Sélectionner une page

les témoins 2.jpgUn horizon plombé, barré de lourds nuages et les prémices de grondements orageux. La menace semble palpable, ce matin, au-dessus de cette petite ville du Nord de la France. Pourtant, ce n’est pas du côté de la mer mais bien du cimetière qu’il faut aller la chercher. Trois tombes profanées et vidées et, à l’autre bout de la Côte, trois cadavres exposés dans les pièces soigneusement agencées d’une maison témoin. Les fameuses villas «modèles» auxquelles fait référence le titre de la série: Les Témoins.

Dans la chambre à coucher trône le portrait de Paul Maisonneuve, une ancienne légende de la PJ lilloise, retiré des affaires depuis deux ans. Pourquoi cette mise en scène macabre et quel rapport l’ancien policier entretient-il avec l’auteur de cette sinistre mascarade? Autant de questions auxquelles Sandra Winckler et son collègue vont devoir tenter de répondre. L’enquête, imaginée par le fameux duo français Hervé Hadmar – Marc Herpoux, démarre ce samedi à 20h45 sur La une.

Malgré l’appel de ses anciens collègues, Paul Maisonneuve (Thierry Lhermitte) n’a nullement l’intention de revenir aux affaires. Rendu encore plus cassant par l’accident qui a failli lui coûter la vie et l’a laissé infirme, il a tôt fait de les éconduire sans un mot d’explication. Une seconde profanation avec le même mode opératoire – la recomposition d’une fausse famille idéale – va l’obliger à sortir de son mutisme et de la maison de revalidation où il végète. Afin de rechercher les liens probables entre ces décès qui, jusqu’ici, ne semblaient pas suspects.

Ainsi présentée, l’entrée en matière ne manque pas de piment, mais on n’en attendait pas moins du duo Hervé Hadmar, Marc Herpoux, pères des Oubliées et de Pigalle la nuit, fameuses séries françaises. En revanche, la caractérisation des différents personnages policiers charrie un léger parfum de déjà-vu.

les témoins 1.jpgSandra Winckler (Marie Dompnier) a le parfait profil de la flic obsessionnelle qui camoufle ses névroses sous son extrême efficacité, comme les séries en proposent souvent aujourd’hui.
On songe forcément à l’archétype du genre: la Danoise Sarah Lund (The Killing) et à celles qui ont suivi ses traces à travers le temps et l’espace: Saga Noren, la Suédoise de Bron ou Elise Wassermann, la Française de Tunnel. Un clin d’oeil nordique revendiqué par le réalisateur et scénariste Hervé Hadmar. Quant au partenaire débonnaire de Sandra, il a les traits arrondis et bienveillants du Belge Jan Hammenecker. « Un tandem équilibré et complémentaire » vous dirait leur chef.

De la flic obsessionnelle en passant par le flic taciturne et misanthrope, il y a quelques clichés connus dans ce premier épisode. Dommage. On attendait effectivement beaucoup de cette nouvelle série vu le pedigree de ses auteurs et il faut bien reconnaître qu’on reste un peu sur notre faim. La faute à un démarrage moins mystérieux et moins dense que lors de leurs précédentes collaborations. On aimait assez les atmosphères nébuleuses et les ellipses auxquelles les deux comparses nous avaient habitués.

Mais ce n’est qu’un début, la mise en bouche doit mener vers une sombre histoire de vengeance. On ne demande qu’à y croire. On ne désespère donc pas de voir l’intrigue s’épaissir au fil des cinq prochains chapitres car certains personnages ne manquent pas de potentiel.
KT

nb: Channel 4 a acquis les droits de cette série avant même sa diffusion et la proposera en VO s-t comme elle le fit avec Les revenants. Une grande première pour France 2.