C’est la première fois qu’une série non anglophone triomphe aux Etats-Unis. La 76e cérémonie de remise des prix de la télévision a également récompensé Hacks, The Bear et Mon petit renne dimanche soir à Los Angeles
C’était un sacre attendu. La grande fresque Shogun, sur les luttes de pouvoir et machinations politiques dans le Japon féodal du XVIIe siècle, était arrivée en tête de la course aux nominations aux Emmy Awards, mercredi 17 juillet, avec 25 citations. Dans la catégorie série dramatique, elle affrontait notamment la dernière saison de la saga The Crown, sur la famille royale britannique, les aventures du couple d’espions Mr & Mrs Smith et le feuilleton de science-fiction Le Problème à trois corps.
Le triomphe, dimanche soir à Los Angeles, de cette épopée, adaptée du roman de James Clavell, a tout de même de quoi étonner. Habituellement réticent aux fictions sous-titrées (70 % des dialogues s’échangent en japonais), le public américain de la chaîne FX, ainsi que son propriétaire Disney, se sont donc laissé séduire par la musicalité de la langue, mais aussi par la poésie largement mise en valeur dans la série. La saga a également remporté le prix de la meilleure réalisation. Autant de faits notables qui resteront gravés dans les annales de la télévision américaine.
La star de la série, Hiroyuki Sanada, a reçu l’Emmy du meilleur acteur. « C’était un projet de rêve où l’Est rencontre l’Ouest », a salué l’acteur japonais qui prête ses traits à un seigneur fin stratège. Sa partenaire, Anna Sawai, remarquable dans le rôle de la fille d’un samouraï déchu, convertie au catholicisme, a été élue meilleure actrice. « C’était le rôle d’une vie », a-t-elle souligné, très émue.
The Crown n’a pas été totalement éclipsée puisque Elizabeth Debicki a été élue meilleur second rôle féminin grâce à son incarnation de la princesse Diana dans la dernière saison de la saga sur la famille royale britannique.
Faut-il en rire ou pas ?
Côté comédies, malgré ses 23 nominations, un record, la deuxième saison de The Bear, plongée éreintante dans les coulisses d’un restaurant de Chicago, s’est inclinée face à Hacks.
La production HBO explore les coulisses du monde du stand-up en confrontant Jean Smart, ancienne gloire vieillissante, et une jeune humoriste chargée de renouveler sa gamme de blagues, jouée par Hannah Einbinder. Un rôle qui a permis à Jean Smart d’être élue meilleure actrice à l’âge de 73 ans. « C’est une grande leçon d’humilité, vraiment. J’apprécie cela parce que je ne reçois pas assez d’attention, sérieusement », a remercié la comédienne.
Hacks a remporté le titre de meilleure série devant le favori The Bear, dont la présence dans la catégorie comédie reste toujours profondément questionnée, voire même décriée. La tonalité de The Bear n’ayant strictement rien à voir avec les autres concurrents : qu’il s’agisse du grand vainqueur Hacks, mais aussi d’Abbott Elementary, Only Murders in the Building ou Larry et son nombril.
Jeremy Allen White et Ebon Moss-Bachrach, qui incarnent deux amis d’enfance devenus chef et maître d’hôtel, ont toutefois remporté le prix du meilleur acteur et celui du meilleur second rôle masculin pour la deuxième année consécutive. Quant à Liza Colon-Zayas, son rôle de cuisinière bourrue lui a permis d’être sacrée meilleur second rôle féminin.
Dans la catégorie mini-série, la saison 4 de True Detective, portée par Jodie Foster en enquêtrice travaillant non loin du cercle polaire, menait la danse avec 19 nominations. Si Jodie Foster a bien emporté le trophée de meilleure actrice, le titre de meilleure mini-série a été octroyé à Mon petit renne. La série phénomène, produite par Netflix, est présentée comme une « histoire vraie », inspirée des mésaventures de son auteur, l’humoriste écossais Richard Gadd. Il a été élu meilleur acteur et a également reçu le prix du meilleur scénario. Jessica Gunn, qui incarne sa harceleuse à l’écran, a fort logiquement été sacrée meilleur second rôle féminin.
Karin Tshidimba (avec AFP)
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