bureau des légendes 8.jpgEn France, Le bureau des légendes*** a passé le cap, très redouté de la saison 2, avec brio.
Diffusé en mai dernier sur Canal+, le thriller d’espionnage français s’est vu tresser plusieurs couronnes de lauriers.
Des critiques élogieuses venant souligner sa pertinence sur un monde méconnu (celui des agents secrets), la qualité de son écriture et de son jeu, en plus de sa rapidité d’exécution. Deux saisons diffusées à une année d’intervalle, cela relève de l’exception (et de l’exploit) dans l’Hexagone.

Coup d’oeil avec son créateur Eric Rochant, sur les trois piliers qui ont façonné ce succès alors que la saison 2 débute ce jeudi à 21h sur Be1

1. Par amour des séries

bureau des légendes - Rochant.jpgL’enthousiasme du scénariste et réalisateur Eric Rochant n’est pas feint.
Il suffit de le voir à l’oeuvre auprès de ses comédiens ou en interview. Dès qu’il évoque la genèse de sa série, son regard s’illumine et la narration s’empare de tout son corps. L’exercice de la série, le cinéaste en avait déjà tâté avec la série Mafiosa, « je me suis jeté à l’eau », se souvient-il. Mais c’est la perspective du « Bureau » qui lui a donné envie de rencontrer le trio KZK à l’oeuvre sur Damages «pour m’imprégner de leur méthode ».

« C’est parce que j’aimais les séries que j’ai eu envie d’en faire. J’ai eu une fenêtre de tir après Möbius, j’en ai profité. Seule la série permet le travail sur la longueur et la profondeur. C’est passionnant de façonner une histoire qui va créer son propre passé, un univers qu’on peut fouiller de façon méticuleuse et soignée. »

« J’ai réalisé le 1er épisode du Bureau parce que c’est le plus compliqué : on essuie les plâtres, on expérimente des choix de réalisation et de production. Ses maîtres-mots en la matière sont : réalisme, discrétion et grande liberté dans la façon de filmer. Quant au choix des acteurs, il répond à une autre trilogie : charisme, mystère et personnalité. »

2. La méthode du tout intégré

« J’ai tout copié des Américains, avoue Eric Rochant tout sourire, qui revendique le titre de showrunner. Je suis auteur-producteur, je chapeaute l’écriture et je suis aussi responsable de la façon dont la série se fabrique. » Son objectif est clair : avoir la main sur toute la chaîne de fabrication et créer une linéarité de production.

bureau des légendes 9.jpg« Pour y arriver, il a fallu adapter cette méthodologie US et un peu réinventer la roue à la mode française. Il fallait réussir à condenser le processus de production pour arriver à tenir sur un an. D’où l’obligation de travailler à plusieurs auteurs et réalisateurs. Et l’importance de pouvoir déléguer. Il y a une telle créativité éparse qu’il faut quelqu’un qui assure que tout cela reste bien dans le même cadre. D’où la nécessité de tout rassembler en un seul lieu. Pendant qu’une équipe écrit en bas, je peux aller à la salle de montage et puis passer aussi sur les plateaux. »
Etre là tout le temps partout, c’est la méthode KZK adaptée à la mode Rochant. « Cela crée aussi une vie de troupe comme au théâtre », témoigne l’acteur Mathieu Kassovitz.

Qui dit méthode américaine, dit aussi un autre type de prise de décision, un rôle qui incombait à Canal+. « On pense tout de suite sur plusieurs saisons, pas seulement sur plusieurs épisodes. On voulait copier le rythme américain. On a donc d’emblée programmé la saison 2, ce qui nous a obligé à réagir et à travailler plus vite » confesse Fabrice de la Patellière directeur de la Fiction de Canal+.

3. Creuser un sujet qui possède sa propre mythologie

La fascination d’Eric Rochant pour le monde de l’espionnage est connue de longue date. C’est donc sans grande surprise qu’on retrouve ce thème au coeur de sa première série. Un univers où la volonté de réalisme crée une proximité et une identification fortes.

bureau des légendes S2.jpg«Je voulais parler de gens qui ont suivi une formation spéciale et ont vécu des missions très particulières. Des gens normaux qui sont amenés à mentir tout le temps. Et qui, en même temps, vivent parfois de vraies histoires, avec de vrais sentiments. Comment font-ils pour vivre cela ?»
Face à des séries comme The Americans ou Homeland, qui abordent aussi le quotidien des services secrets, il fallait «imposer un univers crédible avec des moyens tout autres, à la française».

D’où sa volonté de «montrer des êtres humains obligés de se taire et de souffrir en silence. Ce n’est pas juste un divertissement, c’est interpellant. Nous avons la responsabilité de ne pas être dans le fantasme par rapport à ces gens qui travaillent dans l’ombre.» Même si la vie d’une série ne peut exclure le recours à quelques twists dramatiques.

Ses rapports avec la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) n’ont pas été simples, reconnaît le créateur. «On les a eu à l’usure. A chaque rencontre, on a glané plus de détails sur les bureaux et sur leur comportement.» Nombre de questions sont restées sans réponse et il leur était interdit de filmer ou de prendre des photos. Le résultat est un «mix entre la réalité et notre imagination».

Dans la saison 2

bureau des légendes 7.jpgPrécédemment… Dans la saison 1 du Bureau des légendes, on suivait une triple intrigue imaginée par Eric Rochant : la formation de la jeune recrue Marina Loiseau (Sara Giraudeau) au métier de clandestin, le difficile retour à la vie civile de l’agent Guillaume Debailly, alias Malotru (Mathieu Kassovitz) et l’enquête autour de la disparition de Cyclone, agent infiltré mystérieusement disparu en Algérie.

Clandestinité et terrorisme. Après une exploration du fonctionnement de la DGSE et de l’organisation du Bureau des légendes (les agents clandestins) à Paris, la saison 2 qu’on nous promet « explosive » s’attache au travail des agents sur le terrain et sera l’occasion de nombreux aller-retour entre Paris et le Moyen Orient. On y retrouve notamment Marina envoyée pour sa première mission clandestine en Iran (photo). Une mission au cours de laquelle il sera beaucoup question de lutte contre le terrorisme…

La troisième saison est déjà en cours d’écriture.

KT, au Festival Séries Mania (Paris)