Le Palais de justice bruxellois est au cœur de cette nouvelle série belge en dix épisodes qui confronte droits des femmes, tractations politiques et poussées populistes. Anne Coesens y fait notamment face à Yoann Blanc. A voir dès ce dimanche sur La Une à 20h55.

Malgré sa longue expérience en tant que juge d’instruction, Claire Delval (Anne Coesens) se retrouve dans une impasse. Sur la dernière liste de comptes suspects, débusqués par une enquête pour corruption, apparaît le nom de son père, homme politique respecté et populaire. Tiraillée mais fidèle à sa conscience professionnelle, elle signe le mandat de perquisition avant de se dessaisir de l’affaire.

À l’autre bout de Bruxelles, le meeting du PLF (Parti libéral francophone) est perturbé par quatre jeunes Femen venues réclamer la libération d’une jeune femme emprisonnée en Arabie Saoudite. Dans leur fuite, les jeunes filles sont séparées et l’une d’elles erre dans le parking à la recherche de ses vêtements et de son vélo. Malheureusement, Ludivine (Salomé Richard) croise un groupe de jeunes et se fait agresser… Par hasard, Mark Van Dyck (Yoann Blanc), obscur élu du PLF, assiste effaré, dans l’ombre, à cette sordide agression. Peu de temps après, apprenant que son amie a été agressée et emmenée à l’hôpital, Sasha (Melissa Diarra) crie sa colère sur les réseaux sociaux et son dégoût de l’inertie de la justice et des politiques face à la récurrence des violences faites aux femmes.

Interroger la place et les droits des femmes

Une juge d’instruction, un politicien, une activiste et une journaliste : c’est le quatuor contrasté et insolite choisi par un trio de scénaristes belges – Anne Coesens, Savina Dellicour, Vania Leturcq – pour interroger la place des femmes dans notre société où l’on prétend souvent, à tort, que « les femmes disposent des mêmes droits et des mêmes opportunités que les hommes ».
Claire, Ludivine, Sasha et Krystel (Myriem Akheddiou), la redoutable assistante de Mark Van Dyck: chacune avec ses armes et avec sa personnalité, tente d’obtenir justice ou réparation dans cette affaire où les zones d’ombre se déplacent à mesure que l’enquête progresse et que les suspects tentent de se dérober face à leur responsabilité. La façon dont la série sonde le sentiment d’impuissance et de profonde inégalité, qui parcourt souvent l’action publique, fait toute la richesse de Pandore, série écrite à hauteur de citoyens, attentive aux failles du système et aux doutes existentiels.

Le triomphe des zones grises

Au-delà de son interrogation de « la menace bien réelle pesant sur les droits des femmes et d’une certaine dérive de la droite conservatrice », inscrites au cœur de l’actualité sous de nombreuses latitudes, la grande réussite de Pandore est de parvenir à livrer des portraits nuancés d’êtres tiraillés entre leurs zones grises, leurs espoirs, leurs fragilités et leurs qualités. Tout en mettant en lumière de nombreux jeunes talents belges.

À l’image de La Trêve ou The Killing, Pandore*** suit le combat d’un personnage déterminé englouti dans une affaire qui l’obsède, au risque de ruiner sa carrière, sa vie de famille ou ses relations personnelles. Moins sombre que ses prédécesseurs, cette nouvelle série RTBF parie sur le réalisme et le décryptage de la psyché humaine pour mener sa réflexion sur le fonctionnement de la justice, des médias et du monde politique.

La série affronte des enjeux de société majeurs – sexisme, corruption, racisme – que l’on aurait tort de croire réglés et qui résonnent avec force dans une arène faisant de Bruxelles un personnage à part entière. Une sorte de géant aux pieds d’argile, coincé entre les perspectives démesurées du Palais de justice bruxellois, les allées bien peignées de la périphérie et les abords cafardeux d’une usine désaffectée.

Karin Tshidimba

Coproduite par Artemis Productions, la série en 10 épisodes sera disponible en intégralité sur Auvio dès le 13 février et sera proposée une semaine plus tard, soit le 18/02, sur Salto.