Sélectionner une page

Découverte sur grand écran dans Notre Dame brûle mais aussi dans “The Voice”, Ava Baya, chanteuse et comédienne s’illustre cet été dans la saga de Netflix, aux côtés d’Isabelle Adjani, Guillaume Gouix et Thibault de Montalembert. Rencontre.

Regard déterminé et corps athlétique, la jeune comédienne Ava Baya dégage à la fois une impression de grande sérénité et de forte énergie, résultats, sans doute, d’une enfance et d’une adolescence très sportives : danse, équitation, natation, gym. Une façon de canaliser son énergie débordante. “Je suis née avec un désir d’adrénaline très fort. C’est ça qui me fait me sentir en vie. Sur scène, devant la caméra, je ressens aussi cette adrénaline et j’en ai besoin. C’est mon moyen de kiffer chaque instant”, nous confie-t-elle.

Son passage des salles de sport au Conservatoire national s’explique par “le besoin de défis. Je suis passée d’une passion à une autre. A chaque fois, mon but, c’est d’y aller à fond. Dans le sport, le dix sur dix existe. Mais dans l’art, il y a quelque chose d’infini. C’est un terrain de jeu incroyable pour aller toujours plus loin dans l’émotion, capter les gens. Et défendre des sujets.”

Isabelle Adjani et Guillaume Gouix représentent le clan Lasserre dans la saga d’été « Soleil noir » sur Netflix.

Un appel quasiment “naturel” pour une jeune femme qui ne se définit pas comme spécialement cinéphile. “Déjà, dans la vie, je jouais pas mal de rôles. Le cinéma, le théâtre permettent de toucher ces expériences-là : rentrer dans d’autres vies, d’autres corps pour mieux les comprendre.” Ava Baya estime ne pas avoir “assez de temps pour vivre tout ce qu’elle voudrait vivre”.

Mademoiselle 100 000 volts

Son métier, elle avoue l’exercer à l’instinct. “Quand il y a un mystère ou que j’ai quelque chose à apprendre par un rôle, ça m’attire.” Ce que traduisent les choix de ses premiers rôles : les films Notre-Dame Brûle et Comme une actrice, mais aussi les séries Ourika et Une amie dévouée.

La jeune femme mène de front une carrière de chanteuse. Si de nombreuses personnes l’ont découverte dans The Voice, pour ses interprétations de La Foule d’Edith Piaf et de La Thune d’Angèle, Ava Baya a depuis dévoilé ses premières compositions avec succès. Et travaille sur un nouveau titre qui sera dévoilé à l’automne. Une activité parallèle qu’elle mène sans trop de difficultés. “Je suis une bosseuse hyperactive. Ça part toujours de la même chose : un besoin de raconter l’injustice, le mal-être qu’on peut avoir adolescente. Et le rapport aux autres ou à soi, le désir de faire collectif, qui est compliqué aujourd’hui. J’essaie de monter des troupes avec mes amis, d’écrire, de faire des projets, parce que c’est la jeunesse, finalement, qui va tenir le monde de demain.”

La jeunesse, une question sensible inscrite au cœur du film Comme une actrice, de Sébastien Bailly, où Ava Baya a pour partenaire Julie Gayet. “Je m’identifiais vachement au rôle, puisque c’est une comédienne qui démarre. Il y a du fantasme autour de ce métier. Je trouve ce scénario beau parce qu’il raconte qu’on ne veut pas vieillir, en tant qu’actrice, qu’on a envie d’être dans d’autres corps. Des fois, on n’aimerait pas être soi. On se fait du mal. Ça me parle énormément. Comme d’incarner un peu la Chloë Moretz de Sils Maria. Peut-être qu’un jour, je serai du côté de Julie Gayet. C’est le cours de la vie. Moi, c’est déjà accepté.”

Un caractère “inéluctable” qui se joue plus pour les actrices que pour les comédiens, elle en est bien consciente. “Quand je vois Catherine Deneuve, par exemple, qui assume complètement qui elle est et ne s’attache pas à l’image de sa jeunesse, ça m’inspire beaucoup.”

Ce rôle lui a permis de flirter avec les côtés plus sombres du métier de comédienne. “On est exposé continuellement. C’est important d’avoir une famille et des amis qui te ramènent sur Terre et te disent : tu n’es pas qu’une image. Tu as le droit d’avoir une complexité, d’autres engagements, dont tu n’es pas obligée de parler. Et tes secrets aussi.”

Mère louve

Fonceuse, Ava Baya est aussi fan de moto, elle a d’ailleurs réalisé ses propres cascades dans le film GTmax d’Olivier Schneider pour Netflix, plateforme qui lui fait confiance, à 28 ans, pour devenir l’héroïne de sa saga d’été : Soleil Noir. Elle y campe Alba, jeune maman solo au passé trouble, engagée comme saisonnière dans une exploitation horticole. Lorsque son patron décède brutalement, la famille découvre qu’Alba figure sur le testament. “Il y a des rebondissements tout le temps, une tension permanente”, prévient-elle.

Chanteuse et comédienne, Ava Baya joue le rôle d’Alba dans la saga d’été « Soleil noir » sur Netflix.

Créée par Nils-Antoine Sambuc (En Thérapie saison 2), la série se passe à Grasse, “dans un cadre très mystérieux avec des personnages qui peuvent se retourner à tout moment.” Ava y est crédible dans son rôle de “mère louve : si tu touches à mon fils, je mords. Cette détermination m’a donné un énorme challenge parce qu’Alba est seule face à une famille d’une autre classe sociale. Mais elle va tout faire pour protéger son fils et son passé douloureux.”

« La première fois que j’ai rencontré Madame Adjani, j’avais évidemment peur« 

L’autre pression provenait du casting prestigieux de la série : Isabelle Adjani, Guillaume Gouix et Thibault de Montalembert. “J’ai essayé d’installer un cadre pour incarner une forte présence face à eux. Je me suis beaucoup préparée”, reconnaît-elle. Un exercice devenu presque ludique face à Isabelle Adjani, alias Béatrice Lasserre, grande propriétaire terrienne, femme volontiers manipulatrice et retorse. “La première fois que j’ai rencontré Madame Adjani, j’avais évidemment peur. Toute la nuit, je me demandais comment ça allait être ? En fait, elle est tellement ouverte, tellement drôle. On gardait cette distance pour que nos personnages puissent vivre leur histoire. Je me souviens d’une situation. On était assises. On ne se regardait pas, mais on se parlait. Du coin de l’œil, on se lançait des regards, je sentais que c’était joué, tout ça. Ça m’a beaucoup plu…”

La suite de l’affrontement entre ces tempéraments de feu est à découvrir ce 9 juillet sur Netflix.

Entretien: Karin Tshidimba, à Monte-Carlo

Soleil Noir** Fleurs, complots et sueur Création Nils-Antoine Sambuc Réalisation Marie Jardillier et Edouard Salier Avec Ava Baya, Isabelle Adjani, Guillaume Gouix et Thibault de Montalembert Sur Netflix (6 x 52′)