Pour son ultime volet, la série britannique s’appesantit longuement sur la relation de la Princesse Diana avec Dodi Al Fayed. Au risque de déplaire à son public et de se perdre ? Quatre nouveaux épisodes à découvrir dès ce jeudi sur Netflix.

C’est la saison de tous les dangers pour The Crown, celle qui risque de diviser fans et opposants irrémédiablement. Cette sixième et ultime saison porte sur les années 1997 à 2005 avec de nombreux événements marquants à la clé : la mort de Diana, la rencontre de William et Kate, le mariage de Charles et Camilla, une proximité avec le réel qui ravira ou, au contraire, découragera le public.

Les libertés narratives prises par Peter Morgan ont déjà fait polémique par le passé, mais bien sûr le décès de la reine Elizabeth et l’intronisation de Charles n’ont fait que renforcer la méfiance d’une partie du public qui aurait préféré que la série se « contente » de revisiter le passé de l’emblématique monarque britannique.

L’accident intervenu dans le tunnel passant sous le pont de l’Alma, à Paris, ouvre la saison 6**. Il n’est vu que de très loin, comme annoncé par le créateur Peter Morgan, conscient que tout sensationnalisme ou représentation trop détaillée du drame, aurait rompu le contrat établi avec le public en 2016, au lancement de la série. Mais les prémisses en sont scrutées avec un tel soin que cela pourra heurter certains fans de la série. Trois épisodes sur les quatre proposés en ouverture de saison y sont consacrés.

L’occasion de rappeler l’aura incroyable et l’attention extrême dont faisait l’objet la princesse, divorcée depuis un an du Prince Charles (campé par Dominic West). « Lorsque Diana parle, le monde l’écoute », rappelle le Premier ministre Tony Blair à la Reine, soulignant le désir de la princesse de Galles de garder un rôle officiel au sein de la maison Windsor. Mais la Reine (Imelda Staunton) ne manque pas de lui rappeler qu’on ne peut pas « faire partie à moitié de la famille royale et y garder une place », si on a décidé de la quitter. Un principe qui – même si le dialogue est en partie inventé comme le veut la fiction – s’est bel et bien appliqué au couple formé par Harry et Meghan quelques années plus tard.

La série montre bien à quel point les dessous de la relation de la Princesse Diana (campée par Elizabeth Debicki, toujours aussi juste et mesurée dans le rôle) avec Dodi Al Fayed (interprété par le très nuancé Khalid Abdalla) ont grandement favorisé la bataille d’influence et d’ego que les ex-époux princiers se livraient par médias interposés. Autant de coups de canif dans le portrait de la « Royal family », qui ne vont redorer ni le blason de la princesse disparue, ni celui de l’actuel roi. La présentation de Mohamed Al Fayed (Salim Daw) comme un père avide d’honneur, instrumentalisant la relation de son fils avec Diana ne va certainement pas davantage plaire aux héritiers de l’intéressé.

Le rôle des tabloïds vautours et des paparazzi

L’épisode 2 adopte le point de vue de deux photographes professionnels, Mario Brenna, paparazzi spécialisé dans les photos de célébrités, qui se définit lui-même comme « un chasseur et un tueur » et Duncan Muir, un photographe traditionnel basé en Ecosse. A travers ces deux portraits, la série met en lumière le rôle de vautour joué par la presse people du monde entier. Elle démontre comment la guerre des égo a mené tout droit à la catastrophe et sous-tend encore de nombreuses brouilles et controverses aujourd’hui au sein de la famille royale britannique.

Si on admire la façon créative dont The Crown introduit de nouveaux personnages dans son récit, ainsi que le montage toujours aussi riche de sens et de contrastes, la volonté de son créateur, Peter Morgan, d’accorder autant de place à la relation de Diana et Dodi – décrits comme deux « êtres perdus » (sic) et sous influence – ainsi qu’aux derniers jours de la princesse, pourra sembler aussi nuisible que la convoitise et la rapacité qu’elle dénonce….

Karin Tshidimba

nb: Cette saison 6 comptera dix épisodes en tout, proposés en deux livraisons: 4 épisodes ce 16 novembre et les six derniers le 14 décembre.