Sélectionner une page

Il y a 50 ans naissait ce feuilleton sur une famille de pionniers américains, une histoire qui continue à défier les lois du temps et de l’espace, passionnant encore des millions de fans à travers le monde. Née en 1974, la série créée par Michael Landon, d’après le livre de Laura Ingalls – Wilder a un public ultra-fidèle en France où elle n’a jamais cessé d’être diffusée.

C’est l’un des classiques des jeux de l’enfance : les cow-boys, les Indiens et l’Ouest sauvage… Même si on savait depuis longtemps que les Indiens n’étaient pas les méchants de l’Histoire, le plaisir était presque aussi grand de s’imaginer parcourir la plaine sur le dos d’un Appaloosa ou à bord d’un des fameux chariots des conquérants des lointains territoires des Etats-Unis. L’aventure fascine à tout âge…

Avec La Petite maison dans la prairie, le plaisir était d’autant plus grand que, pour une fois, les filles ne se contentaient pas d’y faire de la figuration. Bien sûr, tout le monde vous dira que Charles Ingalls est un personnage au charisme incroyable mais le succès de la série doit autant au patriarche qu’à ses filles : Marie et, surtout Laura, l’irrésistible gamine fonceuse avec ses couettes et ses taches de rousseur… Comme Fifi Brindacier, en somme. Il n’y a décidément pas de hasard…

« La Petite maison dans la prairie »: un générique devenu iconique à travers le monde.

Le quotidien de cette famille ordinaire installée dans le Minnesota, dans la petite ville de Walnut Grove*, a rapidement passionné les foules et, notamment, le public européen. Dans cette Petite maison où ne cohabitaient, au départ, que des filles – le jeune Albert, adopté par Charles et Caroline Ingalls, n’arrivera que bien plus tard – on n’était pas mécontent de voir les filles partir à la pêche, grimper aux arbres, sortir leurs amis de mauvais pas et, même, se défendre à coups de poing s’il le fallait. Inutile de préciser qu’à ce jeu-là, l’héroïne préférée de toutes les filles était Laura, l’irrésistible gaffeuse de la famille, bien moins docile et parfaite que sa grande soeur Marie. Une gamine avec de l’aplomb et du répondant : un exemple à suivre absolument pour clouer le bec à tous les matamores des cours de récré. Sans oublier les réparties cinglantes adressées à l’insupportable Nellie Oleson, campée avec maestria par Alison Arngrim. La comédienne continue d’ailleurs à se délecter de ce statut de peste ultime dans l’un de ses spectacles humoristiques baptisés ironiquement : « Confessions d’une petite garce dans la prairie ».

Quant à la petite dernière de la famille Ingalls, la très discrète Carrie, elle est restée gravée dans toutes les mémoires pour son vol plané, suivi d’un atterrissage forcé dans les hautes herbes de la prairie, point d’orgue d’un générique chanté généralement à tue-tête. Une scène rejouée des millions de fois par des garçons et des filles du monde entier.

La force de ce feuilleton (comme l’appelaient nos grands-parents) ? Les valeurs de la Famille Ingalls – amitié, entraide, solidarité, courage – ajoutées à leur formidable résilience face aux intempéries et aux autres « caprices » de la nature. De quoi leur attirer la sympathie d’un très large public. Son succès ne s’est jamais démenti puisque la série est toujours diffusée en France, depuis sa toute première apparition sur TF1 le 18 décembre 1976. Différentes chaînes du câble ont pris le relais depuis.

Alison Arngrim (Nelly Oleson), Leslie Landon (Etta Plum), la fille du regretté Michael Landon, Karen Grassle (Caroline Ingalls), Wendi Lou Turnbaugh (Grace Ingalls), Melissa Sue Anderson (Mary Ingalls) et Matthew Laborteaux (Albert Ingalls).

Pas sûr que la saga soit encore suivie aujourd’hui par les nouvelles générations de têtes rousses, brunes et blondes. On parie plutôt sur un public d’indécrottables nostalgiques aimant s’habiller comme au XIXe siècle… Certains se sont même pressés en nombre, en juin dernier, pour assister à la fête donnée en l’honneur du 50e anniversaire de la série (diffusée pour la première fois le 11 septembre 1974 aux États-Unis) dans le cadre du Festival de télévision de Monte-Carlo.

Si tous les acteurs n’étaient pas présents, cette réunion prolonge idéalement la marque de fabrique de la création de Michael Landon. Disparu le 1er juillet 1991, à l’âge de 54 ans, le producteur était à la fois scénariste, réalisateur et acteur principal de la série à l’imagerie digne d’une carte postale sépia. Ce n’est que bien plus tard qu’on découvrira que la série a lissé le livre originel de Laura Ingalls Wilder, qui fit parfois polémique pour certains passages douteux, voire carrément racistes, vis-à-vis des Indiens. Pour une fois qu’une série, et son héroïne, n’ont pas à rougir face au livre qui les ont inspirées, on ne va pas s’en priver…

Karin Tshidimba

* En réalité, la série a été entièrement tournée à Los Angeles et dans les environs