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Troisième série française produite par Netflix (après Marseille et Plan Coeur), Osmosis débute ce vendredi matin. Réalisée par Julius Berg, Mona Achache et Pierre Aknine et portée notamment par Hugo Becker et Agathe Bonitzer, elle fait le pari de l’anticipation

Première série française d’anticipation de Netflix, Osmosis attire forcément tous les regards sur elle, bien épaulée par les multiples panneaux d’affichage qui ont fleuri dans la ville et à travers le pays. Parce qu’elle vise clairement un public de millennials et qu’elle aborde la question que tout le monde se pose – mais peut-être avec encore plus d’acuité les jeunes âgés de 25 à 35 ans – celle du grand amour. Celui qui vous fait décoller et vous fait croire à la promesse d’une passion éternelle. Ce rêve d’une symbiose parfaite de deux êtres que l’application Osmosis vous promet d’exaucer, comme l’annonce la bande annonce de la série homonyme visible dès ce vendredi sur la plateforme américaine.

Un troisième essai très attendu

Une diffusion d’autant plus attendue qu’elle intervient après la catastrophique Marseille et la très dispensable Plan Coeur censées toutes les deux montrer de quel bois Netflix allait se chauffer en France… Librement adaptée de la websérie homonyme d’Arte Creative, par Audrey Fauché et son équipe de scénaristes, Osmosis est donc attendue au tournant. D’autant plus qu’elle aborde un genre peu exploité dans l’Hexagone: l’anticipation.

Une application peut-elle vous aider à trouver l’âme sœur ? La question est posée d’emblée et, forcément, elle interpelle.
«Le choix que l’on ferait face à cette proposition-là sème le doute, on est tous susceptibles de se poser la question en tout cas, souligne Hugo Becker qui campe Paul, le premier utilisateur de l’application et grand patron d’Osmosis. C’est un sujet très actuel, qui parle à beaucoup de monde» et le choix de l’anticipation a encore accru son attractivité aux yeux du comédien.
«C’est un univers très particulier dans lequel on se plonge. C’est toujours plaisant de se lancer dans un projet innovant.» Une tentation que reconnaît aussi sa partenaire, la comédienne Agathe Bonitzer qui interprète Essther, la sœur de Paul, cerveau et principale conceptrice de l’application Osmosis.
«Pour une première immersion dans le domaine de la série, tenter un projet de genre (anticipation ou science-fiction) dans une grosse entreprise, qui plus est, était vraiment une expérience qui m’intéressait en tant qu’actrice. »

Enjeux dispersés, impression brouillée

L’enthousiasme et l’implication des acteurs garantissent-ils la réussite du récit ? Oui et non.
Le problème des deux premiers épisodes que l’on a pu découvrir dans le cadre du festival Séries Mania est qu’ils sont très beaux, joliment mis en scène mais qu’ils souffrent par moments de répétitions et d’une grande impression de froideur.
La faute sans aucun doute à la technologie mise en avant mais aussi à une direction d’acteurs qui aurait gagné à se rapprocher davantage des questions intimes et morales que pose le recours à ce type d’implant dans le cerveau. Laisser une machine « accéder à vos souvenirs, vos émotions et votre mémoire pour mieux définir votre profil et ainsi pouvoir déterminer celui de votre âme soeur » est en effet loin d’être anodin.

«La question du lien aux nouvelles technologies est centrale dans la série. Aujourd’hui, beaucoup d’applications permettent de créer du lien avec des personnes qu’on n’aurait jamais croisées auparavant. Les rencontres se font donc très différemment. L’autre phénomène vraiment intéressant est qu’on confie de plus en plus nos données personnelles sans contrepartie. Mais donnerait-on accès à notre mémoire et donc, à nos traumatismes et à nos troubles, pour que cela permette de les résoudre ? C’est une question inédite et paniquante par rapport à l’amour» insiste Hugo Becker (Au service de la France, Chefs).

Parallèlement aux questions éthiques qu’elle suscite, la firme Osmosis, créée et dirigée par Paul et Esther, rencontre des problèmes financiers, alors même que leur mère est plongée dans le coma. Autant d’événements qui représentent de sérieux défis à relever même pour un duo talentueux. Au risque de donner l’impression d’un grand éparpillement de l’intrigue, au départ.

La série Osmosis ne s’est pas trompée, en revanche, en déterminant les profils à suivre dans leur quête du grand amour : ils sont tous suffisamment diversifiés pour qu’un large public puisse se reconnaître en eux. C’est cette diversité qui donne envie de découvrir la suite même si on craint que nos espoirs ne soient pas forcément tous rencontrés. Comme dans une vraie relation humaine, en fait…

Karin Tshidimba, à Lille