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Fortitude.jpgDifficile à croire lorsque l’hiver impose ses températures négatives et ses vastes champs d’obscurité : l’excès de luminosité peut rendre fou. C’est ce que l’on découvre dans Jour polaire*** lors de l’enquête que l’inspectrice Kahina Zidi mène en Suède au fil de longs jours sans sommeil. Tandis qu’elle se débat sous le soleil de minuit avec une enquête qui semble cibler la population samie – minorité peu visible en Laponie -, l’un de ses confrères se retrouve pris au piège du cercle arctique dans la petite ville de Fortitude**. Où l’on découvre qu’en matière de « froid polaire », nous avons encore beaucoup de « progrès » à faire sous nos latitudes…

Arte lance « Fortitude » thriller nordique mâtiné de fantastique, ce jeudi à 23h05 à l’heure où Be TV reste sous l’emprise de Jour polaire avec Leïla Bekhti. Nous avons cherché à répertorier les repères semés dans la neige…

Une nature inviolée

Fortitude 2.jpgFortitude** dévoile un polar aux allures de western (l’homme face à la nature hostile) qui sacrifie à quelques dérapages fantastiques et horrifiques. Une intrigue dense et parfois nébuleuse comme une tempête de neige d’où émergent quelques beaux personnages.

Un ours polaire menaçant, un blizzard impressionnant et la neige maculée de sang loin des faibles lumières de la ville : la série « Fortitude » rappelle d’abord que l’Arctique n’est pas qu’un site de toute beauté, un décor idéal pour publicité virginale, mais reste un lieu de (sur)vie particulièrement hostile à l’homme. Dans cette cité que l’on jurerait presque imperméable aux soubresauts du monde, la violence fait soudain irruption devant la population médusée, jusqu’ici uniquement confrontée à la menace constituée par les 3000 ours polaires voisins. L’irruption de cette violence est particulièrement perturbante aux yeux d’Hildur Odegard (Sofie Grabol, héroïne de The Killing) car elle rêve de faire de cette destination le point d’attraction d’un nouveau tourisme d’exception, symbole de calme et d’immensité inviolée. Au vu des derniers événements, l’image de la ville la plus septentrionale du monde semble brutalement écornée…

Des contours d’intrigue relativement flous et polymorphes – à la fois enquête policière et thriller psychologique, saupoudré d’une pincée de polar environnemental et de quête scientifique -, une nature hostile, une mort violente, une découverte scientifique étonnante et un environnement en pleine mutation : en quelques minutes, les éléments s’accumulent, en ordre dispersé, face au téléspectateur interloqué. Le puzzle arctique peut commencer.

En 12 épisodes, il convient toutefois de ne pas lâcher les pistes dessinées par les nombreux protagonistes : Christopher Eccleston, Stanley Tucci, Richard Dormer…

Histoire locale, résonances internationales

Jour polaire.jpgDans Jour polaire*** (lancé le 31 décembre sur Be Séries), tout commence aussi par un meurtre sanglant et spectaculaire à l’autre bout de la terre. Comme il s’agit d’un ressortissant français, l’inspectrice Kahina Zadi (Leïla Bekhti) est envoyée dans la petite ville de Kiruna, non loin du cercle polaire, afin de mener l’enquête.

Complètement déphasée à cause du jour sans fin, elle est appelée à découvrir un certain nombre de particularités locales dont celles des Samis à la culture ancestrale (chamans et rites secrets). Une minorité aussi méprisée que les Aborigènes en Australie ou les tribus indiennes aux Etats-Unis. Une histoire locale de méfiance et de rejet aux résonances internationales.

« J’avais adoré les séries Bron et The Killing , j’étais donc enthousiaste à participer à ce projet. C’était formidable d’avoir tous les jours les deux réalisateurs et scénaristes (Mans Marlind et Bjorn Stein, NdlR ) sur le plateau. J’ai vécu une aventure extraordinaire dans ce bout du monde. Kahina s’est fondue en moi. J’ai vu une aurore boréale et comme elle, je ne parvenais pas à dormir et j’ignorais tout des Samis. Humainement, tout cela m’a fait du bien et m’a beaucoup changée, j’ai découvert la force de la solitude », explique Leïla Bekhti, des lueurs plein les yeux.

Quelques jalons figés dans la glace

Des paysages à couper le souffle, une population isolée, deux flics envoyés en renfort, arrivés des antipodes, ignorants des coutumes locales, une série de crimes violents, un compte à rebours angoissant, des phénomènes environnementaux inexpliqués, une cité rongée par la peur : au-delà de ces 7 points de convergence, Jour polaire et Fortitude ne manquent pas de thèmes communs.

1. Le brassage de cultures : L’idée de la collaboration entre Canal+ et les producteurs suédois a entraîné celle des deux enquêteurs de nationalités différentes dans « Jour polaire ». C’est aussi le cas dans « Fortitude » où l’inspecteur britannique venu prêter main forte aux policiers locaux est accueilli avec d’inévitables grincements de dents. Quant aux coutumes locales – qu’il s’agisse de celles de la population de l’Arctique ou des Samis, minorité occultée en Suède et en Laponie -, elles tissent l’écheveau de traditions dans lequel se débattent les hommes et femmes chargés de l’enquête quelle que soit leur origine.

2. La nature perturbée et en sursis : une découverte sous la glace pétrit la communauté de Fortitude d’effroi. Et si un mal mystérieux les menaçait tous ? Qu’arrive-t-il dans une région où la glace prolonge la vie de tout organisme même dangereux, même infectieux ? Quant à la petite ville de Kiruna, elle est balafrée par une faille géologique majeure causée par une activité minière inconsidérée. Où l’homme se révèle une fois encore le meilleur et premier prédateur de l’espèce humaine.

3. La loi des secrets : enfouis sous la glace ou dans les entrailles de la montagne, les secrets visqueux et tenaces qui minent chaque communauté sont peu à peu exhumés pour nous offrir un panorama troublant du genre humain. Ce magma est la première richesse des polars nordiques. Mans Marlind et Bjorn Stein l’avaient déjà brillamment démontré dans leur première série, Bron.

KT

nb: la série Fortitude avait déjà été présentée dans une note précédente, extraits à l’appui.