeaux – et Julien Ramade pour le contemporain.

Pourtant, la désillusion a aussi été au rendez-vous. « Quand je suis arrivée sur le tournage, je me suis rendu compte que je n’avais pas réellement dansé », confie-t-elle en insistant sur ce dernier mot. « J’étais passionnée, j’ai fait des spectacles, je me tenais à peu près droite, j’étais souple et j’avais un en-dehors, mais je n’étais pas athlète. »

Après deux mois de répétitions intensives, tous les jours, en cours individuels et collectifs, Suzy Bemba est bien consciente que le niveau à l’Opéra est totalement différent de celui qu’elle avait auparavant. « Ça a été très intense de danser tous les jours. Cela demandait une rigueur que j’avais perdue. En quatre ans, mon corps avait perdu tous ses réflexes. Cela demande énormément d’énergie de côtoyer des danseurs tous les jours. Je me suis immergée corps et âme dans la danse pour représenter un personnage qui puisse coller au maximum à la réalité. » À défaut d’avoir le même équilibre, les mêmes pointes, la même endurance et la même souplesse, elle vise l’essentiel : « avoir un port de bras, un port de tête et une attitude de danseuse ».

Être à la hauteur d’un personnage hors du commun

Bien sûr, la danse n’était pas le seul défi à relever pour la comédienne. « J’avais envie de représenter Flora, dans son histoire, dans l’interprétation, mais aussi dans son statut. Flora arrive en tant que surnuméraire, mais on comprend très vite qu’elle est surdouée, c’est une prodige de la danse et elle mériterait plus. Je n’avais pas envie d’être ridicule ou de ne pas être crédible. Je voulais absolument ce rôle, car il y a un challenge énorme de représentation. C’est un personnage noir dans une institution française inaccessible, qu’on n’a jamais vue de l’intérieur comme cela sur grand écran. En plus, Flora est douée, donc je voulais lui rendre hommage et lui donner tout mon potentiel. » Son leitmotiv : « être à la hauteur de l’enjeu ».

La mission est tellement réussie que la chaîne OCS, convaincue par les scénarios et par les premières images du tournage, a donné son feu vert pour le lancement de la saison 2 avant même que la saison 1 soit entièrement tournée. Une grande fierté pour toute l’équipe et une joie particulière pour Suzy Bemba, qui envisageait ce rôle avec beaucoup d’attention.

Confirmer, en saison 2, les espoirs de la chaîne

« Ça me touchait énormément de me dire que j’allais montrer Flora au monde et à des jeunes filles noires qui pourront se projeter potentiellement et se dire qu’elles aussi peuvent atterrir dans ce genre d’institutions ou de grandes maisons françaises, que ce soit pour la danse, le théâtre ou la musique. »

Bien plus que de combattre les préjugés, son souhait est de dédramatiser le sujet. « Je voudrais que ce soit évident qu’une jeune femme noire ou asiatique soit représentée à la télévision comme les jeunes filles blanches le sont, qu’il y ait de la mixité. Que Flora soit vue par d’autres jeunes filles, qu’on ne soit plus dans la lutte, que ce soit quelque chose de simple dans la tête de toutes les téléspectatrices noires ou asiatiques qui verront la série. »

Suzy Bemba a déjà enregistré une première victoire, en reprenant le tournage de la saison 2 : celui de voir que tous ses efforts n’avaient pas été vains. « Je me suis rendu compte que j’avais progressé. Même si mon but n’est pas de devenir danseuse, c’est quand même jouissif de voir qu’on évolue quand on s’entraîne tous les jours. En plus, je danse beaucoup plus dans la saison 2 que dans la 1. C’est très gratifiant. » Une plus grande présence sur scène qui devrait susciter plus de vocations encore. Et rencontrer les espoirs de l’Opéra de Paris, qui souhaitait que la série « donne envie d’aller voir des ballets ». Promesse tenue.

Ces tournages rapprochés permettent à OCS de réduire sérieusement le délai d’attente pour les fans, une bonne nouvelle pour les Belges aussi puisque les 8 premiers épisodes sont disponibles sur Proximus Pickx. Et les premières notes de la saison 2 seront révélées dans quinze jours lors du Festival Séries Mania.

Entretien: Karin Tshidimba

nb: La bande-annonce était déjà disponible dans la précédente note de présentation de la série.