Déclinant la poésie et l’oeuvre de l’écrivain et réalisateur d’origine portugaise, Ruy Duarte de Carvalho, cette mini-série explore l’histoire de l’Angola, enfin sorti de la période de la colonisation à travers l’histoire de trois hommes singuliers. Un récit singulier à suivre sur Arte.tv dès le 5 décembre

Le désert ocre s’étend à perte de vue. Au milieu, une tente est posée, non loin d’une jeep et d’un feu qui réchauffe une petite bouilloire. Une homme à la barbe blanche sort de la tente. Il porte une vieille chemise, ouverte sur son torse pâle et un pagne, accroché à la taille. L’homme va à la rencontre du berger qui, visiblement, l’attend, assis sur une simple natte. Celui-ci vient lui annoncer qu’il a retrouvé les « papiers de l’Anglais ». Ainsi les Angolais désignent-ils le père de Ruy Duarte de Carvalho, poète et chercheur né au Portugal, installé depuis de nombreuses décennies en Angola.

Le berger lui apprend que son père a laissé dans le désert de Namibie des documents susceptibles d’éclaircir un mystère survenu dans la région en 1923. Et aussi de livrer des informations sur un hypothétique trésor, composé de pierres précieuses, d’or et d’ivoire… Ruy Duarte de Carvalho (1941 – 2010) décide de prendre la route immédiatement en compagnie de son fidèle guide, traducteur et cuisinier, Jonas Trindade.

Réalisateur, anthropologue et écrivain, Mr Ruy, comme tout le monde l’appelle, est alors âgé de 60 ans. Les âpres conditions du voyage dans le désert Namib ne lui font pas peur. Car même s’il est né à Santarém au Portugal, il a grandi dans le sud de l’Angola et jure ne pas pouvoir vivre loin de cette terre. La fin de la colonisation et l’indépendance, survenues en 1975, n’ont fait que renforcer son attachement à ce pays…

Fasciné par le désert de Namibie

Dépaysement garanti avec ce récit qui prend racine entre Namibie et Angola en décembre 1999. Un récit qui embrasse l’âme contemplative de l’oeuvre originelle, en mêlant quête intime et exploration historique de l’auteur de Carvalho. Tout en partant à la recherche de ces documents familiaux, l’anthropologue ausculte ce pays qu’il aime tant et qui reste encore marqué par les affres du colonialisme.

Sa quête en pente douce prend l’allure d’un conte philosophique, décliné en trois temps, entre passé et présent. Cette exploration, librement adaptée de sa trilogie Os Filhos de Prospero, sonde les ravages de l’époque coloniale portugaise à travers le regard de trois hommes singuliers : Carvalho, son fidèle allié Trindade et Severo, métis résolu à échapper à la guerre civile qui faisait rage en 1975.

Cheminant entre brousse et désert, la série ne donne pas une idée de ce qu’est l’Angola moderne et urbain d’aujourd’hui, mais bien du quotidien des dernières populations semi-nomades qui se sont tenues loin des guerres intestines entre le MPLA, au pouvoir et l’Unita, dans l’opposition. Elle pointe aussi la nostalgie et l’aveuglement à l’oeuvre chez certains anciens colons…

Coproduite par Arte, la série, réalisée par Sergio Graciano, traverse l’histoire du XXe siècle. Elle a été écrite par le scénariste multi-récompensé José Eduardo Agualusa. Au casting, on retrouve João Pedro Vaz (Traces, Grand Tour et Gloria), David Caracol (Un Avant-poste du Progrès, Le Cahier Noir) et Joana Ribeiro (Le Cahier Noir, L’Homme qui tua Don Quixote, Gloria et The Veil) entre autres.

Karin Tshidimba