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A la faveur d’un changement de service – de la médecine interne vers les urgences – la saison 2 d’Hippocrate*** éclaire les manques criants de notre système hospitalier: personnel sous tension, services désorganisés, patients en souffrance. Dès les premières minutes, la série de Thomas Lilti nous plonge au sein de la catastrophe qui s’annonce… A voir dès ce samedi à 20h30 sur Be Séries et sur Be à la demande.

Cette saison 2 d’ Hippocrate est celle des doutes, en raison d’une situation hospitalière encore dégradée. Manque de sommeil, difficultés de diagnostic, services débordés : chacun s’interroge sur ses réflexes et ses compétences, particulièrement Chloé (Louise Bourgoin) dont la main gauche ne répond plus. Hugo (Zacharie Chasseriaud) souffre du caractère parfois « in-humain » de la médecine d’urgence, notamment en raison de la non-prise en charge des nombreuses formes de détresse psychologique constatées chez certains patients. Tandis qu’Alyson (Alice Belaïdi) découvre un univers sous adrénaline qui secoue ses convictions et réveille ses ambitions… Chacun est éprouvé dans ses connaissances médicales mais surtout dans le lien humain qu’il parvient à établir, ou non, avec ses patients. Car cette saison, dense et survoltée, n’offre aucune échappatoire vers le monde extérieur.

Bouli Lanners (Philippe Brun), Anne Consigny (Muriel Wagner), Louise Bourgoin (Chloé Antovska)

Au-delà des prestations d’acteurs, tous excellents, la grande force de cette série française, et de cette saison en particulier, est sa justesse et sa pertinence car même si elle n’aborde pas la pandémie frontalement avant la fin de son parcours au fil de huit épisodes, tout y fait écho : l’hôpital littéralement sous eau, les internes dépassés et au bord du burn-out, l’afflux incessant de patients, les risques d’erreurs médicales que cela entraîne, la souffrance pour les patients comme pour les soignants que cela génère.

Son créateur et réalisateur, Thomas Lilti, lui-même médecin, sait de quoi il parle, il sait aussi comment diriger ses comédiens : sa réalisation est fluide, organique. Cette impression de ballet finement orchestré, au cœur du chaos, est tout bonnement bluffante. Thomas Lilti et ses coscénaristes, Anaïs Carpita et Claude Le Pape, réussissent parfaitement à maintenir l’équilibre entre tension, réflexion et sondage en profondeur, récits humains et fresque sociale.

Au sein de ce casting de feu vient s’ancrer un nouveau personnage : le Dr Brun porté par un Bouli Lanners épatant, en chef de service à la fois solide et bourru, à l’autorité aussi insidieuse qu’indiscutable. Une sorte de roc auquel se rattacher en cas d’incidents mais qui, de prime abord, n’offre que peu de prise pour les sentiments. Avec cette série profondément humaine, Canal+ tient une perle qui n’a pas fini pas de briller.

Karin Tshidimba