En ce moment, Los Angeles vit sa « fashion week » sur le front des séries. Une semaine cruciale pour les grands studios car il faut briller de mille feux et frapper les esprits lors de Screenings qui s’adressent aux diffuseurs du monde entier en quête de nouveautés américaines à proposer à leurs téléspectateurs.
Juste avant le grand show, c’était le branle-bas de combat dans les états-majors des chaînes, désireuses de faire de la place dans leurs grilles pour ces nouveautés qu’elles espèrent plus attractives que jamais. Raison pour laquelle les derniers jours ont été émaillés d’annulations* en tous genres. Les chaînes tentant de se montrer sous leur meilleur jour face aux annonceurs.
Impossible de citer ici l’ensemble des «appelés» sachant qu’in fine il n’y aura, comme chaque année, que 30% d’élus, à savoir: 30% de séries lancées en septembre ou à la mi-saison (janvier) qui trouveront leur public et dépasseront le cap, souvent mortel, de la première saison.
Certaines de ces annonces retiennent cependant l’attention, pas seulement en raison de leurs acteurs et /ou réalisateurs – ce qui constitue cependant un précieux indicateur – mais surtout sur la foi de leur scénario et de leurs premières images (teasers), parfois. Des exemples?
Battle Creek (CBS) est un polar tout ce qu’il y a de plus classique, porté par un duo de flics du Michigan. Sauf qu’à la baguette, on retrouve Vince Gilligan, créateur de Breaking Bad, et David Shore, créateur de Dr House. Alors, forcément, cela intrigue. Voir photo du haut avec Dean Winters et Josh Duhamel, au centre du cliché, parmi les « usual suspects ».
A l’opposé, Gracepoint (Fox) en adoptant même l’acteur principal (David Tennant) de la série britannique Broadchurch dont elle est la stricte transposition au pays de l’Oncle Sam, ne risque-t-elle de payer très cher son goût prononcé pour le copier coller ? Ceux qui ont adoré la première version risquent de détester la seconde…
Mais la palme de la nouveauté la plus ringarde revient sans conteste à CBS. Avec son NCIS: New Orleans, elle recycle en effet une mécanique antique en se contentant de changer de ville. Pathétique.
En plongeant au coeur de cette cinquantaine d’annonces en tous genres, on a pu dégager quelques thématiques, sorte d’indicateurs des tendances du moment.
La première de toutes est sans nul doute celle du retour des super-héros, vague déjà très présente sur le grand écran. Vient ensuite celle des femmes conquérantes qui correspond à la fois à la volonté de sortir d’un certain nombre de stéréotypes mais aussi à la proportion élevée de fans de séries qui sont des femmes. Deux tendances que nous explorerons dans une prochaine note.
– Tendance Horreur et zombies: pour surfer sur le succès de The Walking Dead ?
Constantine (NBC): adaptation du comic book homonyme, la série suit un exorciste condamné à se battre contre les forces du mal. On espère que la série, qui pourrait figurer dans la catégorie super-héros, n’oubliera pas la nécessaire touche d’humour.
iZombie (The CW): Rob Thomas (Veronica Mars) adapte un comic book dont l’héroïne est une zombie qui travaille dans une morgue. Elle y est en contact avec les cerveaux de victimes qui lui transmettent leurs souvenirs. Elle peut donc aider la police à résoudre les crimes qui les hantent. Pour un parfum mêlé de Buffy et de Pushing daisies ?
– Tendance Lune: La prestation de Georges Clooney et Sandra Bullock dans « Gravity » a inspiré trois projets
Mission control: produite par Adam McKay et Will Ferrell, cette comédie de David Hornsby se déroule dans les années 1960 et met en scène la confrontation d’une femme de caractère et d’un astronaute macho dans une course pour se rendre sur la lune. Avec Krysten Ritter, Tommy Dewey.
The Astronaut Wives Club joue également la carte historique en se penchant sur la « véritable histoire des premiers astronautes dans les années 60 », et le combat quotidien de leurs femmes et de leurs enfants, catapultés du jour au lendemain sous le feu des projecteurs. Que faisaient-ils pendant que l’homme marchait sur la Lune? Stephanie Savage se pose la question (10 épisodes).
Extant: la série, qui démarre dès cet été, associe Steven Spielberg, en tant que producteur et l’actrice Halle Berry. Cette histoire qui voit une astronaute revenir d’une mission spatiale de 13 mois en solitaire… enceinte, a déjà beaucoup fait parler d’elle. On songe, bien sûr, à la trame de Rosemary’s baby, mais son premier fils étant un humanoïde les clins d’oeil à Real Humans ne sont pas exclus.
Au-delà des thématiques et des histoires, on note la montée en puissance des anthologies, des mini-séries et des séries événementielles. Ce qui prouve la volonté des chaînes de trouver un nouveau mode de narration, plus resserré, plus dynamique et peut-être, une nouvelle économie d’échelle.
On passe de 22 à 13 épisodes**, et même souvent en dessous de 10. Ce qui relance d’autant l’intérêt du téléspectateur.
KT
* Parmi les séries tombées sur le champ de bataille, visibles chez nous, figurent: Hostages, Revolution et Suburgatory.
** Et cela n’a rien à voir avec l’habituelle prudence qui veut qu’on annonce d’abord 13 épisodes tout en prévoyant d’en offrir 22 dès la première saison en cas d’audiences encourageantes.
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