Rencontre fortuite sous une pluie torrentielle. Nola, jeune fille sylphide, danse sous les bourrasques tandis qu’un homme tente de s’abriter, en vain. L’adolescente rêverait de voir New York plutôt que de rester dans ce « trou perdu de Sommerdale« . Comme toute la population de la petite ville, elle est très intriguée par le célèbre écrivain qui vient de s’installer à Goose Cove. D’autant qu’elle a pu découvrir de ses propres yeux qu’Harry Quebert (Patrick Dempsey) arborait une quarantaine hautement séduisante. Ce sont là les premières images de La vérité sur l’affaire Harry Quebert, adaptée en série par le réalisateur Jean-Jacques Annaud pour le compte de TF1. A découvrir ce mercredi à 21h.
Au fil de leurs rencontres dans le diner du coin, où Harry Quebert vient écrire et où Nola (Kristine Froseth) est serveuse le samedi, l’un et l’autre s’apprivoisent, guidés par leurs passions culturelles communes. Mais dans cette sage petite communauté où le père de Nola est un pasteur respecté, il n’est pas bon d’afficher ses préférences surtout lorsqu’elles défient l’ordre des choses et la bienséance…
Flash-back sur une nuit noire au cours de laquelle une vieille femme, Deborah Cooper, appelle la police : elle a entendu des cris et vu passer une jeune fille en robe rouge qui courait dans les bois. Nola se réfugie chez elle, mais la vieille dame est abattue d’une balle dans la tête. Voilà les premières bribes de l’histoire mystérieuse de Nola Kellergan, disparue le 30 août 1975, et dont le corps vient d’être retrouvé enterré au fond du jardin d’Harry Quebert. L’homme, écrivain respecté, est l’ancien professeur d’un autre auteur de best-seller : Marcus Goldman (Ben Schnetzer). Or, pour renouer avec l’inspiration qui semble le fuir en ce moment, Marcus venait justement de trouver refuge chez son professeur.
Une série qui ne prend pas suffisamment son temps
Refusant de croire à sa culpabilité, Marcus entame sa propre enquête sur la mort de Nola afin de dévoiler La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Sur cette trame qui est celle de son roman foisonnant, Joël Dicker a dégagé des lignes de force à distiller au fil des dix épisodes que comptera la série cont les premières images avaient été présentées lors du festival CanneSeries.
En confiant le rôle d’Harry Quebert à Patrick Dempsey, ex-Docteur Mamour de la série Grey’s Anatomy, Joël Dicker et Jean-Jacques Annaud ont insufflé la juste dose de séduction et de doute dont le récit avait besoin.
Malheureusement, l’intrigue dans ses quatre premiers volets court à toute vitesse d’une époque (1975) à une autre (2008) empêchant que l’atmosphère s’installe durablement et gagne en épaisseur, multipliant les rebondissements comme c’était déjà le cas dans le roman.
Le résultat, bien filmé et bien mis en scène dans des décors grandioses où la nature est reine, pèche par son manque de trouble et de noirceur. Alors que la personnalité ambivalente de Nola mérite(rait) largement que l’on s’y attarde. On est bien plus proche de la grande saga d’automne (aux paysages et couleurs magnifiques) à tendance policière (meurtre et faux-semblants) que de l’exploration patiente des dilemmes de l’Amérique profonde « corsetée dans ses obsessions moralisatrices« . Mais peut-être les derniers épisodes de la série modifieront-ils cette impression ?
Karin Tshidimba
manque de trouble et de noirceur ? certains téléspectateurs ont préféré zapper ce feuilleton lugubre, sinistre et au climat extrêmement malsain.
Je parlais, bien sûr, des choix de réalisation, de la façon dont ce drame est traduit à l’image (volontairement glamour et lumineuse afin de séduire le plus grand nombre), pas du fond de l’histoire…
Le livre était déjà pénible, énorme mais vite je me suis dit « Il ne voit pas clair, tout est mensonge, rien n’était logique » donc très agaçant vu le nombre de pages qu’il fallait encore lire pour découvrir une fin déjà comprise depuis longtemps.
Alors, je dis NON à la série.