Arte diffuse à 20h55 la suite de sa saga familiale multiprimée Berlin 56. Une histoire d’émancipation féminine dans une  Allemagne bien décidée à renaître loin des fantômes de son passé.

Berlin 56 (Ku’Damm56 en VO), la première saison de la série scénarisée par Annette Hess, suivait les premiers pas émancipateurs de Monika (Sonja Gerhardt), éprise de rock’n’roll, bien décidée à ne pas se laisser dicter sa conduite par sa mère, plutôt rigoriste, ou par les convenances de l’époque. Une première salve de six épisodes suivait le parcours et l’évolution de cette jeune fille, au départ gauche et effacée. La danse, sa passion secrète, servant de détonateur à son envolée vers la lumière.

Lorsque s’ouvre la saison 2, en 1959 (d’où le titre Berlin 59**), Monika est enceinte et vient chercher refuge dans l’école de danse de KudammStrasse, toujours dirigée par sa mère. Mais celle-ci, par crainte du scandale, refuse de l’héberger. Sur le point d’accoucher, Monika découvre ce qu’il en coûte de ne pas respecter les règles. Heureusement, sa passion virtuose va lui permettre de sortir du lot et de gagner sa vie. Mais cela réussira-t-il à la combler alors que son statut de célibataire la prive de son rôle de mère ?

Des femmes sacrifiées

Comme dans la première saison, on salue la réalisation de Sven Bohse et la reconstitution soignée de cette époque pré-sixties marquée par de très nombreux bouleversements en Allemagne. Attentive aux fantômes du nazisme qui hantent le pays et à la culpabilité encore bien présente dans la vie de nombreux protagonistes, la série s’attache au mouvement qui voit les femmes tenter de s’émanciper d’une société fortement marquée par l’empreinte du patriarcat.

Les trois filles de la famille Schöllack se retrouvent confrontées, chacune à son tour et à sa manière, au sexisme, au déni ambiant et aux oppressions latentes qui minent le quotidien des femmes à la fin des années 50. Que ce soit Helga (Maria Ehrich), l’aînée, qui pensait avoir contracté un « beau mariage » mais a très vite réalisé qu’elle ne pourrait jamais rendre heureux son époux, secrètement attiré par les hommes, ou la cadette Eva (Emilia Schüle, photo du milieu) qui pensait avoir « décroché la timbale » en épousant un médecin respecté.

Solitude, rêves envolés, amours contrariés ou vie d’épouse décevante et étriquée, chacune des trois filles de Caterina (Claudia Michelsen) découvre que l’époque n’adresse son ode libertaire qu’à la part masculine de la population. Face à cette situation opteront-elles pour la résignation ?
De manière très symbolique, les souvenirs de guerre continuent à hanter les deux amours de Monika : Joachim Franck (Sabin Tambrea), fils d’un riche industriel nazi, et Freddy, son partenaire de danse et père de son enfant (Trystan Pütter), rescapé des camps.

Disponible du 11 mai au 14 juin sur arte.tv, la série est diffusée à 20h55 au cours des soirées des 16 et 23 mai sur Arte. Un troisième volet de cette saga familiale, baptisé Berlin 62, a été commandé par la chaîne ZDF. Le tournage ne devrait pas débuter avant début 2020.

Karin Tshidimba