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Quelque 440 000 téléspectateurs en moyenne (sur les deux épisodes) se sont lancés sur les traces de La Trêve dimanche soir sur La Une. Un succès incontestable pour la RTBF qui a beaucoup misé (campagne d’affichage à l’appui) sur le lancement de cette série estampillée 100% belge et 100% jeunes créateurs.
Si le public s’est montré curieux, il a aussi manifesté son enthousiasme sur les réseaux sociaux, plaçant, pendant deux heures, le sujet parmi les plus discutés sur Twitter.
Cette Belgique pleine d’aspérités, de failles, d’échecs et de doutes montrée dans La Trêve, n’a cependant pas été du goût de tout le monde. Les coupures pub (surtout en début d’épisode), la « lenteur de la narration » (sic), la noirceur des personnages et des situations ont été pointées du doigt par certains. Mais le premier sujet excepté, le fait même que la série divise et fasse parler d’elle est le signe de l’entrée dans une nouvelle ère. Jusqu’ici aucune série belge n’avait eu droit à ce type d’attention. Or c’est bien le but : sortir d’une création aseptisée, ripolinée faite pour plaire au plus grand nombre. Et donc condamnée à ne susciter ni rejet, ni passion.


Sans doute certains ne reviendront pas la semaine prochaine, mais d’autres, au contraire, amateurs de polars et de séries noires, pourraient se laisser tenter d’autant que la RTBF a mis les deux premiers épisodes à disposition des retardataires qui souhaiteraient se faire leur propre opinion.
la treve Kevin.jpgQuoi qu’il advienne, La Trêve restera dans les annales : en raison de son statut de pionnière du Fonds des séries de la RTBF et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, lancé en juillet 2013, et parce qu’il s’agit aussi de la première série belge accessible aux personnes malvoyantes grâce à l’audiodescription, un procédé mis en place avec des comédiens qui permet « d’entendre » ce qui se passe à l’écran (paysages, actions, émotions). Déjà largement utilisé chez nos voisins européens (France, Grande-Bretagne, etc.), il est encore trop peu proposé dans notre plat pays.
Côté sons, justement, la série joue aussi la carte belge avec son générique rattaché à l’univers de Balthazar, jeune groupe rock flamand célébré également en Wallonie, notamment pour son titre «The man who owns the place» aux sonorités « country » qui colle si bien aux images de la Wallonie. (Interview à relire en suivant le lien bleu)
Le reste de la bande-son est le fruit de l’imagination d’Eloi Ragot, jeune compositeur français que le trio de créateurs a rencontré via Anthony Rey, le producteur de la série (Helicotronc).
Eloi Ragot.jpeg Autodidacte, il s’est penché sur la guitare avant d’opter pour le piano et la trompette au Conservatoire de Troyes. Formé à Berlin, il s’est récemment installé à Bruxelles.
Le musicien a séduit le trio de scénaristes en proposant une première création originale pour accompagner le pilote de leur série, réalisé en mai 2014. Une bande-son qu’Eloi Ragot a étoffée et réinterprétée sur base des images, une fois le tournage terminé. Donnant naissance à un univers sonore qui induit le trouble et suinte l’étrangeté…
La Trêve est d’ailleurs un repaire à jeunes talents puisqu’on y croise aussi Thomas Mustin alias le chanteur Mustii dans le rôle de Kevin Fischer (photo du milieu). Ce jeune acteur et metteur en scène, formé à l’IAD, s’est déjà illustré au cinéma et au théâtre, il se produit désormais également sur scène avec son album « The Darkest Night ».
KT