La nouvelle série belge Coyotes** pose la question de la difficulté du passage à l’âge adulte, des choix que l’on pose, des obstacles à franchir. Que valent les serments face à l’attrait de diamants ? A voir sur La Une, dimanche à 20h50 et sur Auvio
C’est l’été, une troupe de scouts vient de s’installer non loin du château de Warnaffe pour son grand camp, moment attendu par tous comme l’apogée d’une année d’activités en tous genres: jeux, randonnées, courses d’orientation, etc. L’occasion de vivre la vie de groupe en version XXL et de mettre à l’épreuve toutes les connaissances acquises au fil de l’année. Mais la découverte d’un sac de diamants va complètement changer la donne pour la patrouille des Coyotes, emmenée par Mangouste, Furet, Panda, Mouss et Kevin. Une aventure qui va mettre à l’épreuve les liens qu’ils ont tissés et leur sens de la solidarité. Entre erreurs de jugement et dangereux poursuivants, les Coyotes se retrouvent bientôt au coeur d’une affaire qui, clairement, les dépassent.
« Au départ, la série était décrite comme une comédie noire à la Fargo mais elle a évolué vers le thriller au fil du tournage », souligne Vincent Lavachery, cocréateur – avec les scénaristes Axel du Bus et Anne-Lise Morin – de cette « course-poursuite tragique au pays des scouts ». Un cadre dans lequel les jeunes acteurs se sont épanouis comme le prouvent les 6 épisodes tournés en Belgique et au Luxembourg.
Casting, images, bande-son, décors : les aventures des Coyotes doivent tout aux profils affûtés des comédiens et à des choix artistiques affirmés. Les images de Gary Seghers et Jacques Molitor, la bande-son de Daniel Offermann (Girls in Hawaii) créent l’écrin idéal pour les déambulations épiques de cet improbable Club des cinq. Une fois passée la représentation clairement fantaisiste du scoutisme (ce camp où chaque patrouille vit sa vie sans lien avec les autres ; cette hiérarchisation venue d’un autre temps), la dynamique de groupe s’impose et sa cohésion se renforce à mesure que la situation se corse. Face à ce « butin tombé du ciel », chacun voit ses rêves et ses illusions se heurter avec force face à un monde adulte violent et parfois fourbe.
Former une « vraie bande de potes »
« On a tous passé le casting ensemble. Les réalisateurs avaient formé des groupes en fonction des idées qu’ils se faisaient des personnages et cela a directement bien fonctionné entre nous. On a eu un bon feeling. On a répété pendant une semaine. Ils voulaient voir l’énergie qu’il y avait au sein de notre groupe » explique le comédien Louka Minnella, fan des séries Peaky Blinders et Breaking Bad.
« Kevin est un personnage assez dur et détaché. Un type solitaire qui, au début, voyage beaucoup entre Marie, ses poursuivants et les scouts. Pendant quatre mois, tu travailles ton personnage en profondeur. Au fil du temps, à force de partager ses expériences et ses sentiments, il devient ton double. Tu sais comment il réagit face à certaines situations et à force de tourner les scènes, de rester tous ensemble, tout cela s’approfondit. »
Avec un long métrage en attente de sortie en 2022 et un unitaire tourné pour M6, aux côtés de Claire Keim et Bruno Salomone, le jeune acteur belge (vu dans La fille inconnue des frères Dardenne) espère surtout « tourner à nouveau bientôt ».
Face à lui, Kassim Meesters campe Furet, le meilleur ami de Kevin. « Il est plus sensible, fort en recherche de lui-même et se pose pas mal de questions. En même temps, il est celui sur qui beaucoup de Coyotes comptent parce que c’est le sportif de la bande. Sur la durée, il y a pas mal d’éléments personnels que l’on intègre dans le jeu. Ce côté cérébral, je l’ai aussi dans la vraie vie, ce sont pas mal de petites choses que l’on arrange à sa sauce. On a tissé des liens incroyables entre nous pendant ces quatre mois. C’est ce qui a fait que le côté « très potes » prévu dans le scénario, l’est devenu dans la réalité… », explique l’acteur choisi pour un long métrage franco-belge, bientôt en tournage.
« Mangouste est à la fois très autoritaire et très carriériste. Elle a été prise pour Sciences Po, mais elle n’a pas la bourse, donc la découverte des diamants change tout pour elle. Tout ce qui est très organisé et très droit chez elle va être déconstruit par cet événement. Ce qui a été très intéressant, c’était de voir son évolution au fil des épisodes. De voir qu’elle se pose des questions et de voir à quel point les autres vont avoir un impact sur elle. Elle gagne de la maturité au fil de l’histoire. » Sarah Ber vient de terminer l’Insas, elle va jouer au théâtre avec Thibaut Wenger et dans un court métrage belge qui va se tourner en juin.
Mention spéciale aussi pour Mouss (excellent Anas el Marcouchi), Panda (épatante Victoria Bluck), Marie (énigmatique Dara Tombroff) et Moyersoen (Steve Driesen), d’une justesse à toute épreuve. Ainsi que pour le redoutable Amine (Antonythasan Jesuthasen), le père Julek (Philippe Jeusette) et l’inspectrice Martine (Isabelle Defossé) qui donnent vie à leur duo avec humour et conviction.
Des épisodes parfois trop courts…
On regrette toutefois que la brièveté de certains épisodes empêche de rendre compte de la complexité de certains personnages. Malgré l’alchimie au sein de chaque « famille » et de beaux moments de cohésion, le manque de fluidité au sein de certains épisodes donne l’impression d’assister à une suite de péripéties abruptes plus qu’au déroulé naturel d’un récit. Un fractionnement qui nous tient parfois à distance. Amenées sans transition, les évolutions psychologiques de certains personnages sont difficilement perceptibles. Un peu comme si certaines séquences manquaient pour étoffer leurs profils. Sans doute le budget, et le tournage en pleine crise sanitaire, explique-t-il cette situation qui laisse parfois un goût de trop peu, de manque de chair.
Karin Tshidimba
nb: Les grandes étapes de la création de cette nouvelle série belge signée par Panache productions avaient déjà été présentées dans une précédente note.
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