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true detective 9.jpgYoutube, Facebook, twitter, google,… De plus en plus les séries s’échangent, se partagent, se commentent et se recommandent en un clic. Pas un seul réseau social qui soit exclu de cette nouvelle spirale, pas une scène internationale, non plus. Les festivals, lieu d’échanges et de rencontres par excellence sont depuis longtemps partie intégrante du mouvement.

Après Venise et Berlin, Cannes s’est ouvert cette année aussi à l’univers des séries en projetant P’tit Quinquin de Bruno Dumont dans sa section «Un certain regard». Preuve supplémentaire des liens toujours plus étroits entretenus entre séries et cinéma. David Fincher (House of cards), Gus Van Sant (Boss), James Gray (The Red road), Alfonso Cuaron (Believe) et bientôt Guillermo del Toro (The Strain) ou Night Shyamalan (Wayward Pines) : les grands noms du grand écran s’inscrivent désormais sans fausse pudeur sur le petit.

«Voir la série comme un lieu de création et un art» est d’ailleurs le mot d’ordre d’Are you series? festival qui s’installe, pour la deuxième fois, à Bozar du jeudi 29 mai au dimanche 1er juin.

«Ce mot d’ordre se justifie par rapport au lieu du festival (Bozar) mais aussi par rapport à l’équipe qui l’organise qui est celle de Bozar Cinéma, explique Juliette Duret, coordinatrice de l’équipe. burning bush 3.jpgC’est pour cela que nous avons choisi des séries et des rencontres au cours desquelles le lien va, à chaque fois, être réactivé avec des réalisateurs venus du cinéma» que le public connaît souvent pour leurs éclats sur grand écran.
C’est le cas du Belge Michaël Roskam, rendu célèbre par son film «Rundskop» ou d’Agnieszka Holland qui affiche de nombreuses réalisations dans l’univers des séries, dont la récente Burning Bush, très belle série ancrée dans l’histoire tumultueuse de la Tchécoslovaquie (photo).

«La réflexion remonte à plusieurs années déjà. Nous voulions offrir une version bruxelloise du Festival Séries mania, projet qui n’a pas abouti mais nous a conduits à développer un important partenariat avec le festival parisien qui est, à la fois, notre grand-frère et notre parrain. Nous sommes deux centres culturels semblables, nous parlons le même langage.» Celui des «séries de qualité proposées en qualité cinéma».

Regard sur un univers à la frontière des disciplines et des genres (littérature, cinéma) qui mêle narration et thèmes classiques à un style résolument cinématographique. Mais aussi découverte de nouveaux territoires et d’autres sources d’inspiration, parfois nettement plus proches de nous (Europe du Nord ou de l’Est) et d’expériences qui font écho à nos propres préoccupations.

Les festivals sont les lieux où doivent se réveiller la curiosité des spectateurs mais aussi celle des diffuseurs afin de les pousser à explorer d’autres réalités moins formatées. C’est du moins ce qu’espèrent toujours leurs organisateurs. «Outre Frédéric Lavigne, le directeur de Séries mania, nous avons également été bien aidés et guidés par Be TV qui nous a permis d’organiser le marathon de projection de True Detective» (samedi dès 17h), LA série dont tout le monde parle. «Cette année, il y a une moins grande présence flamande, mais c’est avant tout une question de calendrier, poursuit Juliette Duret. La montée en puissance de cette saison 2 (par le nombre de séries proposées) devra de toute façon être confirmée lors des éditions 3 et 4.»

Ottepel 1.jpg«L’année dernière à Séries mania, nous avons présenté une série polonaise «The Deep End» et cette année une série russe «Ottepel» («The thaw», «Le dégel», projetée dimanche 1er juin à 13h30 à Bozar, photo), détaille Frédéric Lavigne. On sent vraiment qu’à l’Est quelque chose est en train d’arriver. C’est le cas aussi avec les séries coréennes ou turques, dont certaines sont diffusées dans le monde entier. Tout en restant méconnues chez nous parce que nous devons encore nous approprier leurs codes assez différents des nôtres.»

Pourtant certains pays franchissent déjà le pas en les adaptant (avec leurs acteurs et réalisateurs nationaux) ou en procédant à un remontages de leurs intrigues au format parfois «king size». Un exemple? «The End», saga turque produite par Eccho rights, déjà vendue dans 35 pays et récemment acquise par Netflix. L’idée peut faire sourire mais elle reflète une réalité ignorée: avec 36% de scores à l’export, les séries turques se placent devant les séries américaines en termes de ventes ! Une position de leader qui donne à réfléchir.

«De plus en plus s’impose l’idée que les Etats-Unis ne sont pas forcément la nation la plus créative. Israël, les pays nordiques et la Grande-Bretagne sont clairement à la pointe en termes d’innovations.» C’est notamment le cas pour les thématiques abordées par la britannique Black Mirror (31/05 à 11h) ou la suédoise Real Humans (diffusée en ce moment sur Arte) qui explorent notre rapport aux nouvelles technologies. Des séries que les festivals permettent souvent de découvrir en avant-première.

Comme toutes les oeuvres de fiction, les séries racontent des histoires mais sont aussi le reflet du pays, de la culture et de l’époque où elles sont produites. «Entrevoir l’avenir prometteur de la télévision… en Belgique et dans le monde» est donc le deuxième mot d’ordre du Festival à Bozar.
KT

Le programme de la 2e édition du Festival Are you series a déjà été présenté ici

Pour rappel, l’intégrale marathon de True Detective sera proposée samedi dès 17h à Bozar et dimanche 1er juin dès 16h sur Be séries.