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soap1.jpgA l’heure où les séries rivalisent d’inventivité et inondent notre quotidien, il n’y avait pas encore de magazine traitant ce sujet en profondeur, analyses de spécialistes à l’appui. Cet oubli, «Soap», premier mook francophone 100% dédié aux séries, entend le réparer.

« Aujourd’hui, on ne se pose plus la question de savoir si c’est un engouement passager ou un art. Evidemment, la série est un art, avec du bon et du moins bon, mais pour bien analyser ce phénomène, cela nécessite de se replonger dans l’histoire des séries télévisées. Pas seulement par nostalgie mais pour voir les lignes de force, les héritages, les fondamentaux. Ce qui permet de constater que le phénomène remonte bien avant la percée de HBO en 2001 », explique Sébastien Mirc, responsable de la publication.

Pour lancer son mook, Sébastien Mirc a recherché une équipe qui « propose le traitement littéraire recherché et qui soit proche des différentes communautés de séries. Le premier numéro a été confié à Pierre Langlais, journaliste à Télérama, qui a coopté les autres auteurs (universitaires, scénaristes). Pas uniquement des journalistes puisqu’il ne s’agissait pas de faire des chroniques ciblées mais des textes relativement vastes. »

L’idée de Soap, comme de tout mook (contraction entre magazine et book) est qu’on peut toujours retrouver les numéros anciens en librairie plusieurs mois après leur parution. « Il faut pouvoir se détacher de l’actualité traitée par les nombreux sites spécialisés. L’approche est donc plus culturelle: des questions qui amènent des réponses larges que l’on peut traiter sur une dizaine de pages et qui permettent aussi la confrontation entre séries anciennes et actuelles. »

Des homme et des femmes de l’ombre

soap2.jpgPour le numéro 2, Léo Soesanto a pris la relève et constitué une équipe en partie renouvelée.
Après le traitement de la peur (dans le n°2), des super-héros (dans le n°3 à venir), le numéro 4 abordera les filles comiques en remontant jusqu’aux années 60.

« On fixe une thématique, une ligne directrice et pour le reste, on aborde des sujets qui suscitent l’intérêt, poursuit Sébastien Mirc. Il faut que ce soit écrit par des auteurs passionnés et que le rapport à l’actualité ne soit pas trop ténu, afin que cela reste pertinent durant plusieurs mois. Léo Seosanto pilote les deux prochains numéros. »

Dans le numéro 2, la parole a aussi été donnée aux scénaristes, « afin que les fans de séries puissent voir ce qui se trame en coulisses: productions, scénarios, etc. C’est le cas dans ce numéro avec Robin Barataud, un grand scénariste français de séries policières, et avec Judith Louis, ex-responsable de la fiction chez Arte. Des gens qui donnent des clés pour mieux apprécier encore les séries. Pas des comédiens qu’on voit et on entend partout mais des hommes et des femmes de l’ombre. » Des personnes qui réfléchissent sur les séries d’hier et sur celles d’aujourd’hui.

« Le but de Soap est de ne pas se limiter aux séries qui font le buzz ou la tendance du moment, mais de parler des très bonnes séries qu’on peut trouver partout dans le monde… Afin de varier les univers et les points de vue car le phénomène est mondial. Dans tous les pays, il y a des bons auteurs de séries, en Europe aussi. Dans le numéro 2, on s’est penché sur le Québec, dans le numéro 3, on sillonnera l’Irlande. Il faut absolument élargir nos frontières. »

Investir dans l’édition car seuls les écrits restent

soap logo.pngSi l’intention de Soap est forcément louable et utile, l’objectif ne relève-t-il pas de la mission impossible ? « Oui, la rentabilité est quasiment une mission impossible. Il n’y a pas de publicité donc les ventes constituent l’unique recette (16,90€ par numéro). On peut essayer de viser la rentabilité mais pas du tout la profitabilité. » L’idée est d’ailleurs tout autre: se servir de ce mook comme fer de lance pour la future maison d’éditions qui proposera une foule d’ouvrages.

« Grâce à Soap j’ai pu rencontrer des auteurs fantastiques qui ont des idées de bouquins dans leurs tiroirs qui sont en passe de devenir réalité aujourd’hui. Soap propose un rendez-vous régulier qui véhicule l’image éditoriale de notre maison. Nous proposerons ensuite des livres classiques sur l’univers des séries comme je l’ai fait en 2007, avec ma précédente maison d’édition articulée autour du jeu vidéo (Pix’n Love) qui s’est avérée un succès. » Sébastien Mirc espère reproduire le même schéma de production avec une nouvelle maison d’édition qui se consacre à 100% aux séries, à travers l’étude de l’histoire et de la culture.

Cerise sur le gâteau sériephile: en novembre, Soap publiera un numéro qui revient sur les séries d’une année donnée. « Ce sera l’année 1985 avec des séries au sommet comme Magnum, Dallas, Alf… On se penchera sur l’héritage de ces séries, trente ans plus tard, dans la société et dans la production actuelle. »

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Soap, l’envers du décor des séries

Univers exploré. Quel rapport les séries entretiennent-elles avec les faits divers ? Quels souvenirs des scénaristes et cinéastes reconnus entretiennent-ils avec des séries comme Super Jaimie, Urgences, The Twilight Zone ? Comment se portent les séries italiennes et québécoises ? Glee vient de s’achever pourtant la romance entre Broadway et la télé n’est pas près de s’achever. Politique des quotas et personnages prétextes. Les sujets d’étude ne manquent pas pour qui prend la peine de dépasser le simple engouement et de creuser les modes de production ou le contexte culturel d’émergence des séries. C’est ce type de réflexions que l’on trouve dans Soap, 1er mook 100% séries publié en France (www.soap-editions.com)

Styles variés. Les chapitres (articles) y prennent toutes sortes de formes: interviews, portraits, dialogues entre scénaristes, échanges épistolaires et/ ou de mails, carnet de route, confessions de cinéastes et d’auteurs, dossiers de fond… La forme importe peu ou plutôt, si, importe beaucoup pourvu qu’on ait la diversité de tons et l’ivresse des connaissances. On peut donc sauter d’un sujet à l’autre, revenir en arrière, picorer ou, au contraire, s’immerger en profondeur, la diversité des formats encourageant la flânerie plus ou moins consciente.

4 numéros par an. soap cachet.jpegAu final, ce sont 172 pages bourrées de références et d’infos par ceux qui font les séries et ceux qui non seulement les regardent mais les décryptent et les étudient aussi. Le premier numéro est paru en novembre 21014 et le second en avril dernier mais à terme il adoptera un rythme plus ordonné: soit 4 numéros par an (cf. explications ci-dessus).