zone blanche 2.jpgUne longue route serpente entre les arbres. Au loin, un homme, un peu perdu, sort de sa voiture, immobilisée sur le bas-côté. A cet endroit précis, les portables ne passent pas, les GPS s’égarent : Villefranche est située en plein cœur d’une « zone blanche » où ricochent les ondes.

Dans cette petite ville nichée au milieu de la forêt, il n’y a pas d’église, juste une gendarmerie et un bar, l’Eldorado, que le voyageur est trop heureux d’atteindre au terme de son périple. Il aurait toutefois tort de s’y croire à l’abri car Villefranche a un taux de criminalité six fois supérieur à la moyenne nationale. Un constat qui a suscité la curiosité du procureur Franck Siriani (Laurent Capelluto, photo ci-dessous).

Au grand dam du Major Laurène Weiss (photo ci-dessus: Suliane Brahim de la Comédie Française), habituée à ne rendre de compte à personne ou presque, il s’est mis en tête de l’aider à élucider sa dernière affaire en date : le meurtre d’une infirmière de retour au pays depuis peu…

Après s’être offert une jolie balade en festivals (Biarritz, Berlin, Luchon) Zone blanche**, quête en mode résolument forestier, démarre ce jeudi à 20h30 sur La Une.

mise à jour (02/04): France 2 entamera la diffusion de Zone blanche le lundi 10 avril à 20h55

Thriller forestier et touche de fantastique

Zone blanche Siriani.jpgUne forêt mystérieuse, des disparitions inquiétantes, un village aux abois depuis l’annonce de la fermeture de la scierie du coin, un maire tout-puissant, porté par une longue histoire familiale, des gendarmes confrontés à des morts brutales et un procureur bien décidé à remettre de l’ordre dans tout cela… Nimbée d’un parfum de western avec une pointe d’humour et d’absurde, Zone blanche** s’inscrit d’emblée dans la veine décidément très fertile du thriller forestier.

Sapins, brouillard et averses : les tropismes de Villefranche sont ceux des cités mystérieuses avec ses corbeaux planant sur la ville, ses maisons dans la brume, sa pluie incessante, ses tensions sociales et ses visages renfrognés peuplant l’unique bar du village.

Le décor est habilement planté ainsi que les notes discordantes devant permettre aux amateurs du genre (fantastique) de trouver leur chemin sur des sentiers très balisés. Pour rompre avec cette mécanique parfaitement huilée, les auteurs emmenés par Mathieu Missoffe ont toutefois veillé à instiller un peu de comédie dans cet univers très noir.

Les indices semés en chemin nous ramènent en effet à des références sérielles connues : Twin Peaks, Les Revenants, Fargo, Jordskott, La Trêve… Impression encore renforcée par la présence de plusieurs comédiens de séries belges au fil des épisodes.

Enquête policière et quête personnelle

zone blanche Cora.jpgA chaque volet son enquête, menée de façon efficace et parfois même au pas de charge pour en revenir très vite à l’obsession des gendarmes de Villefranche : la disparition de Marion, la fille du maire Bertrand Steiner (campé par Samuel Jouy) – comme Laurène Weiss 20 ans auparavant – et les nombreux mystères liés aux 20 000 hectares de forêt alentour. Chaque investigation amène son lot d’indices supplémentaires : troubles de l’écosystème, sigles cabalistiques disséminés en ville, vaste projet foncier secret… Autant de signes qui réveillent les soupçons de Cora, la fille du Major Weiss (photo: Camille Aguilar), la meilleure amie de Marion.

L’originalité de « Zone blanche » est à chercher du côté de ses personnages. Laurent Capelluto est parfait en procureur pointilleux, gaffeur et hyper allergique. Renaud Rutten incarne le bon sens « près de chez vous » tandis qu’Olivier Bonjour assume le rôle du patriarche. Ces trois-là ne sont pourtant que la pointe émergée de l’iceberg belge…

Coproduction franco-belge

zone blanche Nounours.jpgSur les cinq mois de tournage, deux ont eu lieu en Belgique. Les décors de l’hôpital, de la brigade et de la mairie (Nivelles, Bruxelles, Wavre) sont bien belges, tout comme les acteurs qui défilent au fil des investigations menées principalement dans le décor des Vosges : Raphaëlle Bruneau, Thierry Janssen, Sophie Beyer, Thomas Mustin (alias le chanteur Mustii),…

Le mariage transfrontalier a visiblement porté ses fruits puisque de nombreux prix, glanés en festivals, sont venus récompenser le travail de l’équipe franco-belge : meilleure musique originale (Thomas Couzinier et Frédéric Kooshmanian) au Fipa 2017; meilleure photographie (le Belge Christophe Nuyens); meilleure réalisation (Thierry Poiraud et Julien Despaux) et meilleur espoir masculin pour Hubert Delattre (Martial dit Nounours, photo) lors du Festival de Luchon.

Imaginée dès 2012, cette nouvelle série au parfum de thriller prouve l’influence nordique et l’attrait irrésistible de la forêt sur les jeunes scénaristes belges comme français. Les huit épisodes, proposés en avant-première par la RTBF dès ce soir, seront diffusés en avril sur France 2.

KT