Ces crimes non résolus ont marqué l’histoire belge au fer rouge, révélant la fragilité de notre démocratie. La perte d’innocence du trio de jeunes personnages répondant en écho à celle du public belge de l’époque. A voir sur La Une RTBF et la VRT dès dimanche 22 janvier à 20h50
À quoi songeaient Marc (Tijmen Govaerts) et Franky (Aimé Claeys) lorsqu’ils ont postulé pour entrer à la gendarmerie ? Au prestige de l’uniforme, à la fierté de parader avec les brigades motorisées ? À prolonger une histoire familiale brutalement interrompue ? Sans doute un peu à tout cela. Une aspiration secrète, mêlée au désir de quitter leur petit village de la campagne flamande pour partir à la conquête de Bruxelles. Une voie également empruntée par Vicky (Mona Mina Leon), sœur de Franky et animatrice d’une radio pirate, étudiante en droit à la VUB.
Une fois arrivés à la caserne et au terme de six mois de formation intensive, les deux potes déchantent. Leur hiérarchie est nettement moins inspirante qu’ils ne l’avaient imaginée… Entre le commandant Laurent François, ex-haut gradé de la gendarmerie, que Marc est chargé d’escorter à ses auditions dans une affaire de détournements de fonds et de trafics divers, et le supérieur de Franky, l’adjudant Debels (Titus De Voogdt), ouvertement raciste et membre d’un groupe secret à l’étrange code d’honneur, la réalité est loin de combler leurs espoirs… De son côté, Vicky s’engage de plus en plus dans la vie estudiantine et sur le campus où elle préfère ne pas révéler le métier de son frère et de son meilleur ami.
Une affaire non encore résolue
Créée par Willem Wallyn (De 16), la série 1985*** est dédiée aux victimes des Tueurs de Brabant et à leurs familles “à qui, jusqu’à aujourd’hui, justice n’a pas encore été rendue”, rappelle un message diffusé à l’issue du premier épisode. Willem Wallyn aborde ce trauma national en refusant tout sensationnalisme comme cela avait déjà été le cas dans le film Niet schieten de Stijn Coninx, également consacré à l’histoire de la Bande de Nivelles, comme elle est appelée en Flandre. C’est en suivant le travail long et patient des enquêteurs, au sein de la gendarmerie, que le scénariste entend dévoiler l’épais écheveau de dérapages en cascades et de responsabilités diffuses, au sein des mondes politiques et judiciaires, qui ont mené aux événements tragiques ayant marqué les années 80 en Belgique.
Réalisée par Wouter Bouvijn (The Twelve, Red light), la série soigne ses atmosphères eighties et ses profils humains frappés par un implacable destin. En abordant les faits par le petit bout de la lorgnette – à travers le parcours de ces trois jeunes personnages fictifs -, la série permet de retracer les agissements des véritables protagonistes du drame, entre “ballets roses” et trafics d’armes et de drogue. Elle réveille ainsi la mémoire collective autour de l’une des affaires les plus marquantes de l’histoire du plat pays qui avait provoqué une véritable psychose dans les années 80.
Mieux connues sous la dénomination de “Tueries du Brabant”, elles sont pour la première fois évoquées sous forme de fiction à travers une série documentée et soignée diffusée en parallèle sur la RTBF et la VRT dès ce dimanche 22 janvier.
Au casting de la série, on retrouve des comédiens francophones et néerlandophones tels que Roda Fawaz (Unité 42, Invisible), mais aussi Guillaume Kerbusch et Yoann Blanc (La Trêve),… Aimé Claeys, Mona Mina Leon et Tijmen Govaerts jouent les deux jeunes gendarmes et la jeune étudiante de la VUB plongés, bien malgré eux, en plein cœur de cette terrible affaire. Dans la série, on croise aussi la route de Peter Van den Begin (Pandore, Des Gens bien) et Tom Vermeir (The Twelve) bien connus des sériephiles belges.
Défis contemporains de la fiction belge
Le principe retenu par le scénariste et le réalisateur est que chacun joue dans la langue qui était celle des véritables personnes impliquées dans le dossier à l’époque. Frappant des surfaces commerciales de part et d’autre de la frontière linguistique, qui scinde le Brabant en deux, l’affaire avait mobilisé policiers, gendarmes, responsables politiques et simples citoyens flamands et francophones.
Présentée en compétition au Festival CanneSeries, mais aussi aux festivals de Gand, de Liège et à Bruxelles, la série 1985*** s’impose par ses atouts narratifs et sa pertinence historique. Première série bilingue, produite par les deux grandes chaînes publiques belges, la VRT et la RTBF, elle souligne la volonté de la fiction noir-jaune-rouge de se frotter aux défis et questionnements de son histoire contemporaine. Elle sera proposée en France et à l’international par StudioCanal.
Karin Tshidimba
★★★ 1985 Histoire en questions Création Willem Wallyn Réalisation Wouter Bouvijn Avec Tijmen Govaerts, Aimé Claeys, Roda Fawaz, Mona Mina Leon, Guillaume Kerbusch… Sur La Une RTBF et sur Een (VRT) Dès le 22 janvier (8 x 52’)
Sî on a regardé les 2 premiers épisodes. IMPOSSIBLE de ne pas regarder le reste.
Cela provoque des sentiments de honte et de dégoût. Il fallait oser tourner cette série ; et c’est bien rendu.
Les acteurs sont vraiment bons.
Mi-figue, mi-raisin, cette série… L’atmosphère des années ’80 est fort bien rendue au niveau des décors, des voitures, des costumes, etc…mais adaptée à notre audience actuelle : personne ne fume (pas politiquement correct en 2023) et l’illustration sonore 80’s est très réduite (les droits d’auteur…). Imprégner chaque instant d’une ambiance si lourde, à la limite de la sinistrose (la plupart de l’action à lieu le soir) brosse une image des eighties bien trop sombre, encore accentuée par le rythme (trop) lent de la mise en scène. Dépeindre la (réelle) noirceur du sujet par une esthétique si glauque ne rend pas justice à une époque qui était aussi très fun (heureusement !). Bien que comportant beaucoup de flashbacks, le scénario a le mérite de rendre intelligibles les événements si complexes de 1985 et d’en faire ressentir l’ampleur aux générations actuelles. Le casting belgo-belge est excellent, les acteurs donnant à leur personnage beaucoup de profondeur et une certaine « belgitude » bien à propos. Dommage qu’ils n’incarnent, pour la plupart, que des gendarmes ou leurs proches. Un panel de la société de l’époque aurait été très intéressant à représenter mais sans doute aussi hors budget. Cette série est malgré tout très prenante. Chez le téléspectateurs (dont je suis) ayant vécu les années 80, elle provoque un sentiment de malaise à revivre ces événements nauséabonds. Pour la génération actuelle, cette évocation quoique parfois approximative permet de mesurer l’importance de cette affaire bientôt prescrite mais jamais résolue et qui ébranla la Belgique de l’époque.
Il y a tellement de petits détails qu’il faut regarder la série une deuxième fois.. Trop bien fait ,vraiment une belle réussite avec des très bons acteurs ! Malheureusement c’est criant de vérité et pour ceux qui en veulent encore se replonger dans cette époque , le livre de Guy Bouten « Tueries Du Brabant » vous éclairera encore plus sur cette triste histoire !