series addicts.jpgCe week-end, Bozar se met donc à l’heure des séries. Conférences, tables rondes et projections de séries australiennes, belges, britanniques et israéliennes sont notamment au pogramme de ce festival entièrement gratuit (programmé du 10 au 12 mai), que nous avons présenté dans une précédente note.

Are you series? offre aussi l’occasion d’aller écouter quelques passionnés et spécialistes du phénomène sériel comme Olivier Joyard, critique cinéma et séries et réalisateur de deux riches documentaires sur l’expansion du genre aux Etats-Unis et dans le reste du monde.
Déjà diffusé sur Be TV et à la RTBF, Series addict*** sera projeté dimanche à 17h30, en présence de son auteur. Petite mise en bouche pour ceux à qui ce film aurait échappé. 

Depuis quelques années, les séries sont devenues un phénomène très important à la fois en termes d’audience et d’un point de vue culturel, avec une démarche proche du cinéma «art et essai» ou du cinéma indépendant. Miroirs du monde contemporain, les séries épousent nos préoccupations, trouvent des résonances dans des faits historiques anciens ou évoquent les craintes de certains face à l’avenir.

cahiers du cinéma.jpgLa sériephilie « est en passe de supplanter la cinéphilie dans la culture contemporaine » note Olivier Joyard. Les accros aux vraies séries – celles qui fleurent bon le feuilleton et proposent des univers charpentés, des psychologies fouillées et des trames dignes des « Mystères de Paris » – se multiplient. Aujourd’hui, nombre d’écrivains reconnaissent d’ailleurs l’influence de la dramaturgie télévisée sur leur travail: personnages étoffés, arches narratives plus complexes, meilleure gestion de la durée. Ce n’est pas un hasard si l’on compare les meilleures séries à des sagas littéraires en plusieurs tomes.

En 2003 déjà, Chris Marker disait: « Il y a là un savoir, un sens du récit, du raccourci, de l’ellipse, une science du cadrage et du montage, une dramaturgie et un jeu des acteurs qui n’ont d’équivalent nulle part ailleurs, et surtout pas à Hollywood. » Cet univers, jadis méprisé par l’intelligentsia, est devenu très « hype ». A l’image de la série Mad Men, qui a un des publics les plus éduqués et les plus aisés qui soit. Etudiées depuis des années aux Etats-Unis, les séries font l’objet de colloques universitaires en France depuis 2002.

Ancien des « Cahiers du cinéma », Olivier Joyard est désormais journaliste aux « Inrockuptibles » et spécialiste du genre. Avec son complice Loïc Prigent, il avait déjà commis « Hollywood, le règne des séries » en 2005.
Dans Series addict***, le spectre étudié est large. Fans, acteurs, journalistes, scénaristes, thésards, doctorants, producteurs : tout le monde passe au confessionnal. Multipliant les rencontres, le journaliste dresse les portraits robots des fans de séries et dévoile les coulisses hollywoodiennes d’une industrie désormais aussi convoitée et respectée que celle du grand écran.

breaking bad.jpgAssistant en exclusivité à une séance d’écriture de « Breaking Bad », Olivier Joyard est aussi parti à la rencontre de multiples personnalités, dont l’acteur Kiefer Sutherland (« 24h »), les créateurs Matthew Weiner (« Mad Men ») et Tim Kring (« Heroes ») ou le scénariste de « Boardwalk Empire », Terence Winter.

La passion pour les séries? Peut-être est-ce encore l’auteur de romans, Bret Easton Ellis, qui en parle le mieux… « Quand on voit ce que nous inflige la vie, être transporté par une série pendant un week-end, c’est paradisiaque. »
KT (publié en novembre 2011)