Joli succès de la VRT, Undercover*** a été vendue en France, en Autriche, en Allemagne et en Suisse et sera bientôt diffusée à l’international par Netflix. Nico Moolenaar, son scénariste principal et showrunner, démêle le vrai du faux au sujet de cette série ancrée dans la Campine qui vient de débuter sur La Deux RTBF.

« Beaucoup de séries présentent des flics avec un don ou une touche particulière (autisme, trauma), etc. Ici, ce sont deux personnes ordinaires (campés par les acteurs Anna Drijver et Tom Waes, NdlR) qui vivent une vie hors du commun parce qu’ils sont infiltrés et doivent surveiller tout ce qu’ils disent ou ce qu’ils font. C’est un job extrêmement dangereux : vous vivez avec des gens qui peuvent vous descendre à tout moment et qui sont très suspicieux. Vous devez rendre des comptes à des personnes qui vous soupçonnent de pencher du mauvais côté et vous ne pouvez rien dire à vos proches… C’est très compliqué », souligne le créateur Nico Moolenaar également à l’origine de la série Vermist.

Le Limbourg est réellement une plaque tournante du trafic d’ecstasy, c’est la raison pour laquelle les créateurs ont choisi d’inscrire la série dans cette région. « Nous avons fait des recherches et nous avons trouvé notre inspiration dans de véritables enquêtes policières ancrées à la frontière entre Belgique et Pays-Bas. Les faits réels plantent le décor et donnent la teneur de la série tandis que les histoires personnelles relèvent de la fiction » précise le scénariste principal de ce projet produit par De Mensen pour la VRT.

La série Undercover a été tournée « dans un vrai camping et dans de vrais caravanes ce qui a rajouté du piment et de la difficulté au tournage. Ces contraintes ont rajouté de la créativité à la série », explique l’actrice Anna Drijver (photo ci-dessous) qui campe l’agent Kim De Rooij, inflitrée pour surveiller Ferry Bauman (photo ci-dessus). « Mais l’ambiance particulière de ce type de lieu et de ce type de vacances est assez universel » insiste Nico Moolenaar pour expliquer son choix.

« Même s’il y a un côté très flamand dans Undercover à cause de la rivalité entre Flamands et Hollandais dont parle l’intrigue, j’ai pu constater que les gens riaient au même moment dans la salle alors que le public était majoritairement français mais aussi international », soulignait-il après la diffusion du premier épisode lors du festival CanneSeries. La suite lui a donné raison puisque la série a été vendue en France, en Autriche, en Allemagne et en Suisse et sera bientôt diffusée à l’international par Netflix (le 3 mai ?).

« Je ne voulais pas faire du « Belgian Noir », je voulais porter davantage de lumière »

Pour schématiser, on pourrait dire d’Undercover qu’il s’agit d’une sorte de Soprano au camping sauf que, cette fois, c’est Madame Soprano qui semble souffrir de la vacuité de son existence. La série parle aussi de la difficulté de nouer des liens et de se faire des nouveaux amis quand on évolue dans le milieu…
« Bien sûr, j’ai regardé Les Soprano en grandissant mais Undercover est très différente car, ici, le point de vue est celui des policiers. Le seul point commun est que Ferry Bouman (campé par Frank Lammers) n’est pas seulement un gros trafiquant, c’est aussi un homme ordinaire, un époux très amoureux de sa femme qui tente de gérer son business le mieux possible. Nous voulions aussi favoriser un bon équilibre entre le drame et la comédie, c’est peut-être un autre point commun avec les Soprano. Je ne voulais pas faire du Belgian Noir, je voulais vraiment que la série porte davantage de lumière. »

L’entrée de Netflix dans la production n’a rien changé selon son créateur.
« C’est une histoire locale produite avec de l’argent international. On a fait comme pour Beau Séjour: on est resté fidèle à une histoire très locale. On doit trouver l’argent où il se trouve car nous n’avons pas beaucoup de moyens en Belgique, mais nous aimons raconter des histoires qui restent ancrées dans le monde que nous connaissons ; nous ne concevons pas les histoires pour qu’elles aient une attractivité internationale. Même si c’est une bonne chose qu’elles l’aient… » conclut-il en souriant.

« Il y a davantage d’ouverture vers des séries produites dans différentes langues aujourd’hui depuis quatre ou cinq ans. Le fait de parler la même langue sans être capable de se comprendre rajoute à l’humour des scènes tout comme l’esprit de compétition entre les deux personnages et le clivage homme-femme entre les deux policiers », poursuit Nico Molenaar.

Quant au caractère véridique de la série, il est renforcé, selon lui, par son budget. « Il y a un lien entre le budget de la série et le budget de ce type d’opérations qui sont financées avec l’argent du gouvernement donc les policiers infiltrés ne peuvent pas faire n’importe quoi, cela doit rester raisonnable. »

Un choix qui semble visiblement gagnant puisque Undercover a réalisé une belle entrée mardi soir sur La Deux dépassant largement la moyenne de la case ainsi que le score des films diffusés habituellement à cet horaire.

Un seul regret : la diffusion en VF fait perdre à la série pas mal de sa saveur (comme le prouve le trailer ci-dessus), un doublage français qui pousse le vice jusqu’à traduire les noms des protagonistes: Ferry Bouman devenant Eddy Beaumont dans les dialogues, alors que les textos et autres messages écrits dans la série restent, eux, inchangés… Mauvaise idée.

Karin Tshidimba, à Cannes