La comédienne américano-belge tient l’un des rôles principaux dans la nouvelle série belge Des Gens bien diffusée le dimanche à 20h50 sur La Une. Un rôle qui révèle à la fois ses talents comiques et un côté solaire terriblement attachant. Nous avons discuté avec elle de la façon dont elle s’est préparée pour le rôle de Linda.

La rencontre entre Bérangère McNeese et son rôle de Linda est de l’ordre du coup de foudre. « C’est un personnage qui me fascine. Linda est une personne très lumineuse, solaire. Dans tous les moments où on place des murs entre elle et ses rêves – sa volonté de vivre une vie finalement pas si extravagante -, elle ne lâche rien. Même lorsque les huissiers arrivent dans son salon, elle ne l’accepte pas. »

D’emblée, son personnage dans la série belge Des gens bien séduit. « J’aime sa dimension d’inconscience, qui existe chez plein de gens qui ont réalisé de grandes choses, comme chez d’autres qui n’ont pas réussi parce que c’est devenu trop lourd pour eux. C’est une qualité ou un défaut selon qui on est ou selon les circonstances. Avec Linda, on est tout le temps sur le fil et j’aime ça. On ne sait pas si elle va réussir un tour de force de malade ou si elle va mettre le doigt dans un engrenage qui va la détruire. »

Une complicité à toute épreuve

Une chose est sûre pour la comédienne : « On n’a pas envie de la voir perdre cette lumière et cet espoir. Linda s’accroche et se bat pour rester positive, pour rester dans cette énergie et ne pas être désillusionnée. On ne veut pas que ça l’abîme et qu’elle lâche l’affaire. Pour elle, il y a toujours un espoir, c’est impressionnant et c’est en cela qu’on ne se ressemble pas énormément. » (Elle rit.)

« Cela demande beaucoup de courage de rester positive et d’y croire toujours comme Linda le fait. Je suis plutôt cynique dans la vie, même si cela se cache sous une forme d’humour. Mais c’est aussi une façon de se protéger : ne pas trop se monter la tête, de peur d’être déçu. Linda n’a pas du tout peur de cela. Elle va toujours espérer le meilleur quitte à parfois être déçue. »

La force de la série repose sur la complicité établie avec le public à travers Linda, mais aussi à travers le couple qu’elle forme avec Tom. Un sacré pari. Lucas Meister et Bérangère ne se connaissaient pas avant de tourner dans cette série. Or l’amour entre Tom et Linda est le fil auquel le public – mais aussi le couple – s’accroche tout au long de l’histoire. « C’était donc crucial que cela fonctionne. Quand j’ai été choisie pour jouer Linda, on a testé plusieurs duos et ça a marché avec Lucas. On a appris à se connaître pendant les répétitions et puis, on joue toujours en miroir avec l’autre. »

À la recherche de Linda

Coupe de cheveux, maquillage, costumes… La préparation a permis de trouver Linda. Une étape à laquelle s’est ajouté l’apprentissage du tir à l’arc. « Je n’ai malheureusement pas continué parce que ce n’est pas quelque chose qu’on peut faire dans son salon ; cela s’avérerait dangereux pour les personnes avec qui on vit. J’ai trouvé cela très kiffant, très libérateur », confie l’actrice.

Et puisque Linda tient un salon de bronzage, Bérangère McNeese est passée par l’étape de « l’autobronzant en spray tous les dimanches chez une maquilleuse professionnelle. Je suis très très pâle à la base. Pendant deux mois, j’avais un petit fumet de noix de coco, sucre. Une odeur qui attire les moustiques. » (Elle rit) « Ça fait partie des trucs marrants de ce métier. »

Si elle est déjà apparue dans de nombreuses fictions et séries belges et françaises (HPI, mais aussi Fils de ou Baraki), « c’était la première fois que je portais un personnage sur un tournage aussi long et aussi dense. C’était une expérience hyperintéressante. Le tournage a été génial pour plein de raisons : l’équipe, les réalisateurs ; et puis, j’ai joué avec des comédiens que je ne connaissais pas et d’autres que j’admire depuis très longtemps comme Peter van den Begin (vu dans la série Pandore, NdlR). Il joue mon cousin donc on a beaucoup tourné ensemble, j’étais vraiment au taquet. C’est un projet dont je suis vraiment fière. »

Pour ce projet, les feux étaient verts à tous les niveaux : « Il y avait la volonté de travailler avec ces créateurs brillants mais aussi très sympas. Ils arrivent avec un savoir-faire très rassurant et, en même temps, ils étaient archi-enthousiastes parce que c’était un nouveau projet. Donc il y avait cette excitation de la première fois. Ces deux éléments formaient une parfaite combinaison : créer de nouveaux personna ges, en étant rassuré par des gens chevronnés. » À la lecture du scénario, la comédienne se réjouissait de tourner des séquences « trop marrantes. Ça donne vraiment envie de jouer. On est là, on rit, on est surpris, on a peur. J’étais vraiment impatiente ».

Une scène, en particulier, l’a marquée. « J’adore ce moment où Tom et Linda arrivent à la fête de la paroisse et on voit qu’elle est vraiment comme un cheveu dans la soupe. Linda essaie de se faire des amis et d’être acceptée par cette communauté, mais cela ne marche pas vraiment. On la regarde de travers. Je trouvais cette scène, que j’ai jouée lors du casting, tellement intéressante… Ça raconte tellement bien le personnage : Linda y est hyper-touchante. Et puis, il y avait une autre scène d’émotion totale mais qui est un vrai spoil, donc on ne va pas en parler… » précise-t-elle mystérieuse… « C’est trop chouette de voir quelqu’un qui n’est pas consciente de ce qu’elle dégage alors que c’est le contraire de notre travail de comédien où on est censé être conscient de l’image que l’on renvoie. C’était très intéressant. »

L’itinéraire d’une enfant déterminée

Acolyte de Morgane – l’irrésistible Audrey Fleurot – dans la série de TF1, HPI, on l’a vue dans de nombreux films français (Eyjafjallajökull avec Dany Boon ou Grave de Julia Ducournau) mais aussi dans des séries françaises (Le Bureau des Légendes) et belges (Unité 42 et Fils de). En 2020, elle a aussi reçu le Magritte du meilleur court métrage pour son film Matriochkas.

« Je voulais être actrice depuis que je suis toute petite. Mais le milieu des comédiens fonctionne fort en vase clos et puis, c’est très particulier de dépendre du désir de quelqu’un de travailler avec vous. Ça peut être marrant au début d’une carrière mais pas à la longue, a fortiori pour une femme dont la carrière est plus courte. »
Guidée par l’envie « de continuer à apprendre et de faire d’autres choses », Bérangère McNeese combine d’emblée la formation d’actrice à Paris et le journalisme à Bruxelles, auxquels s’ajoutent aujourd’hui l’écriture de scénario et la réalisation de courts métrages.
« J’ai vraiment appris sur le tas, en étant sur des plateaux, en compagnie d’amis techniciens qui m’ont permis d’apprendre avec eux. Il y avait l’envie de porter mes propres projets et d’être proactive dans la vie parce que le quotidien d’un comédien demande d’être très très fort mentalement. A moins de monter ses propres projets, on est très dépendant des autres. Et cela ne correspond pas à ma personnalité. Je n’ai pas du tout envie d’être malheureuse, donc j’ai décidé de me lancer mes propres défis. J’avais envie de raconter des histoires et de les mettre en scène. Des histoires, plus nuancées, plus complexes même si j’ai eu l’occasion de jouer des personnages très riches » souligne-t-elle. Son ambition: « dévoiler d’autres types de personnages féminins ».

L’esprit de troupe des séries

Avec un film en cours d’écriture et un autre en cours de financement – « je suis très superstitieuse donc je n’en parle pas » – Bérangère McNeese continue à jouer. Actrice, scénariste et réalisatrice, elle veut utiliser toutes les cordes de son arc. « J’adore participer à l’univers de quelqu’un d’autre, le plaisir de travailler en équipe me nourrit. Je ne veux me priver ni de l’un ni de l’autre. »
« Ce qui est chouette avec les séries, c’est de voir un univers se bâtir et évoluer sur plusieurs saisons. On apprend des saisons précédentes et pour la première fois, on a des collègues et même un bureau. C’est hyper-rare en tant qu’acteur… Il y a un côté troupe comme au théâtre », note-t-elle avec gourmandise. Son cœur n’a donc pas fini de balancer entre les richesses du petit et du grand écrans.

Entretien: Karin Tshidimba

mise à jour (14.04.2023): Très bon démarrage de la série belge « Des Gens bien » sur Arte. Créée par le trio de « La Trêve », elle a attiré 1,08 million de curieux et déjà généré 800.000 vues sur la plateforme arte.tv où ses 6 épisodes décapants sont disponibles.