La nouvelle création d’Anna Winger (Unorthodox) met en lumière le travail d’un réseau clandestin dirigé par un Juste américain à Marseille en 1940. Un série à voir sur Netflix dès ce vendredi 7 avril
Présentée en grande pompe lors de la soirée de clôture du Festival Séries Mania, Transatlantique, la nouvelle création d’Anna Winger (Unorthodox) pour Netflix se penche sur la trajectoire de deux Américains et leurs alliés qui, en 1940 à Marseille, s’organisent clandestinement pour aider des artistes, écrivains et autres réfugiés, principalement d’origine juive, à fuir l’Europe en guerre.
La mini-série, déclinée en sept épisodes, s’inspire de l’histoire vraie de Varian Fry, Mary Jayne Gold et du Comité américain de secours d’urgence qui ont aidé plus de 2000 réfugiés recherchés par les nazis à fuir la France occupée. Parmi ceux-ci, des artistes et intellectuels réputés : Hannah Arendt, Walter Benjamin, André Breton, Max Ernst, Marc Chagall, Marcel Duchamp, Claude Levi-Strauss, Max Ophüls,…
Le travail d’un réseau mis en place par un Juste américain
La série met en lumière le travail inlassable du journaliste Varian Fry, brillant intellectuel et universitaire américain, pas spécialement taillé pour l’aventure, mais résolu à ne pas laisser la barbarie l’emporter et anéantir quelques-uns des meilleurs représentants du “génie européen”. Grâce aux contacts et au soutien financier de sa compatriote, la riche héritière Mary Jayne Gold, campée avec détermination et enthousiasme par Gillian Jacobs, et à la ruse de quelques résistants de la première heure, Varian Fry parvient à mettre sur pied une filière d’évasion vers l’Espagne ou les États-Unis.
Nettement moins viscérale que la série Unorthodox, qui suivait le parcours d’émancipation d’une jeune juive cherchant à fuir la communauté ultraorthodoxe de Brooklyn, la série met en lumière les différents membres du réseau secret mis en place par Varian Fry pour mener à bien son projet.
Dans le feu de l’action, certains de ces protagonistes sembleront sans doute trop extravagants pour être honnêtes ou réels, mais la trame de la série suit en cela l’inventivité du roman de Julie Orringer sur le Comité américain de secours d’urgence, The Flight Portfolio. Un livre dont Anna Winger et Daniel Hendler s’inspirent librement et qui confessait déjà prendre certaines libertés avec la réalité dans la construction de ses personnages secondaires.
Petites variations autour de la réalité
Diverses intrigues amoureuses émaillent ce récit où la suspicion, la jalousie, la lâcheté, mais aussi l’idéalisme et la passion suscitent une foule de rebondissements. Le côté enlevé de l’intrigue avec portes dérobées, courses-poursuites, prises de risque et identités falsifiées ne doit toutefois pas faire oublier que la réalité sur laquelle cette série repose est, elle, incontestable. Et continue à faire écho aujourd’hui…
La réalisation confiée à Stéphanie Chuat, Véronique Reymond et Mia Meyer, soigne la reconstitution d’un Marseille faussement indolent entre ses plages et ses palaces, à l’été 1940. Portée par une belle distribution internationale – Gillian Jacobs (Love, Community), Cory Michael Smith (Gotham, Olive Kitteridge), Corey Stoll (House of cards), Lucas Englander (Parlement) et Grégory Montel (Dix pour Cent) -, la série, tournée à Marseille et produite par Netflix, devrait permettre à une nouvelle génération de (re)découvrir cette page sombre et en même temps profondément humaniste de l’histoire mondiale.
Karin Tshidimba
★★★ Transatlantique Récit de guerre Création Anna Winger et Daniel Hendler Réalisation Stéphanie Chuat et Véronique Reymond Avec Gillian Jacobs, Cory Michaël Smith, Corey Stoll, Lucas Englander Sur Netflix Dès le 7 avril (7 x 45’)
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