the same sky.jpg« Midnight Sun », « Black Lake », « The Frozen Dead », « Monster », « Cold », « Below the surface »… A en juger par les fictions, venues du monde entier, en circulation au Mipcom, le thriller ne s’est jamais aussi bien porté.
Quant au sillon scandinave (Scandinoir) il prend parfois carrément des allures d’autoroute. Si la comédie et le soap n’ont pas dit leur dernier mot, occupant les 2e et 3e places du podium des genres les plus prisés et les plus produits, selon l’étude réalisée par l’agence The Wit, le « period drama », qui prend sa source dans l’Histoire contemporaine, résiste encore et toujours à l’envahisseur.

On a pu le constater dès dimanche soir avec la présentation – en préouverture du Marché cannois des programmes audiovisuels – de la série The Halcyon, soutenue par ITV et Sony Pictures Télévision. Mais aussi avec les séries Mata Hari, portée par Christophe Lambert et Bo Derek, et The Same Sky où apparaît l’héroïne de la série Bron, Sofia Helin (photo)… Présentation.

Drame en huit épisodes, The Halcyon se déroule au cœur d’un cinq étoiles londonien, au début de la Seconde Guerre mondiale. Par son approche d’un monde luxueux et raffiné pris dans la tourmente des événements, cette création de Charlotte Jones et Jack Lothian pourrait suivre les traces de Downton Abbey. Du moins, c’est l’espoir de son producteur Keith Le Goy.

L’essor des romans d’espionnage

the same sky 3.jpgEn remontant le temps d’une génération, la série Mata Hari (12 x 52 minutes) se penche sur la vie d’une femme, danseuse et courtisane, soupçonnée (à tort ?) d’être une espionne en des temps tout aussi troublés. Cette production russe affiche un casting résolument international : Vahina Giocante, Christophe Lambert, Bo Derek et Gérard Depardieu. Derrière la caméra, on retrouve l’Américain Dennis Berry (Highlander) et le Français Julius Berg (Profilage, Falco).

Narration moins classique et trame encore plus proche du roman d’espionnage avec The Same Sky, série de la ZDF présentée lundi soir à Cannes. Cette série écrite par la Britannique Paula Milne (The politician’s wife) et mise en images par Oliver Hirschbiegel, revisite une autre période de l’histoire récente, celle de la Guerre froide.
Ancrée dans le Berlin des années 70, elle suit divers protagonistes aux prises avec leurs rêves et leurs convictions politiques, qu’ils se sentent ou non broyés par le régime en place.

L’histoire de The Same Sky démarre en 1974 en Allemagne de l’Est. Lars Weber (Tom Schilling vu dans Generation War), ambitieux agent de la Stasi reçoit pour mission d’entrer en contact avec Lauren Faber (Sofia Helin, héroïne de Bron), agent britannique occupant un poste sensible à l’Ouest. Cette mère célibataire est aussi une femme seule et désabusée dont Lars doit parvenir à tirer avantage.
A travers cette relation pleine de sous-entendus, l’un comme l’autre voient leur fidélité à leurs idéaux et à leur pays mis sur la sellette. D’autant que Sabine Cutter (Friederike Becht), la jeune collègue de Lauren est très attirée par le jeune homme fraîchement débarqué.

Vers un retour de la guerre froide ?

A mille lieux de cette histoire d’espions – sur laquelle se greffent les mirages de la passion -, la vie d’autres anonymes est-allemands est sur le point de basculer : une jeune nageuse prometteuse, un professeur gay, un groupe d’étudiants épris de liberté,…
Privilégiant la multiplicité des points de vue, la série observe l’impact de ces événements politiques et personnels sur la vie des familles concernées, qu’elles soient séparées par le Mur ou non.

the same sky 2.jpgPassionnée et intriguée par les histoires concernant la guerre froide en Allemagne, la scénariste Paula Milne avoue avoir sauté sur l’occasion d’explorer l’époque du dégel des relations entre les deux super puissances. Et surtout son impact sur la vie quotidienne de la population berlinoise de part et d’autre du Mur.
Un projet qui avait traversé l’esprit du producteur Beta Film après le succès de « La Vie des autres », film oscarisé de Florian Henckel, sorti en 2006.

La créatrice britannique explore une époque propice à l’échafaudage de stratégies en cascade pour espionner son voisin, « période pas si éloignée de ce que nous vivons aujourd’hui avec les dérives de la NSA » précise Paula Milne. « Ce drame et ce moment d’Histoire éclairent ce que nous vivons aujourd’hui où les tensions entre les superpuissances ont repris vigueur et où l’espionnage des activistes et des citoyens est une préoccupation mondiale », souligne Jan Mojto, président de Beta Film.

« Cette période de l’Histoire a encore beaucoup de choses à nous apprendre », poursuit le coproducteur Nico Hoffman (UFA Fiction) déjà à l’origine du succès de la série multiprimée Deutschland 83 qui s’attachait à un groupe de jeunes gens évoluant entre Allemagne de l’Est et de l’Ouest.

De nombreux diffuseurs semblent concients de ces enjeux puisque la série a déjà été acquise par la Rai, France 3, la VRT et la RUV (Islande). Netflix la diffusera sur certains territoires anglophones tandis que la Suède (SVT), le Danemark (DR), la Norvège (NRK) et la Finlande (YLE) l’ont acquise pour leur public respectif.

Dans cette même veine historique, les séries The Young Pope (de Paolo Sorrentino avec Jude Law et Diane Keaton), Medici: Masters of Florence (de Frank Spotnitz avec Dustin Hoffman et Richard Madden) ou SS-GB – série BBC qui suit un espion dans le Londres de la Deuxième guerre mondiale – ont déployé leurs plus belles affiches sur la Croisette afin de bien s’imprimer dans les mirettes des acheteurs internationaux.

Karin Tshidimba, à Cannes