shonda-rhimes.jpegReine du marketing, de l’effet d’annonce et du soap, Shonda Rhimes sait comment rythmer et dégoupiller un scénario.
Très active, notamment sur twitter, la scénariste-productrice est l’une des 100 personnes les plus influentes recensées par le Time Magazine, comme le rappelle sa première fan, l’autre grande productrice noire américaine Oprah Winfrey.
Récompensée le 23 janvier dernier pour l’ensemble de sa carrière, cette quadragénaire native de Chicago poursuit sa conquête audiovisuelle, entamée il y a un peu plus de dix ans avec Grey’s Anatomy (2005).

Au travers du TGIT (Thanks God it’s thursday), véritable Graal télévisuel, Shonda Rhimes a fait du jeudi son jour de prédilection sur ABC avec trois de ses créations diffusées en cascade : Grey’s Anatomy, suivi de Scandal suivi, d’ordinaire, par How to get away with murder. La dernière citée ayant livré sa fin de saison le 17 mars dernier, elle a été remplacée dès le 24 mars par la nouvelle création de Shonda : The Catch.

Une série portée par Mireille Enos (The Killing US) et Peter Krause (Six feet under) qui a connu bien des déboires avant de, finalement, atterrir à l’écran. Volontaire et fonceuse, Shonda Rhimes ne s’en est pas laissé conter et a poursuivi coûte que coûte le développement de son projet malgré les écueils, les défections et les changements de pilote de dernière minute. Le résultat, sans surprise, est fun, efficace, exagéré mais addictif.

Il y est question d’une détective privée, Alice Vaughan, victime d’une arnaque de haut vol mise au point par son fiancé, un as en la matière, à l’identité totalement falsifiée.

shonda rhimes 1.jpgHabituellement, il est fait référence à l’univers de la productrice en tant que Shondaland non seulement parce qu’elle aime à travailler avec ses habitués et qu’elle propose des séries chorales où chaque membre du casting a son importance et apporte une touche singulière dans un ensemble foisonnant.
Mais la référence concerne aussi cette tendance très rhimsienne à entraîner ses personnages dans le grand huit de l’existence : une successions de révélations, de surprises et de déconvenues qui les font passer par des centaines d’émotions à la façon des attractions foraines.

La vraisemblance n’est pas la première préoccupation de cette grande prêtresse du soap qui aime avant tout proposer des intrigues haletantes et grisantes, laissant peu de répit à ses personnages (sur la photo elle apparaît entourée de ses trois actrices principales, Ellen Pompeo, Viola Davis et Kerry Washington) et à son public habituel. Un peu comme si elle voulait à tout prix réhabiliter le «Deus ex machina.

The woman in charge

Si Grey’s anatomy l’a rendue célèbre dans le monde entier, c’est Scandal qui a permis de révéler quel type de productrice Shonda Rhimes voulait être. Une femme cheffe d’équipe qui aime les créations d’ensemble permettant d’offrir une vision plus réaliste et plus égalitaire de la société américaine où homosexuels, hétérosexuels, Noirs, Blancs, Hispaniques et Asiatiques, mais surtout les femmes charismatiques et leaders, trouvent une place de choix. Comme le démontre si bien Viola Davis (How to get away with murder) depuis deux saisons.
Et gare à ceux qui veulent mettre à mal cet ensemble harmonieux à coups d’insultes, de caprices ou d’attitudes de divas. Ils seront renvoyés sans ménagement comme les acteurs Patrick Dempsey et Katherine Heigl, ex-stars de Grey’s Anatomy, en ont fait l’amère expérience.

Si Shonda Rhimes n’a pas connu que le succès et s’est même longtemps battue contre la mauvaise image qu’elle avait d’elle-même – comme elle le révèle dans son autobiographie «The year of yes» parue fin 2015 – elle a démontré aussi sa capacité à rebondir, notamment après l’annulation de sa série Private practice.
Pour son prochain projet, elle s’apprête à quitter sa zone de confort. Elle planche en effet sur une nouvelle adaptation de Roméo et Juliette, une série tournée en Espagne, en costumes, baptisée Still Star-Crossed.

Karin Tshidimba