Au sujet d’Hatufim***, il est coutume de dire que c’est la série israélienne qui a inspiré Homeland.
C’est en effet en découvrant ce drame sur des soldats israéliens libérés après 17 années de captivité au Liban, qu’Alex Gansa et Howard Gordon ont eu l’idée de leur soldat américain possiblement «retourné» et devenu dès lors ennemi potentiel de sa propre nation.
En évoquant la série israélienne, on préfèrera toutefois le terme de « modèle » car, oui, Hatufim est bien l’idéal vers lequel tend Homeland et auquel Gansa et Gordon seraient parvenus s’ils avaient laissé de côté les actions abracadabrantes et les intrigues sentimentales complexes et souvent bancales réunies dans les dernières saisons de Homeland.
Pour s’en convaincre, il suffit de suivre la saison 2 proposée dès ce jeudi à 22h50 sur Arte.
Dans Hatufim, âpre thriller psychologique, rien de tout cela. Et si une place de choix est réservée à l’affect, c’est pour mieux analyser l’impact sur la cellule familiale du retour des prisonniers de guerre. Lorsqu’au terme de 17 années de privation et de captivité, deux soldats israéliens tentent de renouer avec leurs proches.
Si la saison 1 (10 épisodes) suivait leur vaines tentatives pour reprendre pied dans la vie normale, malgré les souvenirs des tortures et des humiliations qui les hantent. La saison 2 (14 épisodes), également riche en flashbacks, s’attache à une double intrigue. Celle qui est au centre d’Homeland, justement. A savoir puisque le troisième prisonnier (Amiel), supposé mort, ne l’est peut-être pas et vivrait aujourd’hui en Syrie sous le patronyme de Youssef, cela signifie-t-il qu’il est devenu un traître à sa patrie? Et quel est le rôle joué par les services secrets israéliens dans cette sombre et douloureuse affaire?
Hatufim, c’est une réalité au plus près du réel: glaçante, angoissante, dérangeante.
Torture, manipulations, mensonges, complots, exactions: rien ne nous est épargné. Jusqu’au descriptif précis du lent processus mental qui fait qu’un otage s’identifie à son geôlier au point de finir par épouser le mode de pensée de son ravisseur.
Haletant, troublant et profondément touchant, ce drame a le mérite d’éclairer les différents stades de la guerre psychologique que mènent nombre de nations voisines, souvent étroitement liées et pourtant ennemies.
Ce drame met aussi le doigt sur une plaie bien vivace, qui concerne 1500 (ex-)prisonniers de guerre, aujourd’hui encore en Israël. Un problème aigu, enfoui sous de nombreux tabous. Ainsi Gideon Raff, son concepteur, a-t-il réussi la gageure d’imaginer un thriller intimiste à l’ampleur nationale.
KT
Et le trailer ? Il était déjà dispo ici
Commentaires récents