Beauf, Kéké, Cagole (au féminin) ou Baraki, les surnoms ne manquent pas pour les désigner. Une série leur donne la parole. Baraki, première comédie en 26 minutes soutenue par le Fonds des séries belges, est disponible dès ce lundi sur Be à la demande.

La famille Berthet est connue de tout le voisinage. Abonnés aux petits boulots et aux magouilles en tous genres, ses membres n’ont peur de rien, ni personne. Pourtant Didier (Pierre Nisse), le grand frère, impulsif et teigneux, est dans le collimateur de la police pour ses bagarres à répétition. À la prochaine interpellation, il risque de finir en taule.

Casquettes, claquettes et coupe mulet

En explosant les dents de Rayan (Fred DeLoof, également réalisateur de la série) compagnon de Cheyenne, la patronne de son amoureuse, Cynthia (Laura Sépul), Didier s’enfonce dans la mouise. Le voilà forcé de trouver 4 235 euros en deux jours pour lui payer de nouvelles dents. Mais Didier ne regrette rien. Pas question pour lui de se laisser traiter publiquement de « baraki » sans réagir. Malgré son training, ses claquettes et sa passion pour le tuning, Didier est intraitable : personne ne lui manquera de respect ! Même s’il doit bien le reconnaître, il est quand même un peu baraki sur les bords… mais « fier de l’être ».

Entre Larissa Berthet, la matriarche (Sophia Leboutte); Jess (Sophie Breyer) la petite sœur, « gentille comme un cœur » et Timmy (Jule Barabason), le petit dernier « qui n’en rate pas une », on a affaire à une famille presque ordinaire. À laquelle il faut encore ajouter Yvan Lejeune (Julien Vargas, aussi scénariste de la série), moustache et coupe mulet de circonstance, qui a été adopté par les Berthet. Roi des tchatcheurs et marchand d’herbe « médicale et bio », Yvan est un grand mythomane devant l’Eternel.

Didier et lui font la plupart de leurs « coups » ensemble. Mais lorsqu’Yvan tombe sous le charme de Nathalie (Gémi Diallo), la très jolie fille adoptive des « bourges » dont il est le jardinier, son quotidien prend une tournure encore plus complexe. Comment se ranger des voitures quand on a un frère comme Didier, toujours prêt à en découdre et à se fourrer dans le pétrin ?

Entre « Shameless » et « La Merditude des choses »

Des dialogues qui claquent et des acteurs qui ne reculent devant aucune outrance : le cocktail de Baraki ne manque pas de saveur pour les amateurs de second et de troisième degrés. Entre concours de tuning et chevelures décolorées, ils donnent vie à une faune de déclassés façon Shameless qui oscillent entre vision à la Ken Loach et intrigues franchement décalées façon Inside N°9 . L’autre référence revendiquée, pour ces vingt intrigues déclinées dans un format de 26 minutes, est le film La Merditude des choses de Félix Van Groeningen.

Baraki** , comédie reine de l’autodérision, a été créée par une bande de potes qui assument les clichés concernant leur milieu d’origine ou leurs proches avec délectation. « On s’est inspiré de gens qu’on connaît et qu’on aime » a expliqué Fred De Loof, goguenard, rappelant qu’en Belgique, en France, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas ou ailleurs, « on est toujours le baraki de quelqu’un d’autre ».

La série est d’ailleurs assortie d’une petite leçon d’histoire, rappelant qu’au départ, « les barakis, c’étaient les gitans, les forains, les gens du voyage ». Des gens déclassés mais hauts en couleur. Ceux que les autres regardent avec condescendance. Le terme a ensuite été associé aux immigrés, rassemblés dans des baraquements près des usines, avant qu’il ne devienne carrément une insulte.

Toute la bande a visiblement pris beaucoup de plaisir en écrivant, jouant et filmant ces 20 épisodes de comédie mâtinée de drame (dramédie). Et passé l’effet de surprise des premiers moments, cet enthousiasme se révèle communicatif et donne envie de suivre cette famille hyper soudée et ces personnages attachants toujours prêts à s’enfoncer dans les ennuis. Reste à voir si la série tiendra ses promesses sur le long terme puisque nous n’avons pas pu voir tous les épisodes…

Écrite par Julien Vargas, Peter Ninane, Sylvain Daï, Pierre Hageman et Chloe Von Arx, la série favorise la multiplication des points de vue avec quatre réalisateurs au chevet de ses 20 épisodes : Bérangère McNeese, Fred De Loof, Adriana da Fonseca et Adolf El Assal. Une coproduction Koko arrose la culture et 1080 Films. Dotée d’un casting aux petits oignons, la série est proposée sur Be à la demande dès ce 15 mars, et sera diffusée sur Be 1 le jeudi à 20h30, à partir du 1er avril.

Karin Tshidimba