Les Oubliées Pigalle la nuit, Signature. Le duo Hadmar et Herpoux a marqué l’histoire de la fiction française avec ses personnages ou ses univers hantés. Des hommes et des femmes déstabilisés aux prises avec un environnement hostile, traduisant leur mal-être ou leur quête profonde.
Curieuse « coïncidence » : comme le scénario d’Au-delà des murs, dont le tournage s’est terminé le 31 juillet à Bruxelles, leur dernière série, Les témoins, mettait en lumière des maisons étrangement habitées. Une obsession ?
Hervé Hadmar sourit. « C’est un hasard, mais oui, on peut dire que c’est ma période ‘maison’. Le fait est que j’avais deux projets qui parlaient de demeures bizarres et que ce sont ces deux-là qui ont été mis sur les rails en premier. Je développe beaucoup de projets en même temps, mais je ne maîtrise pas toujours ceux qui sont retenus. J’en ai d’autres en tête, qui ne parlent pas du tout d’univers tourmentés. »
Cette fois, c’est en Belgique qu’il a planté ses caméras, un choix dicté par les décors particuliers qu’il recherchait.
« Ce tournage en Belgique est avant tout un choix artistique, insiste Hervé Hadmar. Nous avons découvert ici 11 décors incroyables que nous n’aurions jamais pu trouver en France. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes dit : pourquoi ne pas tourner toute la série en Belgique ? C’était les grands et beaux décors dont nous avions besoin, impossible de recréer de telles ambiances en studio avec ces peintures craquelées, ces vieux plafonds… Et, bien sûr, le tax shelter est un avantage supplémentaire. »
« Des images ont été tournées à Anvers ( prononcé « Envert » NdlR ) , Liège, Spa… surtout des châteaux et de grandes demeures. A 95 %, le tournage s’est fait en Wallonie et 5 jours à Bruxelles pour terminer (les halles Saint-Géry, Schaerbeek, Forest, NdlR). Un projet très itinérant puisque nous avons passé trois jours maximum dans le même lieu. Il y a aussi eu beaucoup de scènes nocturnes afin de créer l’atmosphère propice à cette histoire qui se déroule dans une maison sans électricité, où l’on s’éclaire à la lampe à pétrole et à la bougie. Cela rajoute du mystère », glisse-t-il en souriant.
Thriller domestique
« Quand Lisa (Veerle Baetens, photo) passe le portail de cette maison pour la première fois, elle entend un tas de petits bruits et distingue un papier peint inquiétant. Un grand trou s’ouvre dans un mur. Lorsqu’elle passe la tête à travers, elle découvre un vide sanitaire avec, tout au bout de celui-ci, une curieuse porte. Une fois celle-ci franchie, rien ne sera plus jamais comme avant… C’est l’histoire d’une femme solitaire. Une fois entrée dans cette maison dont elle a hérité, elle n’est plus seule et rencontre des gens coincés là depuis bien plus longtemps. C’est une série d’atmosphère avec un caractère mélancolique, onirique, voire même poétique. Qu’y a-t-il derrière la prochaine porte ? La question est posée. »
Le thriller domestique est visiblement très présent aujourd’hui dans les séries.
« C’est vrai. Mon point de départ, ce sont des films comme ’Les Autres’, ‘Shining’, ‘La Maison du diable’, ou le roman ‘La Maison des feuilles’. On avait besoin de quelqu’un au caractère très fort parce qu’il s’agit d’un projet d’angoisse pure. J’avais besoin d’une combattante. Je ne connaissais pas Veerle Baetens avant ‘Alabama Monroe’ mais lorsque j’ai vu le film, j’ai été bluffé. Veerle est le personnage de Lisa à 100 %. Dès les premiers rushes, elle surinvestit le personnage, c’est impressionnant. C’est une des meilleures actrices avec lesquelles j’ai jamais travaillé. »
Pour mieux cerner ce personnage féminin, les deux complices ont fait appel à une jeune scénariste : Sylvie Chanteux, qui a déjà travaillé sur « Un village français », un label de qualité hexagonal.
« Il y aura beaucoup de post-production à cause des effets spéciaux et de la musique. Cela représente un gros travail qui ne sera pas terminé avant décembre », précise Hervé Hadmar. Pour une diffusion attendue sur Arte en 2016.
Le programme est déjà établi pour la suite: il y aura la saison 2 des « Témoins« , une série d’espionnage en anglais baptisée « Mirage » située à Dubaï, et aussi « Kaos Island« , série d’aventures qui se déroule à Mayotte. Deux projets auxquels son traditionnel coscénariste, Marc Herpoux (photo), ne sera pas associé.
Quand je vais dans le Gers, je prononce le s final comme dans Anvers. Quand je parle d’Auxerre je prononce le double x comme un double ss comme dans Bruxelles.