Première production bilingue conjointe de la VRT et de la RTBF, la série de Willem Wallyn et Wouter Bouvijn, présentée en compétition sur la Croisette, a impressionné le public de CanneSéries.

A quoi songeaient Marc (Tijmen Govaerts) et Franky (Aimé Claeys) lorsqu’ils ont postulé pour entrer à la gendarmerie ? Au prestige de l’uniforme, à la fierté de parader avec les brigades motorisées ? À prolonger une histoire familiale brutalement interrompue ? Sans doute un peu à tout cela. Une aspiration secrète, mêlée au désir de quitter leur petit village de la campagne flamande pour partir à la conquête de Bruxelles. Une voie également empruntée par Vicky (Mona Mina Leon), sœur de Franky, animatrice d’une radio pirate, inscrite à la VUB.
Mais, une fois arrivés à la caserne et au terme de six mois de formation intensive, les deux potes déchantent. Leur hiérarchie est nettement moins inspirante qu’ils ne l’avaient imaginée… Entre le commandant Laurent François, ex-haut gradé de la gendarmerie, que Marc est chargé d’escorter à ses auditions dans une affaire de détournements de fonds et de trafics divers, et le supérieur de Franky, Debels, ouvertement raciste et membre d’un groupe secret à l’étrange code d’honneur, la réalité est loin de combler leurs espoirs…

Pourtant, lorsque Marc découvre que le major Vernaillen (Peter Van den Begin) a été blessé, il décide de se porter volontaire pour aider à éclaircir cette sombre affaire de rivalités internes qui semble indiquer que la “guerre des services” a franchi un nouveau seuil.

Un long et patient travail d’enquêteurs

Créée par Willem Wallyn (De 16), la série 1985 est dédiée aux victimes des Tueurs de Brabant et à leurs familles “à qui, jusqu’à aujourd’hui, justice n’a pas encore été rendue”, rappelle un message diffusé à l’issue du premier épisode. Willem Wallyn aborde ce trauma national en refusant tout sensationnalisme comme cela avait déjà été le cas dans le film Niet schieten de Stijn Coninx, également consacré à l’histoire de la Bande de Nivelles, comme elle est appelée en Flandre.
C’est en suivant le travail long et patient des enquêteurs, au sein même de la gendarmerie, que le scénariste entend dévoiler l’épais écheveau de dérapages en cascades et de responsabilités diffuses, au sein des mondes politiques et judiciaires, qui ont mené aux événements tragiques ayant marqué les années 80 en Belgique.

Réalisée par Wouter Bouvijn (The Twelve, Red light), la série soigne ses atmosphères eighties et ses profils humains frappés par un implacable destin. En abordant les faits par le petit bout de la lorgnette – à travers le parcours de ces trois jeunes personnages fictifs -, la série permet de retracer les agissements des véritables protagonistes du drame, entre “ballets roses” et trafics d’armes. Réveillant ainsi la mémoire collective autour de l’une des affaires les plus marquantes de l’histoire du plat pays.

Projet commun VRT-RTBF

Présentée en compétition à CanneSeries, la série 1985 s’impose par ses atouts narratifs et par sa pertinence historique. Favorablement accueillie par le public cannois et par la critique française, renouant les fils d’une tragédie qui a marqué l’histoire de tout un pays, cette série bilingue est aussi la première à avoir été produite conjointement par les deux grandes chaînes publiques belges, la VRT et la RTBF. Elle souligne la volonté de la fiction noir-jaune-rouge de se frotter aux défis et aux questionnements de son histoire contemporaine.
Toujours en cours de montage, les huit épisodes seront diffusés en janvier 2023, parallèlement sur la RTBF et la VRT et proposés en France et à l’international par StudioCanal.

Karin Tshidimba, à Cannes