Le Snowpiercer entre en gare ce lundi 25 mai sur Netflix. Adaptée de la BD française de science-fiction et du film de Bong Joon-ho, la série en dix épisodes en reprend partiellement le propos sociétal. Avec Jennifer Connelly et Daveed Diggs.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, une expérience a été menée qui a dégénéré et provoqué la glaciation de la terre. Afin de sauver l’espèce humaine de l’extinction, Wilford Industries a créé un train-arche géant, le SnowpIercer** capable d’abriter 3000 âmes avec nourriture, animaux d’élevage et bagages. Mais ce sont les plus riches, pour la plupart responsables de ce désastre écologique, qui sont montés à bord des 1001 wagons. Ils vivent désormais dans le confort douillet de ce train qui ne s’arrête jamais. Quelques sans-ticket ont réussi à se faufiler à bord du long tube cylindrique. Confinés en queue de train, ils y survivent grâce à une nourriture rationnée et de mauvaise qualité reçue en l’échange de basses besognes.

A l’origine: une BD et un film engagés

A la base de ce récit post-apocalyptique, on trouve une BD de science-fiction française, créée par Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, publiée pour la première fois en 1984, mais dont le propos n’a rien perdu de son acuité. Un clin d’œil lui est réservée dans les toutes premières minutes de la série alors qu’est présenté le fléau qui a frappé la Terre et a entraîné la création du fameux train salvateur par un certain Mr Wilford. Une évocation mise en scène par le biais de l’animation. Ce même récit est à l’origine du film éponyme du célèbre réalisateur coréen Bong Joon-ho qui en a épousé la thématique et la critique sociale : l’histoire d’une humanité condamnée au mouvement perpétuel, régie par une stricte et inique organisation des classes.

Comme dans le film de Joon-ho, le Snowpiercer est le symbole de la déshumanisation en marche d’un monde en perte de sens. La série propose un troublant reflet des différences de classes entre le luxe affolant de la 1e classe et la réalité poisseuse des wagons de queue où vivent les sans-billets dans la crasse et l’obscurité.
Le scénario est toutefois moins âpre que dans la BD et le film et semble, au départ, s’égarer dans une enquête sur un meurtre commis à bord du train. Mais c’est l’occasion pour le public de mieux percevoir les différentes frontières et univers (sans billets, 1e, 2e et 3e classes) qui séparent les hommes et les femmes du train.

A en juger par les quatre premiers épisodes, le propos social et l’analyse sociétale sont moins affirmés que dans le film, bien plus sombre, drastique et rythmé. Qu’à cela ne tienne, la série s’octroie ainsi une identité propre, qui sera étoffée au fil des 10 épisodes de la saison 1, servie par un casting plutôt convaincant. Mention spéciale à Jennifer Connelly qui campe avec brio Melanie Cavill, super-intendante et voix du train, ingénieure de nuit, aussi, qui veille à ce que l’ordre y soit maintenu à tout prix. Et au rappeur Davee Diggs dans le rôle du fin limier et stratège Layton.

Une longue et douloureuses gestation

Un train lancé à vive allure et qui ne peut plus s’arrêter, des hommes et des femmes réfugiés à l’intérieur, un scénario qui résonne avec celui de la 1ère coproduction belge de Netflix, même si le budget d’Into the night est évidemment sans commune mesure avec celui du projet Snowpiercer. Avec la vie qui se réorganise à bord du train, vient la nécessité de penser à tout: eau, déchets, agriculture en autarcie, préservation des ressources naturelles,… Un scénario qui résonne particulièrement en ces temps de pandémie.

L’histoire de ce convoi impressionnant est un projet de longue haleine puisqu’il a été mis sur les rails en 2015. Josh Friedman (Terminator : Les Chroniques de Sarah Connor) avait été choisi pour écrire le script du pilote et Scott Derrickson (Doctor Strange, Sinister) pour le réaliser. Mais Friedman a été remplacé par Graeme Manson (créateur d’Orphan Black) provoquant la colère de Derrickson qui s’en est ouvert sur les réseaux sociaux… La fin du drame a été scellée, ce dimanche 17 mai, lorsque l’épisode pilote a enfin été diffusé aux Etats-Unis sur la chaîne TNT. La série a d’ailleurs été renouvelée pour une saison 2 avant même son démarrage. Netflix se charge de la faire voyager à travers le monde.

Karin Tshidimba

nb: Les deux premiers épisodes de Snowpiercer seront disponibles ce lundi 25 mai, ensuite, un nouvel épisode sera proposé chaque semaine.