Reconnaissons-le, on avait quelques a priori. Difficile, en effet, de voir arriver cette version américaine et moderne de Sherlock Holmes, vu l’incroyable travail réalisé par le trio Steven Moffat, Benedict Cumberbatch et Martin Freeman depuis 2010.
Vif et bondissant, accro aux patchs de nicotine, aux SMS et aux smartphones, le Sherlock britannique du troisième millénaire avait raflé la mise en quelques secondes à peine, confirmant au fil de six épisodes, à la fois sinueux et limpides, tout le bien que l’on pensait de lui.
Un tel succès – critique et public – ne pouvait bien sûr laisser longtemps l’Oncle Sam indifférent. D’où la décision de Robert Doherty de proposer sa version modernisée du mythe. Une déclaration d’intention qui n’avait pas manqué de faire grincer les dents de Steven Moffat, soulignant cette «étonnante coïncidence» de thématique et de traitement…
Dans Elementary**, Holmes est donc un citoyen bien ancré dans son époque, tellement bien qu’il sort en fait de cure de désintox et doit être suivi par un «compagnon de sevrage», en la personne du Dr Joan Watson, ex-chirurgienne de talent. La rencontre des deux êtres – l’un, volubile, sûr de lui, excentrique et tatoué et l’autre, pratiquant la discrétion comme une seconde religion – ne manque pas de piment. Loin de son Londres natal, Sherlock Holmes, a en effet décidé de reprendre son boulot de consultant auprès de la police de New York; n’acceptant de traîner Watson dans son sillage que parce qu’il y est contraint et forcé.
La fascination de l’une et la curiosité de l’autre fondent désormais leurs liens de cohabitation au fil d’enquêtes qui génèrent leur lot de surprises et de découvertes. Moins que dans la version anglaise, si on s’en tient à ce premier épisode, mais de nombreux autres sont encore à venir et le lancement est de bon augure. Même si l’enquête semble primer sur le développement des relations entre les différents personnages… Mais, à nouveau, si on ne connaît pas la série de Moffat, on ne pourra regretter le côté geek, poétique et délicieusement cinglé qu’il lui a imprimée.
Cette nouvelle version perd-elle donc forcément au jeu de toutes les comparaisons?
Non, car le nouveau duo fonctionne bien et la touche d’originalité vient autant de la prestation de Lucy Liu (vue dans “Ally McBeal » et « Southland ») que de celle de Johnny Lee Miller (« Dark shadows », « Eli Stone »). Logique, parmi les nombreuses adaptations du mythe de Sherlock Holmes, c’est l’une des rares combinaisons qui n’avait pas encore été tentée: faire de Watson, une femme !
Avec son petit air énigmatique, mariant à la fois le doute et l’ironie, Joan Watson offre un joli contrepoint à l’arrogance et à la suffisance d’Holmes. Moins facile, en revanche, pour Johnny Lee Miller de rivaliser avec la brillante re-création de Benedict Cumberbatch. Mais si on accepte d’oublier cette version 3.0, Miller se révèle à la hauteur de la tâche, avec un joli flegme et phrasé.
Les téléspectateurs américains se sont d’ailleurs visiblement montrés intéressés par cette transposition du héros de Doyle au 21e siècle: ils étaient près de 13,3 millions au rendez-vous fixé par CBS à 22 heures.
KT
Elementary.Policier de Robert Doherty, avec Johnny Lee Miller, Lucy Liu et Aidan Quinn. Diffuseur: CBS. 13 épisodes en cours de production. Début: 27 septembre 2012
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