16_40_51_212036831_rev2.jpg« Les Revenants », première aventure fantastique du label « Création originale Canal+ » parie sur la poésie et les frissons plutôt que sur le gore. Un univers à découvrir ce soir sur Be1 à 20h55

On croit que l’horreur, c’est la mort. On a tort. Bien sûr, il y a la déchirure, le drame, la douleur et souvent plusieurs vies qui basculent en même temps, ou restent prostrées quelque temps au bord du gouffre. Mais si, soudain, le mort revient à la vie… Comment réagir? Au-delà de la joie inouïe, intense, à couper le souffle, que fait-on ? Comment vit-on ce renversement des choses?
Toutes ces questions sont celles posées par Les Revenants***, la nouvelle série de Canal+, bien plus psychologique et surnaturelle qu’horrifique. Une scène suffit à pointer son ambition, sa singularité et son intensité: celle où Camille et Léna, soeurs jumelles à la toison flamboyante, se retrouvent incrédules après 4 ans de «disparition».
Les revenants interrogent tout cela: le vide, l’absence, la douleur et l’inexpliqué. Cette vie qu’il faut commencer à reconstruire sans savoir, au départ, comment l’expliquer, ou même la justifier aux yeux de tous les autres. Qui voudraient, forcément, savoir: pourquoi elle ?, pourquoi lui ? et, surtout, comment ?

Dans ce petite village de montagne que surplombe un énorme barrage, le retour inexpliqué de plusieurs «revenants» perturbe considérablement la vie de la localité. D’autant que ces morts, souvent douloureuses et parfois même violentes, n’avaient pas totalement cessé de hanter les proches et les familles concernées.
Baignée dans une atmosphère irréelle, soulignée par la musique éthérée du groupe écossais Mogwai, l’intrigue des Revenants semble au départ insaisissable, indéfinissable. Visiblement c’est la marque de fabrique de Fabrice Gobert, dont le film «Simon Werner a disparu» a marqué les esprits cannois en 2010 et lui a valu cette collaboration avec Canal+.

Tout au plus, sait-on que le créateur ne compte nullement entraîner les spectateurs vers des hordes de zombies façon de «The walking dead», ni même vers une intrigue futuriste et quadridimensionnelle à la mode des «4400». Confirmant sa parenté libre avec le film éponyme de Robin Campillo – qui, en 2004, suivait un groupe de «morts» revenus sur terre, – la série en huit épisodes lorgne volontiers vers une ambiance brumeuse et inquiétante à la «Twin Peaks».

Désorientés et amnésiques, les revenants ignorent non seulement qu’ils sont morts, parfois depuis plusieurs années déjà, mais aussi que plus personne ne les attend. Un retour à la réalité forcément difficile à vivre. Pour le village isolé, la situation est d’autant plus compliquée à gérer et à accepter qu’elle s’accompagne de sérieux dérèglements. Autant d’indices d’un bouleversement majeur à venir?
Creusant le caractère étrange de ces retrouvailles entre morts et vivants, la série s’emploie à explorer les «sentiments nés de la perte d’un être cher et l’étrangeté de le retrouver parfaitement inchangé».

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Portée par un casting irréprochable, la série impose sa patte dès les premières minutes et les personnages incarnés par Céline Sallette, Guillaume Gouix, Clothilde Hesme, Grégory Gadebois, Pierre Perrier ou Anne Consigny vous hantent longtemps. Une réussite qui s’explique aussi par le soin apporté à la forme: décors, photographie, éclairage, tous ces éléments qui contribuent à imposer dans le même temps étrangeté et poésie visuelle.
Première incursion de Canal+ dans l’univers fantastique, «Les revenants » semblent en bonne voie pour marquer un tournant majeur de la fiction française, souvent fade ou répétitive, à quelques exceptions près. Pourvu que les derniers épisodes (sur huit) soient à la hauteur de ceux que l’on a déjà pu découvrir.

Petit rappel (note précédente): pour tromper l’attente d’ici ce soir, vous pouvez déjà vous offrir une balade interactive et à 360° dans l’univers (la ville et ses alentours) conçu par Fabrice Gobert. À mi-chemin entre jeu de rôle et web-documentaire, le site dédié de Canal+ http://lesrevenants.canalplus.fr/#!/ permet de se familiariser avec les personnages principaux de la série, ainsi qu’avec les différents lieux qui les a vus revenir à la vie. Extraits vidéos et ambiance sonore garantie. Un voyage saisissant et instructif.
KT