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flagey.jpgComme l’a rappelé Sylvie Coquart-Morel, nouvelle responsable de l’Unité Fiction à la RTBF, le chemin de production des séries est souvent pavé d’embûches. C’est le cas pour trois projets qui lors de la dernière réunion du Comité de sélection (RTBF et Fédération Wallonie-Bruxelles) ont été jugés « pas assez mûrs ou insuffisamment étoffés » pour franchir les prochaines étapes.
Sur les 20 projets mis en chantier, trois d’entre eux ont donc été arrêtés: Studio 7Spirale et Ouestèrne. Pour des rasions mutiples et variées détaillées ci-dessous par Sylvie Coquart.

Pour éviter que d’autres rencontrent les mêmes écueils, quatre des cinq derniers projets sélectionnés suivront un coaching au mois d’octobre afin de les aider à « mieux définir l’ADN de leur série« . Explications.

Studio 7 devait se pencher sur l’histoire de l’INR (ancêtre de la RTBF). « Le travail et l’inventivité ne sont pas en cause mais l’aventure individuelle de 2 ou 3 personnages ne suffit pas à créer une série en 10 épisodes. Il faut un effet perspectif et que le public se sente concerné par le destin des personnages. Il faut que l’histoire ne soit pas un décor mais un personnage à part entière, à analyser, comme dans la série « Mad Men ». On sait que ce sera compliqué de trouver le financement (costumes, décors…) alors même que l’équipe a fait preuve de beaucoup de souplesse. Plutôt que de les épuiser, on préfère leur dire : revenez avec un autre projet » , explique Sylvie Coquart.

Spirale. « La promesse initiale – un univers très puissant qui flirte avec le fantastique – nous intéressait. Mais, au final, on avait un personnage avec lequel on n’entrait pas suffisamment en empathie et un univers complètement baroque. L’auteur était presque seul à la barre, à la fois réalisateur et producteur, il n’avait plus de recul et personne pour venir contrebalancer ses choix. Or, son parti pris de réalisation l’emportait sur la narration. Cela peut fonctionner sur un film mais pas sur une série », rappelle Sylvie Coquart.

Quant à Ouestèrne, elle est arrêtée pour problème de production. On attend des nouvelles de l’équipe »

spitsbroers.jpgbram renders.jpgPour éviter ces écueils, quatre équipes parmi les cinq derniers projets sélectionnés vont suivre cinq jours d’atelier avec deux coaches et scénaristes belges: Michel Sabbe (qui a notamment conseillé l’équipe d’Ennemi Public et pris part au scénario de Strikers/Spitsbroers, présentée à Séries Mania, photo de gauche) et Bram Renders (créateur notamment de la série Nieuw Texas, photo de droite). Du 17 au 21 octobre, ils vont « définir l’ADN de leur série » afin de partir sur des bases saines.

Les producteurs seront invités à venir écouter ce qui se passe dans l’atelier afin de plonger au coeur du processus. Ce qui leur permettra par exemple de trouver le bon réalisateur (si il n’y en a pas au sein de l’équipe des auteurs) pour qu’il y ait une vision unique entre scénario et réalisation. J’ai moi-même participé à de nombreuses masterclasses, comme Séverine ou Martin, pour savoir comment d’autres y arrivent en Europe. Ce sont ces cultures de travail qui doivent être mises en place.

« L’objectif est qu’au terme de ces 5 jours, on soit au clair sur ce qu’on veut raconter et la façon de le raconter (le chemin de narration emprunté). Le but est qu’il y ait moins d’errements au départ, que le projet soit mieux défini. Afin qu’à la fin de l’année, les quatre équipes puissent livrer un nouvel écrit avec le concept et les personnages. Tout est possible en termes de genre ou de narration mais il faut que cela soit clair dès le départ », précise encore Sylvie Coquart.

Un deuxième atelier sera organisé, avec la Fédération Wallonie Bruxelles, fin 2016 ou début 2017 autour des personnages et de la dramaturgie.
« On veut éviter que les gens s’épuisent au fil des versions revues et corrigées, il faut que tout soit organisé pour que des bases solides soient posées. Et qu’en 4 ou 5 mois, on sache si potentiellement on peut passer en phase 2 (sur base du 1er épisode dialogué et des 9 autres synopsis) ou pas. Il existe une pépinière de talents belges, reste à les accompagner et à leur donner les outils appropriés. Ce qui nous passionne dans l’équipe Fiction, c’est de transmettre et d’aider à transmettre. On fera en sorte aussi que les producteurs de La Trêve et Ennemi Public viennent parler de leur expérience aux autres producteurs. »

Entretien: KT