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Classique des fêtes de fin d’année, Sissi** revient transformée en 2021. Une saga en six épisodes vient bousculer l’image “proprette” de l’Impératrice immortalisée par Romy Schneider. TF1 promet “plus de passion, de modernité et de politique”, dès 21 h 05 ce jeudi. Sa nouvelle interprète, Dominique Devenport, nous en parle.

À la voir si réservée, on imagine que la perspective de reprendre le rôle le plus emblématique de Romy Schneider a dû pas mal secouer la jeune comédienne suisse Dominique Devenport, qui faisait là ses débuts face caméra. « Je ne m’attendais pas à être choisie, reconnaît-elle, mais c’est aussi une question de chance et de type de comédiens recherchés. Surtout quand on veut qu’ils aillent bien ensemble… En même temps, je me sentais connectée à son désir d’être libre et de décider par elle-même, de ne pas suivre les règles… Je savais que si c’était ce qu’ils souhaitaient montrer de la personnalité de Sissi, cela résonnait en moi. Être soi-même, ne pas avoir tout le temps des gens autour de soi qui vous disent quoi dire ou faire, comment se comporter… »

Le nouveau visage de l’impératrice Sissi

« Il y a toujours de la pression lorsqu’on aborde un grand rôle. Mais cette fois, il s’agit d’un personnage historique. Nous n’avons pas essayé de nous inscrire dans la filiation des films de Romy Schneider. Notre volonté est vraiment de montrer un nouveau visage de l’impératrice d’Autriche », insiste l’actrice.

« Notre plus grand challenge était de montrer Franz comme quelqu’un qui pouvait à la fois être très dur mais aussi avec une part de mystère qui intrigue et attire Sissi, souligne son partenaire Jannik Schümann. C’était un des derniers monarques d’Europe, il se battait pour son trône, il avait vraiment beaucoup de pression sur les épaules. J’aime les différentes facettes que l’on montre de lui. »

S’ils connaissaient tous les deux les films signés par Ernst Marischka à la fin des années 1950, ils ne « voulaient pas en faire un matériel de recherche pour leur interprétation ». Ils n’ont pas souhaité les revoir en préparant la série, mais seulement après, préférant se concentrer sur le script tel qu’imaginé par Andreas Gutzeit, Elena Hell et Robert Krause. « Nous avons regardé les films ensemble à notre arrivée sur les lieux de tournage pour nous mettre dans l’esprit de Sissi, mais aussi pour pouvoir mieux nous en détacher. Ce sont des classiques extraordinaires, maintenant à nous de proposer quelque chose de complètement neuf et différent », soulignent les deux jeunes comédiens.

Commencé en avril dernier en Lituanie et en Lettonie, le tournage a été précédé de nombreuses lectures de scénario par Zoom, de leçons d’équitation communes pendant deux mois et d’apprentissage de combats à l’épée pour Jannik Schümann.

Face à ce défi de taille, le duo se dit « heureux d’avoir pu s’épauler mutuellement », ce qui a renforcé leur complicité à l’écran, Un atout indéniable pour la série qui met l’accent sur l’histoire d’amour de ce très jeune couple. « Ce type d’alchimie est difficile à produire, elle existe ou pas, on ne peut pas faire semblant. Les producteurs ont testé plusieurs duos », insiste la jeune actrice.
« Notre chance est que Dominique et moi, nous nous entendons très bien, cela rejaillit sur l’écran. Franz est devenu empereur à l’âge de 18 ans, il n’a pas eu l’occasion de vivre sa vie de jeune adulte. Les dimensions politiques de cette histoire sont bien plus développées que dans les films des années 1950. Pour lui, c’était vraiment un combat de faire de la place à Sissi dans sa vie et de gérer la situation politique du moment. Ce n’est pas une histoire d’amour classique comme on a l’habitude de la montrer. »

La modernité de la série concerne non seulement la thématique politique mais aussi la façon très contemporaine de dépeindre leur relation…

« Oui, tout le monde peut se sentir relié à cette histoire. Sissi était très jeune, ils se sont rencontrés et un sentiment jaillit entre eux, mais ils ne savaient pas encore si c’était vraiment de l’amour. En très peu de temps, ils se sont retrouvés mariés et obligés de faire en sorte que cela fonctionne… Je pense que cette version est plus réaliste et plus honnête. C’est sûrement ce que vivent beaucoup de gens aujourd’hui qui font des rendez-vous via Tinder ou d’autres applications et qui rencontrent les mêmes difficultés. Parce qu’on veut parfois des choses très différentes : de la romance, de la passion, la rencontre parfaite… Souvent, on ressent quelque chose et on doit ensuite se demander ce qui nous rapproche exactement et ce que signifie ‘être et vivre ensemble’. Comment faire en sorte que cela fonctionne ? Bien sûr, c’est particulier quand on est empereur et impératrice, mais le défi, au départ, est le même pour tous. En tout cas, je partage ce sentiment d’insécurité et de questionnement de Sissi car personne n’a la réponse définitive à ces questions », souligne Dominique Devenport.

Amour, passion et transgressions

Des questions sur la relation entre un homme et une femme et sur le rôle de chacun… « Sissi était une sorte de Lady Di du XIXe siècle, une femme émancipée. Elle est la seule à être entrée dans la pièce lorsque l’Empereur parlait avec Napoléon. Elle est différente des autres, c’est ce que Franz aime chez elle. Elle est cette femme solide, avec la tête sur les épaules, sur laquelle il peut compter. Cette série mêle la romance, la sensualité, la violence, la politique. Ce qui fait qu’elle peut toucher des publics très différents », insiste le comédien. « Les décors et les costumes sont fantastiques. Il y a des éléments de contes de fées liés à un temps révolu. J’espère vraiment que ceux qui ont aimé Sissi aimeront la série, et que ceux qui ne la connaissaient pas auront envie de la découvrir. »

Comment faire en sorte que l’amour dure entre deux personnes au caractère bien trempé ? La série offre une vision nettement moins romantique où Sissi n’est plus la « ravissante oie blanche » qui parvient à résister aux injonctions de la cour d’Autriche. « C’est un destin à la Megan Markle ou à la Lady Di », disent certains. La saga suit clairement les traces des séries adulescentes de Netflix et HBO et leur vision plus ou moins sulfureuse d’histoires d’amour pleines de passion et de transgressions. Au risque de totalement réinventer l’Histoire…

Entretiens à Cannes: Karin Tshidimba