« J’ai mis 30 ans à en arriver là. Trente ans à bosser comme un chien, 16h par jour, 6 jours sur 7, à suer dans une chaleur à me brûler la couenne. J’ai pas d’amis, j’ai pas de femme, j’ai pas de famille, j’ai même pas d’argent, rien. C’est ma vie, c’est toute ma vie. »
Ce constat, le chef du restaurant “Le Paris” (campé par l’acteur Clovis Cornillac) le fait pratiquement sans amertume. Tous les gens de sa “brigade” le savent : il n’est pas du genre à rendre les armes. Alors même si son resto semble au bord de la faillite, même si sa santé doit en souffrir, il va relever le gant. “Vaincre ou mourir, j’adore.” Dans le milieu hypercompétitif de la gastronomie française, il n’y a pas de place pour les états d’âme, le Chef le sait.
Dans la nouvelle série Chefs**, le comédien dirige d’une main de fer «Le Paris» restaurant gastronomique en pleine tempête. Une fiction dopée aux parfums et souvenirs de mets subtils. A voir sur France 2, mercredi, à 20h50
mise à jour (08/02): Chefs vient de recevoir 3 prix au Festival des créations télévisuelles de Luchon. A savoir: mention spéciale du jury, prix du meilleur espoir masculin pour Hugo Becker (Romain) et prix du public.
Cette réalité un peu sèche et même franchement carrée, le jeune Romain (Hugo Becker) va la découvrir avec étonnement mais sans déplaisir, en quête d’un but à donner à sa nouvelle vie. Fraîchement sorti de prison, le jeune homme est heureux de l’aubaine qui lui est offerte mais pas encore franchement à l’aise. Pas encore. Car, rapidement, on découvre qu’il garde au fond de lui le souvenir précieux des moments passés à cuisiner avec sa maman, morte prématurément.
Il y a beaucoup de poésie dans le «Paris» que filme Arnaud Malherbe. Que ce soit le restaurant entre les murs duquel se vit la passion des fourneaux ou celui qui, au dehors, a tôt fait de fracasser les rêves trop fragiles.
Avec des images où l’on voit presque flotter le fumet des plats ou le parfum des douceurs servies en fin de repas, Arnaud Malherbe, coauteur du scénario avec Marion Festraëts, opte pour une mise en scène inventive et même impressionniste par moments. Pour traduire les sensations ressenties ou évoquer les souvenirs de ses personnages, il instille à l’image un petit air de BD ou de photo sepia, sans être complètement irréel.
Ajoutez à cela, le fait que tous les seconds rôles sont finement dessinés et vous obtenez une recette qui vient plus que surfer sur la vague de l’extrême popularité du monde culinaire. Une série qui vient titiller les mirettes des téléspectateurs par son onirisme rare et son sens aigu des ambiances visuelles et sonores.
Si le scénario de Chefs** a parfois les yeux plus gros que le ventre (certains rebondissements sont fameux), il est littéralement porté par des personnages très attachants et des dialogues qui sonnent justes. Une série française qui brille par le soin apporté à ses dialogues, c’est suffisamment rare pour mériter d’être mentionné.
L’ouverture des portes est prévue ce mercredi à 20h50 sur France 2. Aux côtés de Clovis Cornillac, on retrouve l’épatante Anne Charrier en directrice financière autoritaire et plutôt rigide; Zinedine Soualem en maître d’hôtel aussi discret que stylé; le Belge Nicolas Gob (Un village français) dans le rôle du “second” plutôt grande gueule et franchement imbuvable. Robin Renucci endosse le costume de Mr Edouard, un futur investisseur intransigeant et manipulateur.
Pour accroître le réalisme du projet, Calt Production a demandé à tous les acteurs de faire un stage en cuisine (Clovis Cornillac, Nicolas Gob, Hugo Becker, Joyce Bibring) ou en salle (ce fut le cas de Zinedine Soualem). Tous les autres membres de la brigade, apparaissant à l’écran, sont de vrais cuisiniers.
En cas des succès, la saison 2 est déjà en cours d’écriture.
KT
mise à jour (26/02): Près de 4 millions de fans ont suivi les deux derniers épisodes de Chefs sur France 2 hier soir, plaçant la chaîne sur la 2e marche du podium. La série avec Clovis Cornillac, Hugo Becker et Nicolas Gob a été renouvelée pour une saison 2.
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