secret state 1.jpgLes thrillers mêlant mondes politique et financier se sont récemment multipliés.
Sans doute est-ce l’époque qui veut cela avec un secteur de la finance toujours plus opaque et soupçonné d’être uniquement mû par l’esprit de lucre.
L’une des illustrations les plus récentes (et les plus en vue) est House of cards où l’on voit à quel point politiques et financiers se donnent la main pour servir leurs intérêts particuliers.

La thématique est particulièrement présente outre-Manche. Pas étonnant car House of cards, à la base, est une série britannique qui date du début des années 90. Où l’on voyait déjà à quel point médias, finance et politique s’avéraient un cocktail explosif.
Vingt ans plus tard, rien n’a changé (ou presque). Les relations entre presse et monde politique restent toujours aussi complexes comme l’ont prouvé State of play ou The hour avant elle. Demeurent cependant quelques idéalistes façon Borgen ou Secret State (photo) qui tentent de garder l’électeur et le jeu démocratique au centre de l’échiquier. Comme le démontre ce thriller britannique de haut vol (en 4 parties) à suivre ce jeudi dès 20h50 sur Arte.

Dans Secret State**, tout commence par une terrible explosion à l’usine Petrofex causant la mort de 19 personnes et blessant sérieusement 94 ouvriers ou habitants de la zone. Une explosion dont on découvre qu’elle aurait pu être évitée moyennant l’application stricte de mesures de sécurité déjà adoptées ailleurs. Mais les dirigeants de Petrofex, un consortium texan, semblent penser qu’il s’agit là des risques inhérents à ce type d’industrie pétrochimique et que la Grande-Bretagne devrait se montrer reconnaissante des emplois conservés malgré des possibilités d’installation nettement plus intéressantes en Pologne.
secret state.jpgDes propos qui heurtent profondément le vice-Premier ministre Tom Dawkins, contrairement à son collègue Charles Flyte, parti rencontrer la direction de PetroFex aux Etats-Unis.
Or voilà que l’avion du Premier ministre disparaît en plein vol, poussant Tom Dawkins (Gabriel Byrne, photo) à entrer, à son tour, au 10 Downing Street.

 

Adaptée du roman A Very British Coup du politicien Chris Mullin (1982), la série a été proposée en novembre 2012 sur Channel 4. Grâce à un casting brillant emmené par Gabriel Byrne (In treatment), l’intrigue nous ferre sans relâcher son étreinte jusqu’à ses ultimes développements.
Pratiquant l’ellipse tout en soignant l’art de la transition, Secret state resserre son propos sur quatre épisodes seulement et on pourra le regretter car certains faits et personnages auraient mérité un plus ample développement. Qu’il s’agisse du passé du Premier ministre, des relations de l’ancien agent du MI5, ou de la jeune analyste rompue aux écoutes téléphoniques.

A force d’efficacité, Ed Fraiman perd un peu en épaisseur humaine. Question de budget sans doute, comme le laisse entrevoir certaines scènes de la deuxième partie du récit. Il n’empêche, les Britanniques démontrent une fois de plus leur maîtrise des intrigues politiques. Balayant les coulisses du pouvoir d’un regard sans pitié, ce thriller souligne la difficulté de rester fidèle à sa ligne de conduite et à ses convictions.
KT