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Héroïnes.jpgTout commence par un licenciement collectif à l’usine de sous-vêtements Voltanelle.
Pour relever la tête et attirer l’attention sur leur situation, quelques ouvrières décident de se lancer dans les combats de catch plutôt en vogue à Saint-Charles, banlieue parisienne faussement tranquille. Avec un rêve en point de mire pour chacune d’entre elles: gagner la cagnotte mise en jeu chaque semaine. C’est la principale motivation d’Agathe (Marie-Sohna Condé) alias Diabolica qui rêve de faire venir sa fille Hawa du Mali… Mais les rêves de cette mère célibataire ne sont pas les seuls à fleurir autour du ring.

Si Nathalie (Marie Denarnaud) profite des combats pour faire découvrir au monde la nouvelle collection de lingerie qu’elle a imaginée, Céline (Romane Bohringer) pense y jeter toute sa rage et ses désillusions… Quant à Selma (Naidra Ayadi), son désir d’intégration et d’ascension sociale est tel qu’au mépris de ses origines et du discours raciste qu’il véhicule, elle se sent de plus en plus attirée par les solution simplistes proposées par le Parti national (PN).
Face à l’adversité, le trio Selma, Nathalie, Céline se serre les coudes et imagine la riposte: retrouver du travail, tenter de lancer sa propre entreprise ou relever le défi du catch.

Héroïnes**, une mini-série en trois épisodes à découvrir sur Arte ce jeudi à 20h55

Héroïnes 1.jpgRéalisée à Etampes, cette mini-série écrite et mise en images par Audrey Estrougo revendique sa filiation avec les chroniques sociales britanniques façon Full Monthy comme en attestent les défilés de lingerie organisés par les anciennes de l’usine avant chaque combat. 
Héroïnes est avant tout le récit de vie de quatre femmes qui se débattent face à l’adversité dans une banlieue qui tranche avec l’image des cités parisiennes déglinguées mais où, malgré les petits jardins, les espaces verts et les pavillons proprets, les perspectives d’avenir sont réduites à peau de chagrin.
Entre chômage, transports en déliquescence et petite délinquance, le discours du Front national y fait tranquillement son lit. C’est cette réalité que sonde la réalisatrice Audrey Estrougo même si elle ne va pas forcément au bout de son propos.

Parallèlement à cette crise profonde, Héroïnes explore aussi des failles personnelles et des réalités inavouées. Celles que ces quatre femmes peinent à affronter : un couple qui bat de l’aile et vit dans un nuage de mensonges, une ambition politique choquante et même contradictoire, la descente d’un ado vers la délinquance, la difficulté de se reconvertir ou de lancer sa propre activité. Trop de thèmes sans doute pour tous les embrasser de façon convaincante en 3 épisodes.
La prestation combative et sincère des quatre actrices principales a été saluée d’une mention spéciale lors du récent Festival de Luchon.

Toutefois, sur la forme mieux vaut avoir le cœur bien accroché avec une caméra mouvante qui use et abuse de l’effet de zoom comme s’il fallait faire le point sur une situation suivie à la dérobée ou, au contraire, prise sur le vif. Un procédé qui fatigue et distrait au lieu de renforcer l’attrait…

KT