De La Chronique des Bridgerton à Dickinson, en passant par Gentleman Jack ou Les Tudor, les séries ont prouvé que l’heure n’était plus au défilé de sages demoiselles en crinoline. Le public en a soupé des adolescentes effarouchées. Dans sa quête d’un autre regard sur l’Histoire ou sur le passé, il plébiscite des héroïnes au caractère bien trempé. La nouvelle Sissi** attendue dès le 23 décembre à 20h55 sur TF1 devrait le satisfaire sur ce point, mais pas sûr qu’on pourra en dire autant des Historiens.
Pouvait-on indéfiniment reprogrammer, en fin d’année, la collection de films Sissi portée par la magnifique et troublante Romy Schneider ? Si les télévisions du monde entier ont longtemps songé que cette version fleur bleue et rose dragée du destin tourmenté de l’impératrice Elisabeth d’Autriche faisait partie intégrante des rendez-vous de fin d’année, au fil des ans, les audiences ont montré que le public ne rêvait plus forcément de princesse rayonnante et à peine effrontée filmée comme dans les années 50.
Liberté, audace, modernité
Le producteur Story House Pictures s’est donc lancé dans la revisite du mythe en confiant le projet au réalisateur Sven Bohse (Berlin 56 et Berlin 59) sur base du scénario écrit par le showrunner Andreas Gutzeit, épaulé par Robert Krause et Elena Hell. Une version qui entend montrer à quel point la jeune Sissi sortait du cadre et détonait à une époque où la monarchie perdait de son lustre partout en Europe.
Face caméra, la jeune Dominique Devenport, comédienne de théâtre – dont c’est le premier grand rôle en télévision – offre sa fougue et sa détermination à la jeune Sissi, apprentie impératrice pleine de fougue et de candeur, face à un François-Joseph plus sombre et tourmenté que le personnage auquel de nombreux films nous avaient habitués.
Très complice de sa partenaire suisse, l’acteur allemand Jannik Schümann s’est beaucoup amusé à faire ressortir la “part du stratège et du soldat” trop souvent laissée dans l’ombre lorsqu’on évoque le destin de l’empereur autrichien dans l’austère paysage viennois marqué par la révolution de 1848.
La série, volontiers iconoclaste, s’inscrit dans la veine de La Chronique des Bridgerton ou des Tudor plus que dans celle, très policée, de The Crown . L’idée est de se concentrer sur la réputation de princesse rebelle, ébauchée par Romy Schneider, et de souligner le « côté aventurier et féministe » de la jeune femme.
Une réécriture de l’Histoire ?
Au fil des six épisodes de la première saison, les tensions et stratégies géopolitiques ainsi que les difficultés de la vie de couple – à une époque où le rôle des femmes était limité à de la représentation – sont largement explorées tout comme l’inventivité déployée par la toute jeune Sissi pour devenir la plus proche complice de son époux. Une série qui s’inscrit plus dans la veine de Bridgerton ou des Tudor que dans celle de The Crown et dont la gamme chromatique est très éloignée des couleurs pastel du conte de fées originel. L’idée est de se concentrer sur sa réputation de princesse rebelle, ébauchée par Romy Schneider, et de souligner son “côté aventurier et féministe”. Même si on se demande si, cette fois, Sissi ne risque pas de hérisser les historiens car contrairement aux héroïnes des Chroniques de Bridgerton, l’Impératrice, cette fois, a vraiment existé…
Story House Pictures, RTL Deutschland et Beta Film croient fermement en leur projet puisqu’une saison 2 est annoncée.
Karin Tshidimba
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