Disponible dès ce 8 novembre sur Arte.tv, la série, déclinée en trois saisons de 10 épisodes chacune, revisite l’histoire politique et judiciaire récente de l’Italie où surgit l’ombre du Cavaliere.
Milan, février 1992. Luca Pastore (Domenico Diele), jeune policier déterminé, arrive au sein de l’équipe dirigée par le juge Antonio Di Pietro (Antonio Gerardi). Celui-ci vient de lancer une grande opération « Mains Propres » (Manu Pulite, en VO) afin de mettre un terme à la corruption généralisée entre les hommes politiques locaux et les chefs d’entreprise en quête de nouveaux marchés publics. Le procureur de la ville tente de prouver les collusions et autres versements de pots-de-vin, très répandus depuis la fin des années 80. Son premier fait d’armes est l’arrestation de Mario Chiesa, cadre du parti socialiste italien. Le premier d’une longue liste d’hommes politiques et d’entrepreneurs inquiétés pour leurs pratiques illicites. Au fil de l’enquête, Luca croise la route de Bibi Mainaghi (Tea Falco), fille rebelle du puissant homme d’affaires inscrit au coeur du système véreux qui gangrène Milan. Une rencontre qui laissera des traces…
Au même moment, Leonardo Notte (Stefano Accorsi), publicitaire ambitieux, homme plein de ressources, mais sans scrupule, tente de s’intéresser à la classe politique transalpine, à la demande de son patron. Sa maîtresse, Veronica Castelli (Miriam Leone), ne rêve que d’une chose : devenir une star de la télévision, berçant les après-midis dominicaux de tout le pays.
Bien loin des projecteurs, Pietro Bosco (Guido Caprino), militaire tout juste rentré d’Irak, voudrait, quant à lui, enfin trouver sa place dans la société pour regagner une part de fierté et l’admiration de son père. Bosco accepte la proposition de la Ligue du Nord de s’engager en politique afin de siéger au sein du groupe au Parlement italien. Mais ce qu’il va y découvrir ne va pas forcément lui plaire…
Toute ressemblance serait…
Alors que la série belge Pandore effectue son grand retour dans l’arène politique et judiciaire, sous la pression croissante de nouvelles technologies toujours plus intrusives et inquiétantes, une autre série propose de réexplorer les liens obscurs tissés entre les milieux politique, judiciaire et économique dans l’histoire récente de l’Italie. Mais son trio de créateurs précise d’emblée que « tous les événements de cette œuvre sont fictifs, même s’ils se situent dans un contexte réel ». Si les personnages de la série sont donc factices, les faits qu’elle évoque sont bien réels. « La réalité est têtue et ne ment pas », précise le dicton. Ainsi, au-delà des scandales judiciaires à répétition qui ont secoué la Botte, on ne tarde pas à y distinguer l’ombre envahissante d’un certain Silvio Berlusconi…
Créée par Alessandro Fabbri, Ludovica Rampoldi (Le Traître) et Stefano Sardo et réalisée par Giuseppe Gagliardi (Squadra Criminale), la série, développée sous forme de trilogie, s’est focalisée sur les années 1992, 1993 et 1994, particulièrement animées en Italie. Dénonciation de la classe politique corrompue, remous économiques, affaire du sang contaminé, influence croissante de la télévision, et polarisation des partis en place : chaque saison, déclinée en 10 épisodes, permet une immersion en profondeur dans les années nonante de la Péninsule. Un pays en crise, secoué par les scandales à répétition, vu à travers le triple prisme de la « res publica », de la justice et des médias. Les trois saisons, très suivies en Italie, y ont été diffusées, respectivement, en 2015, 2017 et 2019.
Si le propos est forcément éclairant, la volonté de suivre plusieurs destins de front rend parfois la série plus dispersée, moins dense et pourra donner l’impression qu’elle dilue trop son propos. Mais cette diversité fait aussi toute sa richesse et son réalisme, reflet d’une époque où chacun – politique, policier, journaliste, présentatrice, entrepreneur – tentait sa chance et essayait de tirer son épingle du jeu au mieux.
Karin Tshidimba
Commentaires récents