La nouvelle création française de Canal+ navigue entre thriller géopolitique, polar ésotérique et science-fiction, tout en réveillant notre fascination pour les mystères insondables de l’espace. Mise sur orbite samedi à 20h30 et jeudi à 21h15 sur Be Séries.
Tout commence au cœur du cosmodrome de Baïkonour. Une nouvelle ère de lanceurs privés s’ouvre, rendant obsolète l’ancienne « gloire soviétique ». À l’heure de superviser son dernier vol habité, la procédure connaît des ratés, empêchant l’arrimage correct du vaisseau cargo à la station spatiale internationale (ISS). Une tempête solaire survient, brouillant les images et entraînant la collision entre cargo et station orbitale. La liaison avec le cosmodrome est rompue et impossible de savoir si l’équipage a survécu. Défaillance technique, erreur humaine ? La question divise les ingénieurs et crée des tensions entre Russes, Américains, Chinois et Français, partenaires de cette ultime mission commune dans l’espace.
L’espace, entre sciences et croyances
Pratiquement au même moment, Isaak Turgun (Daniyar Alshinov), policier kazakh, découvre un corps sans tête recouvert de cire sur le toit d’un bâtiment abandonné. Une « mise en scène » qui semble faire référence à un rituel ancien. Grâce à une micropuce, l’homme assassiné est identifié : il s’agit d’Anthony Kurz, cosmonaute américain.
Mais la vidéo de Kurz (Lex Shrapnel), toujours à bord de la Station spatiale internationale (ISS), lançant un appel à l’aide en direction de sa collègue Anna (Céline Sallette) donne forcément le vertige. Qui croire ? Le corps mutilé retrouvé ou l’image venue de l’espace ?
Entre l’astronaute déboussolée, retirée de l’équipe au dernier moment pour raisons médicales, et le flic désavoué par sa hiérarchie, un pacte se noue qui doit leur permettre de démêler ces mystères. Tout en en pointant un autre plus vaste : quels rêves et quelles stratégies politiques motivent la poursuite de la conquête spatiale ?
Une longue enquête s’amorce, aux frontières de la science et de croyances ancestrales, quête qui bénéficie du charisme indéniable de l’acteur Daniyar Alshinov, à l’interprétation relativement mutique. Face à lui, l’actrice française Céline Sallette, se révèle toujours aussi vibrante lorsqu’il s’agit de se confronter à l’inexpliqué. Une capacité déjà démontrée dans Les Revenants, autre création Canal.
Envoûtante et mystérieuse, mêlant sciences et paranormal, Infiniti***, nouvelle création Canal se joue de notre fascination pour l’espace et des questions ésotériques qu’il suscite. Les scénaristes Stéphane Pannetier et Julien Vanlerenberghe définissent un objet fictionnel non identifié, entre polar nébuleux et quête mystique, dévoilant ses différentes couches de mystères ou d’incohérences supposées tel un mille-feuille destiné à perdre son public autant qu’il le séduit.
Se jouer des particularités d’un territoire méconnu
À projet exceptionnel, décor exceptionnel : Thierry Poiraud (Zone Blanche) tire le meilleur parti du Kazakhstan et de son immensité désertique, peuplée seulement de chevaux et de moutons. Des paysages envoûtants où se propagent le spleen, la méfiance et les espoirs déçus de la société kazakhe au contact de voisins russes jugés méprisants et envahissants. Et où subsiste le souvenir d’essais nucléaires dévastateurs. Une « scène de crime » qui, par sa radicale originalité, parvient à se hisser à la hauteur des mystères de l’espace insondable, rendu extrêmement populaire par l’astronaute français Thomas Pesquet.
Au fil de ses six épisodes où se mêlent le russe, l’anglais, le kazakh et le français, Infiniti*** illustre à quel point la conquête spatiale doit se frayer une voie entre intérêts divergents et luttes d’influence, tout comme elle doit cheminer entre rationalité et spiritualités. Comme au temps de la tour de Babel…
Après Missions et Ovni(s), Infiniti confirme que l’espace est bien l’un des nouveaux horizons des séries françaises. Avec cette nouvelle proposition ambitieuse, Canal+ marie science-fiction et polar, proposant à la fois un thriller et un insondable mystère, un voyage intrigant dans l’espace et la découverte d’un décor envoûtant.
Portée notamment par le comédien belge Laurent Capelluto, la série, produite par Empreinte Digitale et Federation Entertainment Belgique, a été présentée en avant-première lors du Festival CanneSeries, en avril dernier.
Conçue comme une mini-série « avec un début, un milieu et une fin satisfaisante pour le public », suivant la volonté de Canal+, Infiniti ne devrait pas donner lieu à une saison 2, à moins bien sûr qu’elle ne soit imaginée sous forme d’anthologie avec d’autres lieux et d’autres personnages…
Karin Tshidimba
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