Une femme, une mère et une prostituée: à travers ces trois destins, Red Light*** éclaire les combats communs de celles qui trop souvent sont considérées comme des papillons pris dans les néons rouges. Primée à CanneSeries, cette coproduction belgo-néerlandaise est à découvrir sur Be Séries à 20h30.
L’intrigue se déroule entre Anvers et Amsterdam, au cœur des quartiers chauds qualifiés dans le jargon policier et du milieu de Red Light District. À Amsterdam, il s’est longtemps affiché comme un haut lieu de « liberté sexuelle » mais la réalité est bien plus complexe qu’il n’y paraît entre violence, détresse économique et traite des êtres humains. Bien souvent l’oppression se lit dans chaque vitrine, derrière chaque visage féminin éclairé par la lueur des néons rouges.
L’histoire de Red Light suit trois femmes plongées dans des réalités bien distinctes. La chanteuse lyrique Esther Vinkel (Halina Reijn) qui ne parvient pas à avoir d’enfant et est obsédée par cette question de fertilité. Sa vie bascule le jour où son mari disparaît à Anvers.
Évi Vercruyssen (Maaike Neuville) jeune policière anversoise et mère de famille, vit des tensions dans son couple. Sobre depuis quelques mois, elle entame une enquête difficile sur le meurtre d’une jeune prostituée roumaine. Rapidement, Évi croise la route de Sylvia Steenhuyzen (Carice Van Houten) mère maquerelle faussement comblée qui rêve de s’installer en Espagne pour y gérer un club-restaurant avec son boss et mari, l’intransigeant Ingmar.
Femme, mère, prostituée : chacune traverse une crise profonde au cours de laquelle la question des enfants, mais aussi celles du couple et de la féminité sont remises à plat. Dans cette partition complexe et interdépendante brillent trois comédiennes : Carice van Houten (Game of Thrones), Halina Reijn (Instinct) et Maaike Neuville (The Twelve, De dag).
Après le thriller Instinct en 2019, cette première série remarquée souligne de belle façon l’ironie du patronyme choisi par les deux premières, pour leur maison de production, Man Up, dont le but est de mettre en avant « des récits racontés avant tout du point de vue féminin ».
Dans Red Light, on suit le destin de trois femmes confrontées aux questions de liberté, d’intimité et de maternité mais surtout contrariées par les frustrations, les mensonges et les violences masculines directes ou insidieuses. Un écheveau de pressions en tous genres dont il est très compliqué de s’extraire…
« Le sexe, le pouvoir, le contrôle et la rage féminine sont des thèmes que nous voulons traiter avec nos projets » ont expliqué les deux cocréatrices. Pour s’assurer du réalisme de leur entreprise, les créatrices ont « mêlé plusieurs histoires vraies » et rencontré des travailleuses du sexe, des trafiquants, des enquêteurs, des défenseurs des droits humains ainsi que des politiciens.
Une pluie de récompenses
La série belgo-néerlandaise a été récompensée par deux prix en octobre dernier lors de la 3e édition du festival CanneSeries. Les trois actrices principales et le comédien Geert Van Rampelberg ont reçu le « Special Performance Award » (Prix spécial d’interprétation) ainsi que le prix des Lycéens, décerné peu avant.
Réalisée par Wouter Bouvijn et Anke Blondé, Red Light a aussi été élue meilleure série télévisée au Festival du film d’Utrecht. Et Halina Reijn a reçu le prix de la meilleure actrice dans une série télévisée.
Karin Tshidimba
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