Clément Manuel a l’habitude de porter l’habit de moine. C’était déjà le cas dans la série Ainsi soient-ils diffusée sur Arte et dans la première saison d’Ennemi Public. Loin de son personnage dans Falco ou dans Le tueur du lac, le comédien français, amoureux de la Belgique, y cultive son ambiguité…

« L’ellipse entre la saison 1 et la saison 2 d’Ennemi Public est très intéressante parce qu’elle permet de repartir avec une nouvelle énergie, un nouveau souffle, en se demandant ce qui s’est passé pour chacun des personnages. Pour Frère Lucas, il s’est passé beaucoup de choses. Il revient très différent mais, en même temps, c’est toujours le même. La grosse différence c’est qu’il sait vraiment qui il est à présent. Dans la saison 1, il était dans une imposture. Il affirmait qui il croyait être et mettait en avant l’image du Frère Lucas qu’il pensait que les autres attendaient » explique son interprète, le comédien Clément Manuel.

Quelle est la tonalité de la saison 2 d’Ennemi Public ?

Très tôt, avant même de recevoir les textes, j’ai dit à Matthieu Frances et à Gary Seghers (deux des scénaristes et réalisateurs de la série, NdlR) que si mon personnage allait dans une direction plus intense cela me plaisait car, selon moi, il fallait aller plus loin. J’ai repris le sport, la musculation et j’ai fait un régime. Matthieu m’a répondu : ‘c’est exactement l’idée, ça va être une saison sombre et ce qui va lui arriver sera très très dur’.
Mon personnage va en voir de toutes les couleurs, il y aura quand même un peu de lumière mais la tonalité sera assez sombre. Deux ans d’attente, c’était long et en même temps, c’était un vrai redémarrage : on revient en famille. Il y a donc des choses qui allaient plus vite sur le tournage mais aussi l’excitation de la nouveauté. Une fois qu’on a tous repris nos marques, le tournage est reparti comme sur des roulettes.

Le succès d’Ennemi Public a-t-il changé beaucoup de choses pour vous lorsque vous travaillez en France ?

Cela a compté pour la mini-série Le tueur du Lac. J’ai toujours eu de très bons rapports avec TF1 et Ennemi Public a été une réaffirmation de ce que je savais et pouvais faire. C’est pour cela qu’ils m’ont choisi pour Le tueur du lac. Je sais que les auteurs regardaient la série Ennemi Public (également diffusée sur TF1) pendant qu’ils écrivaient le scénario du Tueur du lac et donc, ça a joué. Après, on ne sait jamais vraiment quel est l’élément déclencheur. Le fait d’avoir été très visible avec cette série durant toute cette période, cela marque forcément.

Vous travaillez en Belgique depuis longtemps, le choix d’apparaître dans une série belge est perçu différemment aujourd’hui ?

Le succès de La Trêve et d’Ennemi Public a permis de faire savoir que les séries belges existaient. Je le ressens surtout au niveau du public. Avant, on me parlait de Falco et d’Ainsi soient-ils mais là, on me dit : Ah, c’est vous l’acteur dans la série belge… L’emploi du singulier prouve que même si on sait qu’il en existe, on ne connaît pas encore bien « les séries belges ». Même s’ils me connaissaient déjà, si j’ai été invité à être membre du jury au Festival Séries Mania en 2017, c’est grâce à la série Ennemi Public qui m’a, une nouvelle fois, mis en avant.

Entretien: Karin Tshidimba