Dans Escale fatale*** (Taken Down), série irlandaise diffusée dès ce jeudi soir à 20h50 sur Arte, la comédienne campe une femme venue du Nigeria, forcée de déjouer les trafics qui ciblent les migrants.

Survivre à la traversée ne suffit pas. Même lorsqu’on atteint les côtes européennes, l’Eldorado espéré n’est pas au bout du chemin. Se nourrir, se loger, obtenir des papiers : ici, tout est extrêmement long et compliqué. Cette sombre réalité est celle que découvre Abeni (Aïssa Maïga), originaire du Nigeria, lorsqu’elle est secourue par la police italienne avec ses deux jeunes enfants : Isaiah et Oba. Son mari, en revanche, n’a pas eu cette chance. Pour la jeune femme, le long parcours du combattant ne fait que commencer.

Accueillie dans un centre pour demandeurs d’asile en Irlande, Abeni y découvre un univers étriqué et sans perspective, si ce n’est un travail nocturne et mal payé. Huit ans plus tard, elle y réside toujours avec ses deux garçons et désespère d’enfin pouvoir leur offrir une vie meilleure.

Un matin, près d’un arrêt de bus, la police découvre le cadavre d’une adolescente, Esme, résidant au Centre. Chargée de l’enquête, la capitaine Jen (Lynn Rafferty) est flanquée d’un collègue impulsif et borné dont tous les résidents du Centre se méfient. Tandis que le directeur, Wayne (Brian Gleeson), se révèle très évasif et plutôt incompétent, la police découvre qu’une autre jeune fille, Flora, également originaire du Nigeria, a disparu depuis deux jours.

Entre trafics d’êtres humains, drogue et prostitution, cette série, créée par l’auteure de best-sellers Jo Spain (La Confession), explore un pan peu reluisant de la mondialisation. Où des malfrats lettons, des logeurs irlandais et des sociétés offshore achèvent le maillage sordide d’une société en perdition.
À travers le destin d’Abeni, Flora et Esme, l’auteure irlandaise souhaitait montrer « le monde crépusculaire de la nouvelle Irlande » où des êtres humains n’hésitent pas à tirer profit de la détresse de leurs prochains. Avec sensibilité et justesse, l’auteure décrit le combat de ceux qui refusent de se voir dénier le droit d’exister.

Faire entendre « la voix de ces femmes »

Dans cette zone de non-droit où les migrants sont « la proie des malfrats, de manipulateurs en tout genre ou d’auxiliaires violents », certains ne renoncent pas à leur part d’humanité. À l’image d’Abeni, personnage d’une droiture extrême, campé par Aïssa Maïga, qui se bat pour soigner les siens sans renoncer à la solidarité.
Filmé par David Caffrey, ce polar social pointe le déni d’espoir dont sont victimes les migrants et les personnes en situation de précarité. « Je suis fière d’incarner l’une de ces femmes qui sont, la plupart du temps, inaudibles, invisibles ou caricaturées » souligne la comédienne.

Née à Dakar, au milieu des années 1970, d’un père malien et d’une mère sénégalaise, Aïssa Maïga affiche une cinquantaine de films en vingt ans de carrière, résultat plus qu’honorable pour la jeune femme dont la couleur de peau a longtemps été considérée comme un « frein ». Un constat qu’elle a partagé avec 15 autres consoeurs dans son livre Noire n’est pas mon métier publié aux Editions du Seuil.
Portrait complet à lire sur La Libre Afrique.

Karin Tshidimba