Cannes Séries jurés.jpgC’est sous un véritable déluge que s’est clos la première édition du festival CanneSeries organisée du 4 au 11 avril parallèlement au MipTV (Marché international des programmes télévisés) sur la Croisette.

Une édition qui est parvenue à attirer un public intergénérationnel entre séances « scolaires » et publics de tous âges et de tous horizons attirés par les sirènes de la télévision.

Pour  sa première édition, l’agenda n’était pas très fourni mais les invités étaient de qualité avec les masterclasses des acteurs Michael C Hall (Dexter, Six Feet under) et Michael Kenneth Williams (The Wire, Boardwalk Empire, au centre sur la photo) ainsi que celle du romancier Harlan Coben également créateur de séries (The Five, Safe) et président du jury 2018 (1er à gauche sur la photo).

Entamée sur une étonnant fausse note – lors de la soiré d’ouverture a été projeté non pas un véritable épisode de La vérité sur l’affaire Harry Quebert série de Jean-Jacques Annaud* mais un montage de 35 minutes de la saison entière, genre de long trailer que l’on montre à des acheteurs ! -, la manifestation s’est heureusement terminée en beauté, mercredi soir, avec la cérémonie de clôture retransmise en direct sur Canal+. Et ce, grâce aux propositions originales et audacieuses du maître de cérémonie Kyan Khojandi, rendu mondialement célèbre par sa série Bref.
De quoi faire oublier les bourrasques et le tapis rose détrempé au public ayant bravé, en très grand nombre, le début de tempête sur Cannes.

Les 10 séries en compétition, venues de tous les horizons, n’ont pas été si difficiles à départager. Elles n’ont pas davantage suscité de torrents d’émotion, si l’on excepte le drame coréen Mother, étrangement absent du palmarès final.
Efficaces mais parfois trop formatés, il a souvent manqué aux 10 prétendants ce petit grain de folie qui provoque le buzz. A l’exception de la série Killing Eve de Phoebe Waller-Bridge, portée par Sandra Oh et Jodie Comer, dont nous parlions dans une précédente note… et qui a d’ailleurs été achetée par Canal+.

 

Audaces israéliennes

Miguel Cannes Série.jpegMême imparfaites, sur le plan formel, il faut reconnaître aux deux séries israéliennes récompensées, Miguel (photo ci-contre) et When Heroes Fly (photo ci-dessous) leur audace et leur volonté d’aborder des sujets à la fois inhabituels et dérangeants.

L’histoire d’une adoption qui se passe difficilement tant pour l’enfant adopté que pour le père adoptant, pour la première. Et le stress post-traumatique dont souffrent de nombreux soldats israéliens – et leur famille par effet boomerang -, pour la seconde.

when heroes fly.jpgAbordant de véritables tabous sociétaux, ces deux séries israéliennes évoquent toutes les deux deux lignes temporelles distinctes (passé et présent). Elles partagent aussi une autre particularité: avoir été toutes les deux tournées, en partie, en Amérique du Sud: le Guatemala pour Miguel et la Colombie pour When Heroes fly, autre preuve de leur ouverture au monde extérieur.
Nul doute que des chaînes comme Arte ou Be TV pourraient se laisser tenter par la diffusion de l’une et/ou l’autre de ces séries comme elles l’avaient fait précédemment avec les thrillers politiques FaudaHatufim (Hostages) ou False Flag.

La série Safe développée par Canal+ avec l’auteur Harlan Coben a été présentée lors de la soirée de clôture. Portée par les acteurs Michael C. Hall (Dexter) et Audrey Fleurot (Engrenages), elle sera diffusée à l’international par Netfix.


Voici le palmarès complet

Meilleure série: When Heroes Fly de Omri Givon (Israël)

Prix d’interprétation: Francesco Montanari, pour Cacciatore – The Hunter de Marcelo Izzo, Silvia Ebreul et Alfonso Sabella (Italie)

Prix spécial d’interprétation: l’ensemble des comédiens de Miguel de Daphna Levin & Tom Salama (Israel)

Prix du scénario: State of Happiness de Mette Marit Bølstad (Norvège) présentée précédemment

Prix de la musiqueState of Happiness (Norvège)


Au final, cette première édition apparaît comme sa météo, un peu mitigée, mais on ne doute pas que les organisateurs, bien décidés à organiser un seconde édition du 3 au 10 avril 2019, rectifieront le tir en étoffant le programme des débats, des rencontres, des projections et des animations. C’est bien le moins lorsqu’on s’installe dans un écrin ayant l’aura internationale de l’Auditorium Lumière (2300 places) à Cannes…

Quant aux vrais fans de séries, ils n’ont que 15 jours pour se remettre en ordre de bataille car l’heure sera déjà à la célébration de la toute 1ère édition du Festival Séries Mania à Lille du 27 avril au 5 mai…


Karin Tshidimba, à Cannes

nb: On attendra donc, pour se prononcer sur La vérité sur l’affaire Harry Quebert*, que les vrais épisodes nous soient montrés avant sa diffusion annoncée sur TF1…