olive kitteridge.jpgComment parler de l’histoire d’Olive Kitteridge***, mini-série en quatre parties sur le destin d’une femme revêche, rigide et cassante, prof dans une petite ville du Maine qui a, en quelque sorte, « assombri » l’existence des siens durant près de trente ans?

Le casting composé de Frances McDormand (photo), Richard Jenkins, Peter Mullan et ensuite John Gallager Jr et Bill Murray, peut être un argument de poids pour mettre en valeur le quotidien de cette petite ville typique de la Côte Est des Etats-Unis. Mais sera-ce suffisant ?

Quels atouts avancer ensuite pour que ceux qui n’ont pas lu le livre signé par Elizabeth Strout aient envie de découvrir l’adaptation qu’en a extrait HBO, proposée ce jeudi sur Be TV ?
La flamme du Prix Pullitzer 2009 devrait en partie éclairer le propos.
Quant à la participation du célèbre studio HBO, elle est un gage de qualité en soi car on sait qu’il choisit ses mini-séries avec soin: Angels in America, Mildred Pierce, The Normal Heart, – parmi d’autres -, sont là pour en attester.

A la production, on retrouve aussi Tom Hanks qui a prouvé à quelques reprises son attachement au développement d’une politique audacieuse sur le petit écran: Band of brothers, Game change, The Pacific… c’était lui déjà.

Pourtant le meilleur argument de cette mini-série, c’est sans aucun doute son histoire, banale, parfois triste ou déprimante, mais toujours attachante qui accompagne le destin de personnages en pleine crise d’identité. Un matériau humain très dense, raison pour laquelle la comédienne Frances McDormand s’est littéralement démenée pour le porter à l’écran.

olive kitteridge 1.jpgDès les premières images du générique  filmé avec grâce par Lisa Cholodenko (mêlant instants volés et paysages figés), on est saisi par cette petite musique mélancolique qui fait tout le sel du récit. Prouvant que l’incroyable alchimie entre Mrs Kitteridge et son mari méritait à coup sûr qu’on la transpose à l’écran. Voilà deux êtres que tout semble opposer, jusqu’à l’éducation de leur fils Christopher – il est souriant et optimiste, elle est renfermée et joue volontiers les oiseaux de mauvais augure – et, pourtant, ils partagent un lien curieusement indéfectible.

La mini-série les suit sur 25 ans de vie commune, une vie toute simple, partagée entre son boulot quotidien de pharmacien et son enseignement très encadrant de professeur de math. Bricolage pour lui, jardinage pour elle, guère plus.

A travers leurs antécédents, leurs liens familiaux ou leurs rencontres avec leurs voisins, c’est pourtant un reflet de l’Amérique profonde qui se dévoile. Ni trop brillant (ce ne sont pas les Keys) ni trop glauque (c’est une petite ville cossue) mais où l’ennui semble tapi dans l’ombre, prêt à s’emparer de vous au moindre signe de distraction.

Au-delà de leurs visions assez opposées de l’existence, c’est le tempérament d’une femme, étrange, franche jusqu’à l’excès, énigmatique et véritablement verrouillée de l’intérieur, qui se révèle en miroir de celui de son époux. Une magnifique prestation de Frances McDormand (Fargo) et de ses acolytes Richard Jenkins (Six feet under) surtout, mais aussi Peter Mullan (The Fear) et Bill Murray.
KT

nb: les 2 premiers volets (sur 4) de cette mini-série sont diffusés ce jeudi à 21h sur Be1