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Guillaume de Tonquedec, quand il ne joue pas à M. Lepic, affiche dix ans de moins. C’est bien simple, sans son costume trois pièces, sa cravate et sa mallette, on peine à le reconnaître.
FAIS_Pas.JPGQuand il ouvre la bouche, l’image du père coincé s’estompe complètement pour céder la place à un jeune comédien, souriant, bavard, posant un tas de questions alors qu’il est censé y répondre. Où l’on perçoit le tour de force que cela doit représenter pour lui de se glisser dans le costume rigide de M. Lepic, pour la cinquième saison d’affilée.
Mais sans les principes, les tics, les délires et l’inadéquation des Lepic – Fabienne et Renaud face à leurs quatre enfants -­, Fais pas ci, fais pas ça*** perdrait énormément de son caractère corrosif et de son délire communicatif.

En tournage, début avril, sur les hauteurs de Sèvres, près de Paris, la nouvelle saison comptera huit épisodes au cours desquels l’excellente Valérie Bonneton sera un peu moins présente. L’actrice a en effet demandé un peu de marge pour pouvoir s’impliquer dans d’autres projets, mais elle restera bien au cœur de la famille Lepic. D’autant que la 5e saison s’annonce agitée : mariage, promotion, jumelage québécois et échange culturel, débuts dans l’édition : les familles Bouley et Lepic vont connaître chacune leur lot de transformations. Des péripéties mises en images jusque fin août, pour une diffusion qui démarre ce soir à 20h45 sur France 2.

Que pouvez-vous nous dire de la 5e saison ?

Le gros coup de tonnerre de la fin de la saison 4, c’était que nos enfants étaient tombés amoureux. Mon fils a fait une demande en mariage à la fille des Bouley; ma femme est toujours en politique, nous avons donc déjà vécu pas mal de changements, et ce n’est pas fini ! Car Fabienne veut organiser un jumelage avec la ville de Tapakawac au Québec et met sur pied une fête médiévale, transformée en fiançailles pour nos enfants. Mais les choses vont virer à l’aigre entre les deux pères au cours d’un combat en armures qui devait rester fictif. Ensuite, Renaud, qui était très content d’être l’homme du foyer, voit sa femme monter en puissance et il a un peu de mal à le vivre. Les horaires et l’organisation de la maison : tout est chamboulé, c’est un vrai séisme pour lui. Cela change totalement la dynamique familiale, c’était donc très intéressant d’avoir poussé le personnage de Fabienne dans cette direction.

Qui vous a inspiré pour Renaud Lepic ?

Je ne dirais pas que des personnes en particulier m’ont inspiré. Ce ne sont pas mes parents, en tout cas, mais j’ai très certainement piqué des petites choses chez les uns et les autres, pour rendre les choses réalistes. Pour avoir une comédie réussie, il faut partir de choses réelles qui prennent soudain des proportions incroyables, il faut souvent que les comédiens vivent un drame. C’est ce côté décalé qui est drôle à regarder. Avec Renaud Lepic, c’était l’une de premières fois qu’on me proposait de jouer un père de famille – c’est sans doute l’âge qui veut ça – là, ils ne m’ont pas loupé !

Vous avez toujours voulu être comédien…

Oui, c’est vrai. Je sais que je veux être comédien depuis mes dix ans. Je me souviens des soirées familiales passées devant le téléviseur en noir et blanc, autour de très grands films. Ces classiques m’ont marqué, je voulais être dans le petit écran pour raconter des histoires. Mon père donnait des formations dans l’audiovisuel, il m’a utilisé pour faire des photos et des tout petits films, et ça m’a plu. Mais j’étais hyper timide, je n’aurais pas pu passer la porte d’un cours d’art dramatique, je dois donc tout à mon professeur de français de 4e qui a fait venir une prof de théâtre en classe.

Comment vivez-vous le succès de la série ?

Mes trois enfants adorent la série et leurs copains aussi, ils la regardent même lorsqu’on roule en voiture, c’est très bizarre de s’entendre parler à la fois derrière et devant. Ils adorent cela, mais parfois, ils me disent tout de même : « Papa, arrête de faire ton Lepic. » Il y a toujours des moments plus difficiles dans la vie de parents, et les scénaristes les ont bien saisis. Les gens se reconnaissent dans les portraits qu’on leur tend et c’est pour cela qu’ils rient. On essaie tous de faire au « moins mal » – au mieux ? – avec nos enfants, mais, souvent, on se sent démunis.

Vous venez du théâtre au départ…

Oui, j’ai fait le conservatoire de Paris et j’ai joué énormément de pièces. C’est une formation classique imparable, c’est l’école de la discipline, cela m’aide beaucoup sur les tournages. Au départ, je détestais le caractère rigide et le rythme effréné de la télévision. Mais aujourd’hui, j’adore cela : ce carcan, m’inspire. Et puis, quarante ans, c’est le bel âge pour les acteurs, on me l’avait dit et cela se vérifie. On me propose un tas de choses intéressantes. Comme la série est très appréciée par les gens de théâtre et de cinéma, cela change ma vie professionnelle. C’est comme cela qu’on m’a proposé de tourner « Le prénom » car ils ont gardé toute la distribution de la pièce. Et aujourd’hui se profile « Au bonheur des ogres », une adaptation du livre de Daniel Pennac. Je joue un personnage de criminel à l’opposé du bon père de famille Lepic : je suis ravi ! La sortie est prévue début 2013. Et a priori, ensuite, on aura une nouvelle saison (la sixième) de « Fais pas ci, Fais pas ça ».
KT
(propos recueillis en juin lors du Festival de Monte-Carlo)