Dix nouveaux épisodes de la série belge se tournent en ce moment à Bruxelles. Deuxième bonne nouvelle: la saison 1 d’Unité 42 sera diffusée sur la VRT en avril et sur Netflix en mai, après avoir été vue en Allemagne, sur France 2 et au Portugal. Reportage en coulisses avec son duo principal, Patrick Ridremont et Constance Gay, et son producteur, John Engel.

On parle anglais, néerlandais et français dans ce loft ixellois lumineux aux dimensions impressionnantes, qui rendrait totalement jaloux le premier Parisien ou le premier Londonien venu. Constance Gay, qui a réenfilé le costume de Billie – l’informaticienne complètement geek qui met ses compétences sur la Toile au service de la police criminelle – n’en croit pas ses yeux. Surtout lorsqu’elle découvre la salle de bain avec jacuzzi située à l’étage. Une pièce qui a toute son importance au cœur de l’intrigue du 4e épisode de la saison 2 d’Unité 42 , actuellement en tournage.

Tombé en disgrâce à la fin de la saison 1, à cause de sa propension à franchir les limites et à détourner la procédure, son personnage est mal en point en début de saison 2. « Billie a été assignée à un poste assez atroce : elle répond à des appels toute la journée. C’est d’un ennui mortel… » Un mauvais pas dont Billie compte bien se tirer au plus vite.

« On découvre des histoires personnelles encore plus fortes qu’en saison 1 »

« Oui parce que, on s’en doute, d’une façon ou d’une autre, elle va revenir dans l’équipe, explique son partenaire Patrick Ridremont qui campe le policier Samuel Leroy. Mais l’intérêt est de découvrir ce qui s’est passé pour chacun des personnages durant les deux années qui se sont écoulées entre les deux saisons. » Avant d’embrayer sur dix nouvelles enquêtes dans le domaine de la cybercriminalité.

« On découvre des histoires personnelles encore plus fortes qu’en saison 1. Pour mon personnage, c’est le fait de voir ses enfants qui ont grandi et face auxquels il se sent perdu. Notamment face à sa fille adolescente qui cherche à prendre sa liberté et s’affirme en tant que femme, alors qu’à ses yeux, elle est toujours sa petite fille », confie le comédien.
Cette difficulté à sortir de l’image que l’on projette ou que d’autres gardent de vous est aussi l’un des « écueils » du métier de comédien.

« C’est un peu une spécialité française de cantonner un acteur à un rôle. Après Unité 42 , on ne m’a proposé que des rôles de femmes de caractère. Comme si, forcément, il fallait que mon personnage fasse de la moto et parle fort. Alors que, même si j’ai une voix grave, je peux aussi jouer une princesse, si je veux. Je pense que c’est le format 10 x 52 minutes qui colle ce type d’étiquettes. » Simple constat, même si Constance Gay ne regrette absolument pas l’aventure et l’investissement qu’implique la réalisation d’une série.

« Mon agent pourrait mieux en parler que moi, mais j’ai entendu dire que mon nom avait pas mal circulé grâce à Unité 42 et ça, c’est toujours positif pour une comédienne. Mais en France, j’entendais : on ne lui a pas proposé le rôle parce qu’elle est belge. Et ici : on ne lui a pas proposé car elle est française. Du coup, il faut peut-être que je m’installe à Tournai pour ne rien louper. » Elle rit.

Sur scène et derrière la caméra

À en juger par son agenda des derniers mois, le malentendu n’a toutefois pas été généralisé et Constance Gay a eu plusieurs projets pour le petit écran (pour France 2 avec Flore Bonaventura et Marie-Anne Chazel) et le grand (avec Nicolas Bedos, ainsi que dans le court métrage Demi-sang sur le milieu équestre). Sans oublier une pièce qu’elle jouera encore, à l’Étoile du Nord à Paris, durant la courte pause de tournage du mois d’avril. La saison 2 d’Unité 42 , qui s’annonce, devrait encore ouvrir son champ d’action.

Point commun avec Patrick Ridremont, qui prépare le tournage de son deuxième long métrage « d’épouvante » en septembre prochain, Constance Gay, passionnée de documentaires, se glisserait bien prochainement derrière la caméra. D’ici au mois de juin, elle est donc aux premières loges pour affiner son apprentissage.

« Trois réalisateurs, cela apporte une diversité de regards et de méthodes »

John Engel est presque un producteur heureux. Bien sûr, les budgets des séries belges restent toujours serrés mais Unité 42 a été vue en Allemagne, au Portugal, en France et sera diffusée en avril sur la VRT et disponible dès le mois de mai sur Netfix. Joli parcours pour une « petite série belge » conçue par une équipe bilingue.
La saison 2, en cours de tournage, a déjà été préachetée par France Télévisions et l’Allemagne, de quoi espérer d’autres ventes à l’international si les échos des diffusions de ce printemps s’avèrent bons et les premières images de la saison 2 se révèlent convaincantes.

Comme lors de la saison 1, Unité 42, écrite par quatre à six scénaristes francophones sous la direction de Charlotte Joulia, est filmée par des réalisateurs néerlandophones et même, cette fois, un réalisateur luxembourgeois. Ce choix résulte d’un heureux concours de circonstances : l’envie de John Engel de travailler avec le Luxembourgeois Christophe Wagner, qu’il avait croisé auparavant, et le souhait du Luxemburg Film Fund de s’investir dans l’aventure des séries belges. Avec l’espoir, à la clé, de permettre à leurs scénaristes et réalisateurs de travailler sur davantage de projets, le Luxembourg restant une toute petite terre de tournages. Un accord « win-win », comme on dit.

Avec un plan de tournage compatible, cette fois, avec l’emploi du temps de Christophe Wagner, le projet de coproduction luxembourgeoise a pu être mis sur pied. C’est donc lui qui réalise, en ce moment, les épisodes 3 et 4 de la saison 2 en tournage depuis mardi à Bruxelles.

Casser la routine

Le réalisateur Hendrik Moonen, déjà présent en saison 1, prendra le relais du 23 avril au 6 juin pour mettre en boîte les épisodes 5 à 8, marquant la fin du marathon face caméra.
Nouveau venu, parfaitement bilingue, Mathieu Mortelmans a eu l’honneur d’ouvrir le feu : il a réalisé le tout premier bloc de tournage, du 21 janvier au 5 mars, couvrant les épisodes 1, 2, 9 et 10. « C’est un des réalisateurs néerlandophones que j’avais contactés pour la saison 1 mais, lui non plus, n’était pas libre à ce moment-là. »

La saison 2 apporte donc son lot de rencontres et de satisfactions. De diversité de regards et de méthodes aussi, ce qui séduit l’acteur Patrick Ridremont.
« Dans la longue course de fond que représente un tournage de 80 jours, il est plaisant de changer de capitaine, cela introduit un autre regard, d’autres demandes, une autre façon de travailler. Cela nous relance, en fait ; même si chacun a à cœur de garder la cohérence d’ensemble à travers le costume, la façon de parler, le vécu de nos personnages et le type d’enquêtes et d’histoires racontées », précise-t-il.

La saison 3 se profile déjà

Au fil des enquêtes, de nombreux « guests » belges y sont conviés: Fabrizio Rongione, Jean-Henri Compère, Raphaelle Bruneau, Camille Voglaire, Vincent Londez, Erico Salamone,…
Attendue à la rentrée prochaine sur Proximus TV et sur la RTBF, la saison 2 ne sera pas la dernière puisque la saison 3 sera déjà en écriture à partir du mois de juin prochain, juste après la fin du tournage.

Entretiens: Karin Tshidimba