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Malgré les retards de production dus à la grève des scénaristes et interprètes, 2024 a été une année foisonnante sur le plan sériel, notamment grâce aux nombreuses créations hors Etats-Unis. Quelles sont les séries dont les récits sont restés gravés dans nos esprits et nos rétines ? Voici une liste à comparer avec vos propres coups de coeur sériels.

1. La Fièvre : Dans sa nouvelle série, Eric Benzékri (Baron Noir) décortique la fabrique des opinions et la mécanique des campagnes de polarisation et de haine organisées par certains polémistes pour doper leur propre popularité. En six épisodes électriques, ce thriller psychologique intense met notamment en lumière les travers des réseaux sociaux et les agissements d’une stand-uppeuse / influenceuse versant dans la politique des extrêmes (droite en l’occurrence) afin de mieux asseoir son pouvoir. On reste frappé par la pertinence et la justesse de cette analyse au cordeau qui permet de mieux appréhender les dérives de notre époque et la façon d’essayer de s’en prémunir. Une intrigue portée par un casting détonant : Nina Meurisse, Ana Girardot, Alassane Diong, Benjamin Biolay,… La saison 2 est en préparation. Be.tv (6 x 52’)

2. La Mesias : ovni absolu et viscéral sur l’enfance saccagée, ce drame familial imaginé par le duo espagnol Javier Ambrossi – Javier Calvo, explore les répercussions et les dangers d’un mysticisme exacerbé. Cette série à la symbolique hallucinée, inspirée de faits réels, a été primée à Series Mania. (7 x 70’)

3. Ripley : dans un noir et blanc ciselé, Steven Zaillian réinvente le personnage de Ripley endossé par le brillant Andrew Scott. Ce récit, porté par une interprétation et une réalisation d’orfèvres, nous entraîne dans son sillage irrémédiablement et confirme la tendance à la revisite de classiques du 7e Art comme dans Mister Spade sur Netflix. (8 x 60’)

4. Lady in the lake : histoire d’une troublante émancipation, la série décrypte une époque qui enfermait les femmes dans des rôles de mères au foyer effacées ou de faire valoir esthétisées. Natalie Portman y apparaît fébrile en narratrice-enquêtrice aux côtés de la troublante Moses Ingram. Apple TV (7 x 52’)

5. Samuel : Emilie Tronche capture les élans d’un gamin de 10 ans, de la joie pure à la mélancolie sans fin. Et façonne une bulle de franchise et d’émotion pleine de tendresse et de justesse qui a déjà séduit plusieurs millions d’adultes et d’enfants sur Arte.tv. (21 x 3’)

6. The Regime : Kate Winslet s’impose en autocrate glaçante et givrée, politicienne hypocondriaque retranchée dans un univers somptueux et oppressant face à un Matthias Schoenarts, insondable et déterminé. Une série imaginée par Will Tracy (The Menu, Succession), réalisée par Stephen Frears (The Queen) et Jessica Hobbs (The Crown). Be tv (6 x 52)

7. Machine : Quelle surprise que cette saga ancrée dans la pensée de Karl Marx et déployée façon manga avec Margot Bancilhon et JoeyStarr. Une création inédite et renversante, signée Fred Grivois et Thomas Bidegain pour Arte. (6 x 52’)

8. Une Amie dévouée : Créée par Fanny Burdino, Samuel Doux, Jean-Baptiste Delafon et Alexandre Kauffmann, cette série est basée sur le livre-enquête de ce dernier, La Mythomane du Bataclan. Elle propose une plongée oppressante dans les coulisses de la tragédie avec une Laure Calamy bluffante face à Arieh Worthalter et Annabelle Lengronne, entre autres. Non pas pour excuser mais pour tenter de cartographier les méandres de la psyché humaine. HBO Max (4 x 52’)

9. Shogun : Portée par Hiroyuki Sanada et Cosmo Jarvis, cette série à grand spectacle (décor, costumes, réalisation) revisite le roman de James Clavell avec un sens certain de l’a propos et de grandes ambitions, malgré certaines libertés prises avec l’Histoire par ses créateurs Rachel Kondo et Justin Marks. Disney (10 x 55’)

10. Rematch : Yan England sonde ce moment-pivot de l’Histoire contemporaine où, en 1997, le champion du monde d’échecs Garry Kasparov (Christian Cooke) a été mis en difficulté par le super-ordinateur d’IBM, Deep Blue, anticipant nos craintes concernant l’intelligence artificielle. Un thriller psychologique et technologique puissant à vivre sur Arte. (6 x 52’)

Reste à voir sur les prochains Golden Globes consacreront, ou non, ces choix… Bonne Année sérielle à tous !

Karin Tshidimba